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Malgré un scrutin serré au Nord, la liste tirée par Paul Néaoutyine, Président de la province depuis 1999, est arrivée en tête des provinciales du 12 mai. À 68 ans, la tête de file de l’UNI devrait briguer un 5ème mandat.
Au sud, l’union de la droite républicaine, l’Avenir en Confiance, a battu la liste Calédonie Ensemble, dite de droite « modérée », majoritaire depuis 2014. Grâce à son bon score, l’Avenir en Confiance arrive au Congrès avec le plus grand nombre de sièges.
Reste une inconnue : pour sa première participation aux élections provinciales, l’Éveil Océanien, parti représentant la communauté wallisienne de l’archipel, a remporté 4 sièges en province Sud et trois au Congrès. Reste à savoir si leur voix penchera du côté indépendantiste ou non indépendantiste.
66,49%, c’est le taux de participation, le plus bas depuis 2004, aux élections provinciales de 2019, durant lesquelles 169 635 calédoniens étaient appelés à renouveler les 76 élus des trois assemblées de province : Sud, la plus peuplée qui compte 40 élus, Nord (22 élus) et Loyauté (14 élus). Premier enseignement : ce taux de participation est en baisse par rapport à celui de 2014 (69,95%) et celui de 2009 (72,48%). De manière générale, la participation aux Provinciales est en baisse depuis 2004, où elle s’élevait à 76,44%. Par comparaison, le taux de participation du référendum d’autodétermination du 4 novembre s’élevait à 80,63%. « Je m’attendais à ce qu’il y ait un maintien de la dynamique participative », reconnait le juriste et historien Luc Steinmetz. « Les Calédoniens considèrent que finalement, la question la plus importante c’est pour ou contre l’indépendance ».
Paul Néaoutyine vers un 5ème mandat
Paul Néaoutyine devrait retrouver son fauteuil de président de l’Assemblée de la province Nord, fonction qu’il occupe depuis 1999. « Tout naturellement, ma liste va me proposer », a-t-il dit ce lundi soir. Malgré un duel serré, qui s’est finalement dénoué sur quelques centaines de voix (9709, 10 sièges contre 9068, 9 sièges), la liste emmenée par Paul Néaoutyine a une nouvelle fois remporté la province Nord face à l’autre mouvance indépendantiste UC-FLNKS menée par Daniel Goa. Côté non indépendantiste, la liste d’Alcide Ponga, alliée à l’Avenir en Confiance, remporte trois sièges alors que le sénateur Gérard Poadja, représentant de Calédonie Ensemble, n’obtient aucun siège.
Concernant la province des Îles Loyauté, la totalité des 14 sièges ont été attribués aux indépendantistes : 6 pour l’UC-FNLKS, 4 pour le Palika, 2 pour Dyn Autochtone et 2 pour le parti travailliste. Dans le Sud, les indépendantistes avait fait le pari de l’union sous la bannière du FLNKS et remportent 7 sièges contre 6 sous la précédente mandature. Mais alors qu’ils visaient la majorité au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, composé en fonction des assemblées de province, les indépendantistes gagnent toutefois un siège de plus, passant de 25 à 26. De même, l’électorat indépendantiste ne semble pas s’être élargi au-delà de sa base, comme souhaité par ses leaders.
Tournant dans le Sud et surprise wallisienne
Alors qu’ils avaient la majorité en province Sud, les non indépendantistes de Calédonie Ensemble perdent près de la moitié de leurs voix et occuperont 9 sièges contre 15 sous l’ancienne mandature. En face, l’union de la droite républicaine, l’Avenir en Confiance, apparait comme le parti sorti vainqueur de ce scrutin. Avec 20 sièges en province Sud, l’Avenir en Confiance arrive avec 16 sièges au Congrès calédonien, 18 si l’on compte les deux sièges remportés par son allié Alcide Ponga au Nord. La tête de file Sonia Backès a confirmé sa candidature à la présidence de la province Sud et a souhaité fédérer en appelant « (ses) partenaires de Calédonie Ensemble » pour former une « majorité » non indépendantiste au gouvernement et au Congrès.
Grande surprise de ce scrutin : la percée de la liste wallisienne l’Éveil Océanien. Alors que le mode de scrutin n’a pas épargné les autres petits partis, la liste « communautaire mais pas communautariste » a remporté 4 sièges en province Sud et 3 au Congrès. Pour l’heure, les observateurs ont du mal à positionner cette nouvelle formation sur l’échiquier politique calédonien qui traditionnellement se divise entre indépendantistes et non indépendantistes. Avec ses trois sièges, l’Éveil Océanien est un faiseur de roi tant l’écart entre les deux obédiences politiques s’est resserré : 25 pour les non indépendantistes (16 Avenir en Confiance, 2 Agissons pour le Nord, 7 Calédonie Ensemble), 26 pour les indépendantistes (13 UC-FLNKS, 11 UNI, 1 Parti travailliste et 1 Dyn Autochtone). Les trois sièges de l’Éveil Océanien sont donc déterminants pour dessiner une majorité au Congrès et au gouvernement.
S’ouvre donc le temps du grand palabre avant l’élection des présidents des Assemblées de province le 17 mai, puis du président du Congrès le 24 mai et enfin, la composition du gouvernement collégial calédonien d’ici le 14 juin.