Illustration ©Marc Le Chelard / AFP
Ce lundi 19 mars, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a adopté la délibération fixant la date du référendum d’autodétermination au 4 novembre 2018.
38 membres du Congrès ont voté pour (UC-FLNKS, UNI, Calédonie Ensemble), 14 contre (Rassemblement-LR, Les Républicains calédoniens et MPC) et 2 se sont abstenus. Le Congrès a également adopté l’exposé des motifs, rédigé par le groupe « Chemin de l’avenir » ou « G10 », qui a conduit au choix de cette date, lequel exposé fut contesté par une partie de la droite calédonienne, notamment Le Rassemblement-LR et Les Républicains calédoniens. « C’est la première fois que le droit à l’autodétermination va s’exercer dans notre pays », a déclaré Philippe Gomès, député UDI et membre du parti loyaliste Calédonie Ensemble.
La droite non-indépendantiste divisée
Les élus Les Républicains calédoniens, Rassemblement-LR et MPC auraient souhaité une délibération (un texte) plus administrative, sans rappel historique. « Le texte qui accompagne la délibération ne fait aucune place à la fierté d’être français. Il est tourné vers le passé et est repentant », a déclaré Sonia Backès, chef du groupe des Républicains Calédoniens. Fortement inspiré du préambule de l’Accord de Nouméa (1998), l’exposé des motifs rappelle que « la colonisation portait en elle la négation de l’identité kanak » mais également que la Nouvelle-Calédonie « s’est engagée dans un processus négocié » pour « tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble les pages de paix, de solidarité et de prospérité ». « La légitimité » et « la contribution majeure » des autres communautés sont en outre mentionnées.
« On ne peut pas fixer la date d’un référendum sans mettre en place son contexte politique. C’est un rendez-vous historique. C’est pour ça que nous étions opposés à une délibération purement administrative », a estimé de son côté Jacques Lallié, élu UC-FLNKS, qui a voté pour le texte. « Ce n’est pas très glorieux. C’est quand même triste qu’on en soit encore rendu à ce niveau de discussion », a regretté Louis Mapou, chef du groupe UNI (Union nationale pour l’indépendance), au terme de près de quatre heures d’échange dans l’enceinte du Congrès. « Nous avons subi la colonisation et ce qu’elle a induit jusqu’aux années 1980. Attention de ne pas revisiter l’Histoire », a-t-il mis en garde. L’élu indépendantiste a dénoncé une « guerre » des mémoires et regrette les divisions « dans la mouvance loyaliste ».
Le député UDI Philippe Gomès a également rappelé que « la population kanak était passée de 55.000 à 27.000″ individus, entre 1853, date de la prise de possession par la France, et le début des années 1920, en raison notamment des épidémies, des conflits et du traumatisme de la colonisation.
Liste onusienne des territoires à décoloniser
« La Nouvelle-Calédonie restera sur la liste des pays à décoloniser tant que nous n’aurons pas trouvé ensemble un moyen définitif de mettre un terme à la colonisation par un des quatre moyens prévus » par l’Organisation des Nations Unies, qui définit quatre sorties possibles : l’intégration au sein de la République, l’Etat associé, l’Etat souverain ou un Statut politique négocié. Cette dernière option suscite l’intérêt particulier du parti Calédonie Ensemble. Néanmoins, la question qui sera posée aux électeurs calédoniens le 4 novembre prochain, et qui reste encore à définir, ne devrait pas permettre de répondre à l’une de ces quatre options possibles. La question devrait être fixée le 27 mars, date du 17ème Comité des Signataires de l’Accord de Nouméa, qui se tiendra à Matignon avec le Premier ministre.