©Éric Feferberg
Plusieurs syndicats de l’Enseignement en Polynésie française ainsi que les Fédérations de Parents d’élèves ont co-signé une lettre ouverte au représentant de l’État Dominique Sorain, dans laquelle ils estiment « bien trop prématurée, voire dangereuse » une rentrée des classes le 29 avril.
Dans leur lettre commune, l’UNSA-Éducation, la FSU et FO-Éducation, et les fédérations de parents d’élèves des enseignements public, protestant et adventiste demandent au Haut-commissaire, Dominique Sorain, et au président de la Collectivité d’Outre-mer, Édouard Fritch, une audience, rapportent nos confrères de Radio 1 Tahiti. En ligne de mire de cette « union sacrée » : une probable réouverture des écoles le 29 avril, date de fin du confinement en Polynésie.
Selon les syndicats et les parents d’élèves jugent cette date « bien trop prématurée, voire dangereuse », craignant une reprise de l’épidémie en Polynésie, qui stagne depuis 5 jours à 57 cas, et un retour au confinement. Une réouverture des écoles le 29 avril seraient selon eux « d’autant plus incompréhensible, que les premières structures à fermer ont été les écoles, collèges et lycées, à compter du 17 mars dernier, avant même l’annonce du confinement général ». « Les écoles sont des lieux de transmission forts » et « les enfants sont des vecteurs potentiels de transmission de la maladie », ajoute-t-ils, s’appuyant sur les études médicales et scientifiques.
Les parents et syndicats citent notamment l’exemple du Japon, pays qui a « réinstauré l’état d’urgence, après avoir décidé de rouvrir ses écoles prématurément. Ne commettons pas la même erreur ! ». En Italie, durement touchée par l’épidémie, les écoles resteront fermées jusqu’en septembre. Ce qui devrait également être le cas pour l’Espagne, le Portugal et l’Irlande. A contrario, l’Allemagne va rouvrir ses écoles progressivement à partir du 4 mai. Dans l’Hexagone, celle-ci devrait rouvrir en même temps que la fin du confinement, le 11 mai. Mais comme en Polynésie, les inquiétudes se font entendre alors que le Conseil scientifique préconisait une réouverture en septembre.
Dans leur missive, les syndicats et parents d’élèves demandent des « garanties » : protocole sanitaire strict adapté aux spécificités de chaque niveau d’enseignement, validé par les autorités de santé, et établies dans un cadre territorial commun à tous les établissements, énumère Radio 1 Tahiti. Parmi les autres revendications : des dépistages pour tous ceux qui fréquenteront les écoles, la désinfection des établissements et transports scolaires, la fourniture de gel, masques et gants ou encore, la limitation du nombre d’élèves par classe.
Les syndicats et parents d’élèves proposent notamment d’ « accepter que l’enfant reste à étudier chez lui, avec la possibilité d’assurer un enseignement à distance », « seule solution aujourd’hui, pour rassurer les parents inquiets ». S’ils reconnaissent que de nombreux parents sont impatients de reprendre le travail et retrouver ainsi une source de revenus stable, les auteurs de la lettre dénoncent une priorité donnée à l’économie. Pour rappel, en Martinique, le président de la Collectivité territorial, Alfred Marie-Jeanne, jugeait « impossible de rouvrir les collèges et lycées en mai ».
Rappelons également que dans les îles de Polynésie, hors Tahiti et Moorea qui concentre les 57 cas de coronavirus, les écoles ont été rouvertes dans le cadre de l’allègement du confinement. Toutefois, les cours ne sont pas assurés, il s’agit avant tout de permettre aux élèves une continuité pédagogique dans de meilleurs conditions avec notamment un accès à internet et la présence bénévole d’un encadrant.