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Le sort du 1er tour en est jeté. Emmanuel Macron vire en tête, suivi par Marine Le Pen. Si cette dernière réalise des scores inédits outre-mer, notamment à La Réunion, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie, elle n’arrive en tête dans aucune Collectivité ultramarine.
Quant à Emmanuel Macron, il pourra rendre grâce à l’outre-mer en lisant ses scores en Guadeloupe et à Wallis et Futuna qui lui offrent ses lauriers de vainqueur. La France Insoumise est ultramarine à La Réunion, en Martinique, en Guyane et à St Pierre et Miquelon. Et François Fillon ne se retrouve le sillage de ses amis Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy qu’en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. Benoît Hamon, enfin, a perdu l’aura du candidat Hollande qui avait réalisé de bons scores, notamment à La Réunion.
Et comme à chaque scrutin revient la ritournelle de l’adéquation entre les 2 opinions hexagonale et ultramarine. Petite musique pondérée par l’idée toute faite d’Outre-mers qui ne feraient qu’un vase communiquant, monolithique et suiviste, alors qu’ils sont diversité et polychromie. Les outre-mers sont coutumiers du fait: leurs profils sont trop identifiés pour supporter le moindre alignement et leur endémisme trop prononcé pour se satisfaire de mots d’ordre lointains.
Reste que des mécaniques politiques nouvelles sont enclenchées quand un nouveau locataire s’installe à l’Elysée et peu importe alors la latitude du bureau de vote: chaque parcelle du territoire national est concerné et l’outre-mer ne peut pas s’en sentir exonéré. Le duo Macron – Le Pen n’a pas fait l’unanimité au-delà des mers. Il faudra pourtant que, quel que soit le résultat de cette équation à une inconnue, chacun joue le jeu de la République. Le bel isolement serait sans issue.
En échange, l’élu des urnes, chacun suivant ses engagements, devra vite se montrer à la hauteur des enjeux qu’on viendra lui présenter. Ces challenges sont familiers aux ultramarins et les réponses attendues devront être à l’aune de leur réalité souvent prosaïque: emploi, sécurité, environnement, changement climatique. La prime du vainqueur ira à l’élu qui, pendant cette quinzaine d’entre deux tours, saura investir les vrais enjeux de chaque pays: le référendum à venir en Calédonie, le SAV des engagements du gouvernement sortant en Guyane, l’égalité réelle en chantier, l’investissement dans les technologies nouvelles qui fleurissent sur tous les rivages, la reconnaissance de toutes les créativités et finalement l’espoir d’être entendu dans ses logiques intimes.
Peu importe alors de savoir si l’outre-mer aura « bien » ou « mal » voté, « à l’envers » ou « à l’endroit », les yeux fixés sur Paris ou Hénin-Beaumont. La ritournelle est passée de mode.
Benoît Saudeau