Alors que l’ensemble des chefs de partis, indépendantistes et non-indépendantistes, s’étaient mis d’accord sur une date pour le référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, à l’occasion d’une réunion du « G10 », Le Rassemblement-LR et Les Républicains calédoniens, deux partis de la droite non-indépendantiste, ont dénoncé « le rendu public » d’un texte « qui rappelle le passé et le chemin parcouru », bien qu’il n’ait pas encore été signé par l’ensemble des partis calédoniens.
« Il est (…) incompréhensible, que le député de la seconde circonscription (Philippe Gomès, Calédonie Ensemble, ndlr) ait rendu cette délibération publique sur son profil Facebook, alors qu’elle n’est pas signée à ce stade et que chacun des membres du G10 a validé une charte de confidentialité, visant à ne pas divulguer les documents de travail non aboutis », s’est insurgé Le Rassemblement-LR dans un communiqué. Le parti de droite dénonce également certaines parties de cette délibération, concernant notamment le passé colonial en Nouvelle-Calédonie : « La colonisation portait en elle la négation du peuple kanak », « Choc de civilisation ne laissa pas indemne le peuple kanak » ou encore, « la Nouvelle-Calédonie restera inscrite sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU, le droit à l’autodétermination continuant à s’exercer ».
La publication Facebook ayant semée la discorde au sein de la droite calédonienne:
« De quel droit peut-on affirmer cette permanence du droit à l’autodétermination quel que soit le résultat du vote et s’ingérer ainsi dans une décision de l’ONU ? » s’interroge le parti. Le Rassemblement-LR dénonce une « vision négative et passéiste de cet exposé des motifs ». « Cette auto-flagellation, au lieu de projeter les Calédoniens vers une consultation qu’ils doivent surmonter solidairement ensemble, est uniquement à charge contre la colonisation et n’exprime pas la part de lumière de celle-ci, allant jusqu’à indiquer qu’elle aurait pu être à l’origine de la disparition des kanak ». « Par ailleurs, cet exposé des motifs est en complet décalage avec l’objet même de la délibération qui vise uniquement à fixer une date pour la consultation », poursuit le parti.
Thierry Santa et Sonia Backès quittent le G10
« Thierry Santa, notre représentant au sein du G10 (et Président du Congrès calédonien, ndlr) a clairement affirmé sa volonté de consulter le mouvement auquel il appartient avant toute décision. Un conseil politique était d’ailleurs dédié ce soir à l’examen du texte. Le fonctionnement du Rassemblement conduit à ce qu’une expression libre permette d’aboutir à des décisions collectives et non individuelles », indique Le Rassemblement. Thierry Santa a annoncé son départ du « G10 » ou groupe « Chemin de l’Avenir », qui rassemble tous les chefs de partis indépendantistes et non-indépendantistes. Sonia Backès, Cheffe des Républicains calédoniens, a également annoncé son départ du G10 : « Philippe Gomes, en publiant le texte sur les réseaux sociaux et en sous entendant qu’il recueillait l’accord de tous a fait le choix de rompre le dialogue instauré en G10 ». Elle demande néanmoins « que le dialogue continue avec les indépendantistes dans le respect des convictions de chacun, sans qu’un camp impose ses volontés avec l’aide de ceux qui trahissent leur propre camp ».
Sur son site internet, le parti Calédonie Ensemble de Philippe Gomès, assure que le texte en question a été « approuvé formellement par tous les membres du « G10 » », dont Thierry Santa et Sonia Backès. « Thierry Santa et Sonia Backès ont été désavoués par leurs formations politiques respectives, et que pour habiller cette récusation, ils ont pris prétexte que ce texte avait été rendu public », affirme Calédonie Ensemble. Concernant les phrases sur la colonisation, qui ont suscité la colère du Rassemblement-LR, Calédonie Ensemble rappelle que « ces phrases de l’exposé des motifs sont directement extraites du préambule de l’Accord de Nouméa, négocié et signé par Pierre Frogier (pour le Rassemblement) et par Harold Martin (pour le groupe Martin-Backès) et ont été validées au terme de la journée -après une longue discussion- par tous les participants ». Calédonie Ensemble dénonce « un acte d’irresponsabilité dicté par une seule ambition : préparer les élections provinciales de 2019 en spéculant sur les troubles à l’ordre public qui résulteront d’un référendum d’opposition frontale ».
Quitter le G10 : « une erreur politique »
De son côté, Gaël Yanno, chef du Mouvement populaire calédonien (MPC, autre parti de la droite non-indépendantiste) admet qu’ « en l’état, le texte issu des travaux du G10 de dimanche dernier ne peut être accepté car il est profondément déséquilibré et diverge avec les valeurs défendues » par son parti. « Quitter le G10 à 8 mois du référendum est une erreur politique », regrette-t-il toutefois. « Quelles que soient les divergences exprimées dans les discussions au sein de ce groupe, c’est aujourd’hui la seule structure qui permet un dialogue, parfois vif et tendu mais indispensable, entre les chefs des loyalistes et les chefs des indépendantistes ». « Les oppositions affichées aujourd’hui publiquement par certains loyalistes sont tardives. Elles auraient été plus utiles si elles avaient été exprimées dimanche au sein du G10 afin de soutenir mes demandes pour rééquilibrer le texte notamment entre les aspects positifs et négatifs de la colonisation », conclut-il.