C’est une annonce aussi surprenante que sérieuse faite par Oscar Temaru, leader indépendantiste de la Polynésie française. Dimanche soir, sur le plateau du journal télévisé de Polynésie 1ère, le chef du Tavini Huira’atira a confirmé son intention de se présenter aux Présidentielles de 2017.
Dimanche 3 janvier, le leader indépendantiste historique de la Polynésie française a officiellement annoncé sa volonté de se présenter au Présidentielles de 2017. Le chef de fil des indépendantistes, maire de la commune de Faa’a et ancien président du gouvernement de la Polynésie française est bien décidé à faire entendre à toute la nation son combat pour la décolonisation, combat qu’il mène depuis les prémices de son engagement politique, c’est-à-dire depuis quarante ans. « En 2017, ça va faire 40 ans de statut d’autonomie interne », un statut maintes fois toiletté, révisé et revisité. Aujourd’hui, la Polynésie est ancrée dans une crise dont elle a du mal à s’en sortir. Pour Oscar Temaru, « il faut tourner cette page ». Cette candidature est pour lui, « une réelle volonté, une opportunité à saisir » pour faire valoir ce combat pour la décolonisation au niveau national et international, et ainsi, sortir ce débat cantonné aux territoires. En obtenant en 2013 la réinscription de la Polynésie sur la liste onusienne des territoires à décoloniser, il amène son combat dans les huis clos diplomatiques new yorkais. Mais aujourd’hui, il veut aller plus loin en l’amenant sur la scène sur-médiatisée des élections présidentielles.
Gagner les élections ? Il n’y pense pas mais veut « gagner les Présidentielles en Polynésie française », au moins. Il est ferme, « grâce au soutien de notre population », il pourra « soutenir le combat pour la décolonisation » mais surtout revendiquer la souveraineté polynésienne sur la gestion des ressources du territoire. « La décolonisation, ce sont les 5 millions de km2 qu’il faut nous rendre. C’est aussi le Droit à la souveraineté conquis par la force et la ruse qu’il faut nous rendre ». Son voeux le plus cher, « rassembler notre peuple qui a été divisé » et pour cela, hors de question de « mener une campagne partisane ». Réaliste, il ne cache pas la première difficulté qui sera de récolter les 500 signatures qui lui permettront de se présenter. Ironie ou pas ? Il est même prêt à se rapprocher du Président Hollande, qu’il soutenait en 2012, ou Ségolène Royal, qui avait aussi reçu le soutien du parti indépendantiste en 2007, et Christiane Taubira, elle aussi indépendantiste et candidate aux Présidentielles de 2002. Tout les moyens seront bons pour récolter ces signatures.
Oscar Temaru est une personnalité politique bien connue en Polynésie française. En 1960, il s’engage dans la Marine nationale et se retrouve l’année d’après en Algérie, pendant la guerre. Ce séjour le marque, choqué par le comportement de certains militaires vis-à-vis des Algériens. Il débute son engagement politique en 1977 et fonde son parti, le Front de libération de la Polynésie qui deviendra en 1986, le Tavini Huira’atira no te Ao Maohi. En 1983, il gagne ses premières élections et accède au poste de maire de Faa’a, commune où se situe l’aéroport international de Tahiti. Depuis, il n’a perdu aucune municipale dans sa commune. Il sera la figure de l’opposition à Gaston Flosse, homme fort et longtemps président du gouvernement de la Polynésie française. Il s’oppose aussi aux essais nucléaires et à la « néo-colonisation » française. En 2004, les résultats des élections territoriales bousculent le microcosme politique polynésien. Pour la première fois, un indépendantiste accède au poste de président du gouvernement. S’en suivra une très longue période d’instabilité politique, faite d’alliances et de renversements, pendant laquelle Oscar Temaru reviendra cinq fois au pouvoir en sept ans.
Oscar Temaru semble aujourd’hui déterminé à porter son combat au niveau national, en usant des principes démocratiques de la République. Pour lui, la Polynésie doit évoluer face à un statut qui semble montrer ses limites. Reste à savoir si Oscar Temaru réunira les 500 signatures nécessaires. À ce moment là, pourquoi ne serait-il pas alors le candidat des Outre-mer, s’appuyant sur la Démocratie pour faire valoir les droits des peuples ultramarins ?