Polynésie française: Les îles Marquises, vers une Collectivité à part ?

Polynésie française: Les îles Marquises, vers une Collectivité à part ?

La côte de Nuku Hiva, îles Marquises ©DR

L’idée regagnerait-elle du terrain ? Six maires de des îles Marquises se sont unis pour demander un changement statutaire de l’archipel: plus d’indépendance décisionnaire et un partenariat triangulaire avec l’Etat et la Polynésie. L’annonce fait grincer les dents d’Edouard Fritch, Président de la Polynésie française, qui voit un projet séparatiste.

« Partageons les compétences » lance Félix Barsinas, maire de Tahuata. Depuis quelques mois, six maires des îles Marquises se sont unis pour demander un changement statutaire qui reviendrait à se rapprocher directement de l’Etat et s’éloigner de la Polynésie française, à l’image de Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Mais lors de l’inauguration de la navette qui desservira les Marquises du Sud, le Président de la Polynésie française Edouard Fritch, a fait part de son désaccord face à ce projet. « Je dois vous dire qu’au moment où cette navette est le symbole du lien qui nous unit, je suis indisposé par certains bruits, que j’entends, soufflant du sud aux Marquises, et qui remettent sur la table cette problématique du séparatisme avec le reste de la Polynésie française ».

Lors de l'inauguration de la navette des Marquises du Sud, Edouard Fritch s'est insurgé face au projet de Collectivité à part pour les îles Marquises ©Tahiti-infos

Lors de l’inauguration de la navette des Marquises du Sud, Edouard Fritch s’est insurgé face au projet de Collectivité à part pour les îles Marquises ©Tahiti-infos

« J’estime qu’il faut que nous échangions un peu plus, car il faut que nous mesurions tous les vraies conséquences de telles revendications qui seraient dramatiques, à mon sens, pour le quotidien des populations de l’archipel », poursuit-il. L’indépendantiste Oscar Temaru aurait également pointé du doigt le danger du projet, « même Oscar Temaru, le vrai séparatiste, en fin de compte, pour la Polynésie française estime que cette tentative de morcellement de la Polynésie française est une idée inopportune et dénuée de bon sens. J’irai dans ce sens et je continuerai à avoir une attention particulière pour cet archipel éloigné de Tahiti », assène Edouard Fritch. Interrogé par Polynésie 1ère, Moetai Brotherson, proche conseiller du leader indépendantiste explique plus clairement le point de vu du parti: « nous pensons que dans le statut qui est le nôtre, ce n’est pas quelque chose de souhaitable. Ce que nous poussons comme idée c’est de devenir indépendants et de mettre en place des Etats fédérés », à l’image des Archipels fédérés de Micronésie.

Félix Barsinas, maire de Tahuata et un des six maires marquisiens qui souhaitent un statut propre aux îles Marquises ©SPC.PF

Félix Barsinas, maire de Tahuata et un des six maires marquisiens qui souhaitent un statut propre aux îles Marquises ©SPC.PF

De son côté, Felix Barsinas, le président de la communauté de communes des Marquises (CODIM) et maire de Tahuata explique: « Nous ne sommes pas des séparatistes bien au contraire. Nous sommes en train de travailler sur la question. Et puis nous souhaitons, peut-être, accompagner une évolution statutaire. En effet, le conseil des archipels a été supprimé au niveau du statut de l’autonomie interne. Nous aimerions que l’on nous donne plus d’autonomie et de prise de décisions au niveau des archipels. Je prends note des déclarations du président. Nous serons à même de travailler avec le Pays sur l’évolution statutaire et, pourquoi pas, sur le statut de l’autonomie interne ». Les six maires marquisiens qui portent cette demande se sont rendus à Paris et ont, en vain, demandé audition auprès de Marc Vizy, conseiller Outre-mer à l’Elysée.

carte-PF

Quoiqu’il en soit, cette nouvelle demande de statut propre aux îles Marquises n’est pas une nouveauté et témoigne des différences culturelles, linguistiques et géographiques de la Polynésie française. Au nord, des îles Marquises parlant deux langues polynésiennes (Marquisien du nord et Marquisien du sud) avec des îles volcaniques jeunes, sans récifs et faites de baies étroites et de monts escarpés. Au centre, un archipel des Tuamotu-Gambier majoritairement composé d’atolls et parlant le Paumotu ou le Mangarévien. A l’extrême sud, les îles Australes, au climat plus frais et tempéré et enfin, l’archipel de la Société qui concentre tous les pouvoirs politiques et économiques ainsi que la porte d’entrée principale de la Collectivité.