Polynésie : Douche froide pour les évacués sanitaires bloqués à Paris

Polynésie : Douche froide pour les évacués sanitaires bloqués à Paris

Vendredi dernier, le président polynésien annonçait le rapatriement des évacués sanitaires bloqués dans l’Hexagone ©Présidence de la Polynésie française

Une partie des évacués sanitaires polynésiens bloqués dans l’Hexagone, et censés prendre le vol retour de continuité territoriale entre Tahiti et Paris mercredi 22 avril, ont été informés de l’annulation de leur rapatriement, sans explication. 

« Hier matin (jeudi, ndlr), j’ai reçu l’appel d’un médecin d’Europe Assistance me demandant quelques détails médicaux concernant l’état de santé de mon enfant et m’expliquant que nous serons confinés dans une structure d’hébergement pour une durée de 21 jours », une fois de retour à Tahiti. « Puis, c’est la CPS (Caisse de prévoyance sociale, équivalent de la sécurité sociale en Polynésie, ndlr) qui m’a contactée et m’a envoyée cette fiche d’engagement à compléter et signer. Je l’ai fait très rapidement pour pouvoir m’organiser sur ce départ », nous raconte une mère de famille qui accompagne son enfant de 8 ans pris en charge à Paris pour un cancer des os depuis juin 2019.

« Ce matin, nouvel appel d’Europe Assistance pour m’annoncer qu’aucun passager n’embarquerait à bord du prochain vol qui repartirait au Fenua. Aucune précision sur les raisons de cette nouvelle prise de décision. Cependant, elle m’a fait savoir que nous devrons sans doute être dépistés bientôt », ajoute-t-elle. Accompagnante, cette mère de famille n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale polynésienne. « Je suis affiliée à la Sécurité sociale métropolitaine et donc mon hébergement et les repas sont à ma charge. J’avoue que ça commence à être compliqué mais on tente de tenir bon ».

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La Polynésienne et son fils sont actuellement hébergés à l’Hôpital Margency pour enfants malades. « Nous avons été transférés ici afin que mon fils fasse de la rééducation. On accepte de nous garder dans la mesure du possible mais s’il y’a des urgences nous devrons quitter l’établissement ». Ce témoignage, plusieurs polynésiens évacués pour des soins à Paris le relate sur Facebook, plus précisément dans un groupe créé pour mobiliser, rassembler et solidariser les Polynésiens bloqués dans l’Hexagone depuis le début de la crise du coronavirus.

« J’ai reçu un appel de Europe Assistance hier matin à 9h pour confirmation du vol de mercredi 22 avril », nous raconte une autre patiente polynésienne en soin à Paris depuis janvier. « La CPS aussi nous a confirmé le retour et m’a fait signer un papier qui m’engage à respecter les conditions de confinement à l’arrivée à Tahiti dans une structure donnée par le pays », poursuit-elle. « Ce matin, changement de situation ». Logée à Bagneux, cette patiente a terminé ses séances le 26 mars et reste, elle aussi, sans précisions sur ce revirement de situation, ni même sur une éventuelle autre date de retour.

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Selon nos informations, 28 personnes devaient être concernés par ce vol de rapatriement annoncé vendredi par le Président de la Polynésie Édouard Fritch. Ce vol, le deuxième du dispositif de continuité territoriale entre l’Hexagone et la Collectivité mis en place par l’État, doit arriver cette fin de semaine à Paris-CDG et repartir mercredi 22 avril pour Tahiti. « Je me réjouis que le prochain vol de continuité prévu la semaine prochaine, pourra rapatrier les évasanés polynésiens en fin de traitement à Paris, ceux en particulier logés à la résidence de Vitry et à la résidence de Bagneux », avait déclaré Édouard Fritch.

Jusqu’à ce jeudi, on nous assurait que le retour des évasanés lors de ce vol était toujours prévu. Les modalités devaient être précisées ce vendredi matin à Papeete, lors d’un point presse commun entre le président Édouard Fritch et le Haut-commissaire de la République Dominique Sorain. Selon le Délégué interministériel Mael Disa, on recenserait 320 Polynésiens bloqués dans l’Hexagone depuis le début de l’épidémie, que ce soit en raison de soins à Paris, ou pour des raisons familiales, touristiques ou professionnelles.

Interrogée ce mercredi par la mission d’information parlementaire sur la gestion de la crise, la ministre des Outre-mer Annick Girardin s’était dite favorable au rapatriement « dès que possible » des Polynésiens bloqués dans l’Hexagone. « Nous avons des prérogatives qui sont celles du gouvernement polynésien », précisait-elle toutefois.