Philippe Gomes, Député (UDI – Calédonie Ensemble) de la Nouvelle-Calédonie ©Archives / Outremers360
Ce lundi matin à Nouméa, lors d’une conférence de presse organisée dans les locaux du parti loyaliste Calédonie Ensemble (CE), Philippe Gomès, député de Nouvelle-Calédonie, commentait le départ de la plateforme loyaliste du sénateur Pierre Frogier, Thierry Santa et Gil Brial pour le Rassemblement et le MPC, qu’il compare à Louis Kotra Uregei, du parti Travailliste (indépendantiste). A l’approche du référendum d’autodétermination du 4 novembre, les tensions entre les partis loyalistes s’enveniment. Un sujet de notre partenaire la Dépêche de Nouvelle-Calédonie avec l’Agence Presse Pacifique.
Le crédo de la formation politique de Philippe Gomès ? « Non à une opposition frontale et haineuse entre Calédoniens. Oui à une consultation démocratique respectueuse des convictions de chacun… ». Face à une « radicalisation » présumées des propos et des actes d’une aile loyaliste dure, le chef de file de Calédonie Ensemble présentait ce matin « sa » vision de l’éclatement de la plateforme loyaliste. « Notre mouvement a une quille et un cap. Nous ne sommes pas, contrairement à d’autres, comme une noix de coco qui avance en fonction du vent et des vagues ». Le Rassemblement-MPC et le Parti travailliste ? « Les deux faces d’une même pièce. Pierre Frogier, Thierry Santa, Gil Brial ont décidé de renier la parole qu’ils avaient donnée aux Calédoniens le 15 juin 2017. Nous, nous voulons toujours que cette consultation soit une « opportunité vers le vivre ensemble », alors que désormais ceux qui ont quitté la plateforme veulent la transformer en « sanction ». Nous, nous voulons toujours éviter des « surenchères », des « tensions » et des « violences ». Alors que ceux qui ont quitté la plateforme font volontairement peser un risque sur la « paix civile ». Ils sont désormais le pendant de Louis Kotra Uregei du Parti travailliste ».
Frogier, Santa, Brial ? « Le bal des menteurs. Aucune discussion politique, et a fortiori aucune négociation, sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie n’a lieu au sein du groupe de dialogue. Affirmer le contraire, comme viennent de le faire Frogier, Santa et Brial constitue un mensonge grossier ». Et Philippe Gomès, visiblement très en forme, de poursuivre suite à une question de la presse : « Ce n’est pas Brial ni Santa ni Frogier qui vont décider si le « non » au référendum sera massif ou non. Et vu leur représentativité électorale, je ne pense pas qu’ils aient vraiment un levier pour obtenir un « non » massif. C’est le peuple calédonien qui décidera l’ampleur du « Non ». Nous, on l’a écrit depuis trois ans, je le redis le cas échéant, le « non » sera entre 60 et 70 %. Il ne faut pas être grand clerc pour affirmer ce chiffre-là, il faut juste regarder le résultat des élections provinciales de 1999, 2004, 2009, 2014. Dans toutes les élections provinciales de ces vingt dernières années, les listes non-indépendantistes font 60 % des voix et les listes indépendantistes 40 % des voix ».
De là à accuser Calédonie Ensemble de faire une campagne « soft » pour le référendum ?
« Si la question c’est, faut-il cracher sur les indépendantistes ? Alors non, on ne va pas leur cracher dessus. Si la question c’est, faut-il être haineux vis-à-vis de ceux qui n’ont pas nos convictions, non, on ne va pas être haineux. Nous on considère que l’on soit indépendantiste ou non-indépendantiste, que l’on est Calédonien. Que l’on soit kanak ou non kanak, que l’on soit d’origine européenne ou d’origine asiatique, d’origine polynésienne, wallisienne, futunienne, on est Calédonien, et qu’on peut s’opposer entre Calédoniens avec convictions, sans pour autant s’affronter. Si on veut aller vers ce référendum et maintenir la paix dans notre pays, il faut que nos convictions s’opposent et que, pour autant, ça ne dégénère pas en affrontement haineux. Ce qui mettent de l’huile sur le feu d’un côté comme de l’autre, au total, auront la responsabilité le cas échéant au lendemain d’un affrontement haineux des désordres qui résulteront de cet affrontement. Nous, on n’est pas dans cette logique-là, on est dans une logique de paix et de vivre-ensemble ».
Quant au résultat de référendum : « Ce sera 60 à 70 % de non à l’indépendance. 60 % c’est le résultat des élections provinciales de ces 20 dernières années. Et pourquoi on dit 70 % ? Parce que, entre être indépendantiste qui est une chose, on peut mettre un peu de nuances dans les raisonnements sans automatiquement les faire à la hache si possible, et considérer que son pays est susceptible de devenir un état indépendant en est une autre ! Et donc une part du vote indépendantiste ne se retrouvera pas dans un « oui » à l’indépendance. Un certain nombre de personnes qui sont indépendantistes considèrent que leur pays ne peut pas devenir un état indépendant. (…) Soit ils iront voter non à l’indépendance, soit ils resteront à la maison de façon à ne pas renier une partie de leur parcours.
Donc le « non » à l’indépendance sera massif, mécaniquement, indépendamment des slogans, puisqu’il sera entre 60 et 70 %. C’est effectivement un « non » extrêmement important contre l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Nous, on n’est ni pour un petit « non » ni pour un gros « non ». On est pour un « non » à l’indépendance dans le respect des convictions de ceux qui ne sont pas d’accord avec nous. C’est notre ADN. On ne va pas en changer parce que la radicalité pourrait porter des fruits. On a une responsabilité à l’égard du pays, on est la première formation politique de Nouvelle-Calédonie devant toutes les autres formations indépendantistes et non-indépendantistes, on ne s’agite pas dans une cabine téléphonique, on a trois parlementaires sur quatre, on dirige les collectivités, on est représenté à Belep, à l’Île des Pins, à Lifou… On se bat avec un cure-dent dans les quartiers Sud… On a d’autres responsabilités par rapport aux autres ».