L’AGORAH, un peu plus tôt cette année. Si les équipes ont très légèrement changé depuis, l’esprit lui, demeure au sein de la Villa Lenoir ©Région Réunion
Avec ses 11 Observatoires répartis en quatre Pôles, l’AGORAH a mis en place pour ses équipes un mode de management inédit et transversal, s’appuyant sur l’embauche de jeunes diplômés réunionnais formés par une Direction collégiale, qui fait figure d’innovation dans le fonctionnement d’une entreprise. Fabienne Couapel-Sauret, Présidente de l’AGORAH, mais aussi plusieurs Responsables de Pôles, racontent le quotidien de cette agence innovante et à dimension humaine, qui fête cette année ses 25 ans.
Fabienne Couapel-Sauret pose les bases de l’identité et de la culture d’entreprise de l’agence d’urbanisme de La Réunion : « L’AGORAH, c’est un état d’esprit. Nous souhaitons vraiment développer cette logique d’entreprise moderne où l’implication, la responsabilisation et la reconnaissance sont à l’œuvre. C’est la raison pour laquelle, forte de son expérience et de ses aînés, l’AGORAH forme des stagiaires et des apprentis, pour leur insuffler cette notion de travail ensemble, en mode projet, en équipe avec une responsabilisation des uns et des autres ». « L’AGORAH a une réputation d’agence dynamique », poursuit-elle. « En relation avec l’Université, la CCIR ou la CMA, nous participons à beaucoup de colloques et de séminaires qui font connaitre l’AGORAH et son esprit d’équipe. Naturellement, les jeunes stagiaires et apprentis viennent frapper à la porte de l’AGORAH ».
Promouvoir la jeunesse réunionnaise
En effet, Daniel David, Responsable du Pôle Environnement et référent des Ressources humaines à l’AGORAH ne cache pas le succès de l’agence auprès des jeunes (futurs) diplômés réunionnais : « Sur les deux derniers recrutements faits, l’un sur un poste de Chargé d’études SIG Informatique et l’autre sur un poste de Chargé d’étude Développement durable et Déchets, on a eu d’une part une trentaine de candidatures et d’autre par une quarantaine de candidatures potentielles ».
Une grande partie des recrutements à l’AGORAH se font à l’issue de stages ou d’apprentissages en entreprise. « On en prend 3 ou 4 chaque année. On regarde d’abord si le stagiaire correspond au besoin parce qu’on va le former, on va commencer à travailler avec lui, on va vérifier ses compétences, et ça fait pas mal de stagiaires qu’on embauche suite à leur période de stage de Master 2 », explique de son côté Arnaud Ritter, Responsable du Pôle Habitat. « On valorise les jeunes et les formations locales en aménagement du territoire. Il y en a deux : une à Saint-Denis et une au Tampon. Ce sont des jeunes motivés qu’on veut vraiment pousser ».
Pour Fabienne Couapel-Sauret, la priorité est de les former « aux métiers de l’aménagement et de l’urbanisme, ainsi qu’aux notions environnementales ». « C’est cette pluridisciplinarité qui compose et fait la force de l’AGORAH. Il est important que ces jeunes puissent aussi apporter de l’innovation, leur perception de la société ». « Ces jeunes talents apportent une dynamique, une synergie d’idées nouvelles, de visions et cela participe à enrichir le contenu des études », se félicite la Présidente. A l’aune de ses 25 ans, « il y a eu un renouvellement, un rajeunissement de l’équipe au complet » constate Arnaud Ritter, qui admet : « L’objectif actuel c’est de garder ces jeunes ». Il y a toutefois à l’AGORAH des visages rassurants, des piliers qui ont vu l’AGORAH évoluer et se renouveler.
C’est le cas de Fabienne Soumila. « Cela fait 24 ans que je suis à l’AGORAH », soit depuis les prémices de l’agence, lorsque celle-ci était dirigée par Jean-Louis Grandveaux. « Je suis rentrée en tant qu’apprentie, j’ai fait deux ans de Bac Pro et par la suite on m’a fait un contrat à durée indéterminée et jusqu’à aujourd’hui je suis ici », raconte celle qui occupe depuis le poste d’assistante générale.
Un modèle de direction unique en son genre
Dans la vie d’une entreprise, petite ou grande, il y a des temps de nécessaires questionnements permettant de prendre un nouveau souffle et une nouvelle dynamique. « On s’est rendu compte qu’un poste de direction peut parfois bloquer les énergies et on a voulu mettre en place une expérimentation : proposer aux quatre Responsables de Pôle de manager leur propre secteur, leurs propres équipes, leur propre budget et de travailler en transversalité, avec une certaine autonomie », explique Fabienne Couapel-Sauret. Plus concrètement, chaque Responsable de Pôle gère un aspect de la direction d’une entreprise : « Il y a d’abord le volet financier, qui a été confié à Arnaud Ritter, le volet Ressources humaines confié à Daniel David, le volet Gestion des Conventions d’activité, confié à Aurélie Rigal (Responsable du Pôle Urbanisme, ndlr), et dans mon cadre le volet Communication et Direction des publications », détaille Benoît Pribat, lui-même Responsable du Pôle Ressources.
A cette équipe de Direction s’ajoute Fabienne Soumila et Jean-Claude Futhazar, qui réalise une mission d’assistance à Maîtrise d’Ouvrage sur décision du conseil d’administration et « assure le rôle de relation avec les partenaires ». « C’est une figure et une mémoire de l’aménagement du territoire à La Réunion. Ça nous permet de nous reposer sur sa personne, même si nous-mêmes rencontrons aussi les partenaires », explique Benoît Pribat. Si l’expérience de la Direction collégiale est inédite, elle induit un temps d’adaptation qui a pourtant paru rapide pour les équipes de l’AGORAH. « Force est de constater que ça fonctionne plutôt bien : il y a un esprit d’équipe, une bonne ambiance et la rigueur budgétaire est ancrée dans les pratiques de l’Agence », assure la Présidente qui rappelle que cette expérimentation fera bien sûr l’objet d’une évaluation par le Conseil d’Administration.
« Ça a permis de remotiver les équipes. Il y a eu de nouvelles embauches qui se sont très vites adaptées au système » reconnait Arnaud Ritter. « Il y a toujours des doutes sur sa pérennité mais c’est très positif et on s’est tous approprié la volonté de faire avancer l’AGORAH ». Pour Daniel David, « c’est aussi l’occasion d’expérimenter de nouvelles choses. On a travaillé sur la possibilité de mettre en place le télétravail dans l’agence. Ça peut faciliter les choses sur un territoire où quelques fois la route peut être bloquée ou bien il peut y avoir un cyclone ». Un plus pour « la modularité de l’équipe » et son « bien-être ». Car au final, ce sont d’abord les équipes de l’AGORAH qui sont le socle fort et stable du contenu et des productions de l’Agence. « Elles ont su nous prouver qu’elles étaient capables de se mobiliser et passer un cran au-dessus. Tout le monde a suivi et a fait en sorte à ce que le système mis en place aujourd’hui tourne bien », conclut-il.
Joël Martin, de l’apprentissage au CDI :
Comment es-tu arrivé à l’AGORAH ? Qu’est-ce qui t’a poussé ou donné envie de faire ton apprentissage ici ?
J’avais postulé pour une Licence professionnelle en Gestion de Projet Web et Webmarkéting à la CCI de Saint-Denis et c’est elle qui m’a mis en relation avec l’AGORAH. C’est comme ça que l’AGORAH m’a contacté pour effectuer mon apprentissage au sein de l’Agence. L’AGORAH a eu mon CV et a d’avantage été séduite par mes expériences passées. En effet, j’ai plusieurs diplômes en amont, en Infographie et en Webdesign. Et l’AGORAH cherchait un infographiste qui puisse aussi s’occuper du site internet, c’est comme ça que j’ai commencé mon apprentissage ici.
Comment s’est passée cette période d’apprentissage ?
J’ai été bien accueilli et encadré. Il s’agissait de ma première expérience professionnelle. J’avais quelques expériences auparavant mais plus en autodidacte, et un peu dans le milieu associatif. Et finalement j’ai été très bien encadré et reçu par toute l’équipe.
Pensais-tu que cela pouvait déboucher sur un CDI ?
A la base, non, je ne pensais pas qu’on m’embaucherait en CDI. Mais on m’a rapidement fait comprendre qu’il y avait la possibilité que ça se poursuive, au regard de mes compétences et du travail réalisé ici. C’était une possibilité qui a fini par se concrétiser.
Quel sont tes missions au sein de l’Agence ?
Au quotidien, je mets en forme les publications de l’agence. Principalement, pour le print. C’est beaucoup de mise en page, ça passe aussi par la réalisation d’illustrations en fonctions des thématiques abordées. Je fais également des logos, je m’occupe de la maintenance du site et de la création de nouveaux sites. On a par exemple pour projet de refaire un site que l’agence a sous son aile, c’est le site risquesnaturel.re.
Comment se passe le quotidien avec l’équipe, les Responsables de Pôles ?
L’équipe est très sympa, j’ai trouvé ma place ici et j’aime ce que je fais. Même s’il y a pas mal de publications à sortir, il n’y a pas beaucoup de pression sur le poste où je suis. J’ai toujours les bons délais et de bons retours. Ça se passe très bien.