Les habitants de Saint-Leu (ouest de La Réunion) ont dit très largement non dimanche mais avec une faible participation à une carrière d’extraction de roches massives pour la nouvelle route du littoral (NRL), lors d’un référendum local organisé par le député-maire Thierry Robert, qui militait pour le non.
Si les votants ont rejeté à 81,1% ce projet porté par le président (Les Républicains) du conseil régional de l’île, Didier Robert, la participation n’est que de 28%. Seuls 7.194 des 25.595 inscrits sont en effet allés voter. Or, selon le code général des collectivités encadrant le référendum local, le résultat d’une telle consultation s’impose si la moitié au moins des électeurs prend part au scrutin et s’il réunit la majorité des suffrages exprimés. Dans le cas contraire, le référendum est alors purement consultatif. Le bras de fer entre les deux hommes est donc loin d’être terminé. Porté par la SCPR (Société concassage préfabrication de La Réunion), ce projet prévoit l’implantation d’une carrière à Bois-Blanc, quartier situé sur le littoral de la commune.
Les roches massives extraites de ce site doivent servir à approvisionner en matériaux le chantier de la nouvelle route du littoral. Long de 12 km, ce nouvel axe de circulation sera construit sur la mer et reliera le nord et l’ouest de l’île. Selon Thierry Robert, principal adversaire de Didier Robert, « cette méga-carrière » représentant « 68 terrains de football homologués« , « une profondeur d’un immeuble de 25 étages » et nécessitant « des tirs de mines et 900 rotations quotidiennes de camions » provoquera des nuisances graves sur le plan sanitaire. Il s’est appuyé sur l’avis défavorable émis par l’Agence régionale de la santé et un courrier signé par plus de 300 médecins mettant en garde contre ces risques sanitaires. Derrière ce référendum se profile un nouvel affrontement entre les deux hommes. Car en tentant de retarder, voire d’empêcher l’ouverture de la carrière de Bois-Blanc, Thierry Robert espère bloquer les travaux de la nouvelle route et entraver ainsi Didier Robert, qui a fait de ce chantier le pilier central -unique, disent ses détracteurs- de sa politique à la tête de la région.
L’attribution des marchés pour le chantier fait l’objet d’une enquête préliminaire menée par le parquet national financier pour corruption et favoritisme. Plusieurs perquisitions ont été menées par les enquêteurs notamment chez Didier Robert et chez son épouse.
Avec AFP.