Pouvana’a a Oopa : Un Historien demande à expliquer l’innocence du Metua aux élèves de Polynésie

Pouvana’a a Oopa : Un Historien demande à expliquer l’innocence du Metua aux élèves de Polynésie

Au centre, Pouvana’a a Oopa, père (Metua) du nationalisme en Polynésie ©AFP

Dans une lettre ouverte aux représentants de l’Assemblée de la Polynésie française, l’Historien Jean-Marc Regnault, qui avait mené des travaux importants dans le processus de révision du procès du père du nationalisme polynésien Pouvana’a a Oopa, demande « à mettre en œuvre les informations (et les formations) nécessaires pour que dorénavant l’innocence de Pouvana’a a Oopa soit expliquée et enseignée aux élèves » de Polynésie française. 

En octobre dernier, la cour de Cassation avait annoncé un délibéré symbolique et historique pour la Polynésie, en déchargeant la mémoire du Metua, Pouvana’a a Oopa, accusé à tort en 1959 d’avoir voulu incendier la ville de Papeete, au lendemain du référendum de 1958, durant lequel il a prôné le « non » au maintien de la Polynésie au sein de la République. Cette réhabilitation à titre posthume, qui équivaut à l’innocence pour une personne vivante, est l’issue d’un long combat entamé par Pouvana’a a Oopa à son retour d’exil forcé, puis par sa famille et descendants, soutenue par des experts historiens, Jean-Marc Regnault notamment, mais aussi des politiques, des artistes jusqu’à l’ensemble de la population polynésienne dès 2012.

L'Historien Jean-Marc Regnault a mené de nombreux qui ont permis la révision du procès de Pouvana'a a Oopa ©Capture / TanoTV

L’Historien Jean-Marc Regnault a mené de nombreux qui ont permis la révision du procès de Pouvana’a a Oopa ©Capture / TanoTV

« Depuis 1985, les programmes scolaires adaptés à la Polynésie ont progressivement prévu à tous les niveaux d’évoquer la carrière politique du Metua », rappelle l’Historien Jean-Marc Regnault dans sa lettre ouverte. « Beaucoup de nos concitoyens ignorent – parfois hélas ! font semblant d’ignorer – que du cours élémentaire au baccalauréat les enfants de nos écoles entendent parler de cet éminent polynésien. Il reste maintenant à mettre en œuvre les informations (et les formations) nécessaires pour que dorénavant l’innocence de Pouvana’a a Oopa soit expliquée et enseignée aux élèves », plaide-t-il. L’éducation étant une compétence de la Collectivité, la modification des programmes scolaires spécifiques à la Polynésie sont donc du ressort des élus de l’Assemblée territoriale. Et si l’Histoire du père du nationalisme polynésien est effectivement abordée, Jean-Marc Regnault appelle maintenant à intégrer dans les programmes la réhabilitation de sa mémoire prononcée par la Cour de Cassation.

Modifier la plaque commémorative en l’honneur du Metua

Une bonne façon par ailleurs pour aborder « la complexité du langage juridique » qui « a pu laisser penser à certains Polynésiens que la Cour de cassation avait bien annulé le procès de 1959 sans pour autant innocenter l’accusé », explique-t-il. « Soyez rassurés. La décision de la Cour se termine par une expression qui ne laisse aucun doute : « La Cour décharge la mémoire [de Pouvana’a] ». La phrase vaut innocence », insiste Jean-Marc Regnault. Dans sa lettre ouverte, l’Historien formule également demande également que soit modifiée « la rédaction des plaques en deux langues au pied de la stèle de Pouvana’a qui se dresse devant votre assemblée », et naturellement d’y inscrire la reconnaissance de l’innocence du Metua. « Je ne doute pas que vous serez unanimes à désirer rectifier ces notices en (son) honneur ».

©Outremers360

L’Historien demande à ce que la rédaction des plaques commémoratives prenne en compte la réhabilitation du Metua aux yeux de la Justice ©Outremers360

« L’APF (Assemblée de la Polynésie française, ndlr) a joué un rôle essentiel pour obtenir cette décision. Certains d’entre vous se souviennent de cette séance du 9 juillet 2009, lorsque, sous l’impulsion de la regrettée Cathy Buillard, l’APF a adopté un vœu à l’unanimité demandant que toute la lumière soit faite sur l’arrestation et le jugement du député, vice-président du conseil de gouvernement. Le vote a pu sembler un vœu pieux, mais en février 2012, il reçut une première réponse de l’État quand le président Sarkozy annonça qu’il ouvrirait les archives sur l’affaire. Le président de l’APF, Monsieur Jacky Drollet  permit que je puisse consulter les précieux documents. Suite à cette recherche à laquelle s’ajoutèrent les travaux de la magistrate Madame Vannier, le 15 février 2013, l’APF adopta à l’unanimité un vœu demandant cette fois à l’État d’engager les démarches pour une révision du procès. Après avoir fait étudier le dossier par ses services, Madame la Garde des Sceaux transmit celui-ci à la Cour de révision des procès criminels, le 20 juin 2014 », rappelle encore l’Historien, qui estime que ces « deux mesures simples », la mise à jour des programmes scolaires et de la plaque commémorative, vont « clore l’affaire Pouvana’a a Oopa ».