Illustration ©Tahiti-infos
Le Haut-Commissariat de la République en Polynésie française a retenu les dimanches 22 avril et 6 mai pour le premier et second tour des élections territoriales 2018, selon TNTV. Ces dates devront être officiellement validées en décembre. Sur place, l’échiquier politique frémit déjà et les partis se positionnent. Outremers360 fait le point.
La date butoir de dépôts des listes devrait avoir lieu fin mars et la campagne débutera en avril. Election au suffrage indirect, les territoriales en Polynésie française permettent d’élire une liste présentée par un parti à l’Assemblée territoriale de la Collectivité. Par la suite, la liste, ou le parti, majoritaire élit le Président de la Polynésie française. Sur place, les partis politiques se préparent à ces élections qui, traditionnellement, mobilisent largement les électeurs polynésiens.
Gaston Flosse pourra-t-il se présenter ?
Du côté des autonomistes, sans surprise, l’actuel Président de la Polynésie française Edouard Fritch a toute légitimité pour être tête de liste du parti qu’il a créé, le Tapura Huira’atira (Rassemblement pour une majorité autonomiste), actuellement majoritaire à l’Assemblée de la Polynésie. La tâche la plus ardue du parti d’Edouard Fritch sera de composer une liste qui puisse satisfaire tous les représentants politiques et autres maires qui ont décidé de rejoindre le Tapura Huira’atira. De son côté, Gaston Flosse ne cache pas son intention de se présenter en tête de liste de son parti, le Tahoera’a Huira’atira, qui fêtait ses quarante années d’existence début octobre. Une fête marquée notamment par l’inauguration d’une nouvelle permanence à Papeete, signe que la campagne du « Vieux Lion » sur le terrain a déjà commencé.
Toutefois, le doute persiste sur sa participation à ces élections. En effet, Gaston Flosse est, selon le Parquet de Papeete, inéligible jusqu’en 2019, étant condamné à deux ans d’inéligibilité dans l’affaire dite du « SED ». Gaston Flosse avait déjà été condamné à l’inéligibilité en 2014, jusqu’en 2017, dans l’affaire dite de « la vaisselle de la Présidence ». Pour le Parquet général, il n’y a pas de confusion des peines et par conséquent, la seconde peine d’inéligibilité est valable depuis la fin de la première, c’est-à-dire, juillet 2017. Peu de chances donc que le Haut-Commissariat de la République valide une liste du Tahoera’a Huira’atira avec Gaston Flosse. Réponse en mars prochain.
Les indépendantistes en réflexion
Du côté du parti indépendantiste Tavini Huira’atira, la participation aux prochaines élections territoriales devrait être validée début décembre, lors du Congrès du parti. Si la réponse est oui, le parti devra se pencher sur son programme et ses listes. Lors des Législatives de juin 2017, le parti d’Oscar Temaru a décidé de procéder par appel à candidature. Une bonne façon de mesurer la motivation des candidats, de repérer des pépites et d’avoir un large panel d’informations sur ceux qui pourraient représenter la relève indépendantiste. Un procédé défendu par certains membres éminents du Tavini Huira’atira pour les prochaines territoriales.
Le parti indépendantiste devra également décider s’il se présente sous la composante UPLD, c’est-à-dire avec d’autres partis, ou seul, sous réserve d’un oui pour les territoriales. Toutefois, la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU semble avoir déplacé les intérêts politiques primordiaux du parti indépendantiste, qui garde également un mauvais souvenir de ses relations avec l’Etat alors qu’il était au pouvoir. Au sein même du parti, les avis divergent sur la nécessité de concourir aux territoriales et son fondateur, Oscar Temaru, devra trancher tout en écoutant sa base.
Du côté des autres partis, Teiva Manutahi (de Porinetia Ora) a d’ores et déjà commencé sa campagne électorale. Tauhiti Nena, ancien du Tavini Huira’atira et fondateur du Tau Hoturau, reste silencieux. Son échec aux Législatives le pousserait à revenir dans le giron d’un parti majoritaire. Enfin, il se pourrait qu’une liste La République en Marche soit investie en Polynésie. S’il y a peu de chances qu’une antenne locale d’un parti national fasse une entrée fracassante dans l’électorat polynésien, il pourrait toutefois être le premier parti national à présenter une liste à une élection territoriale en Polynésie.