Nouvelle-Calédonie : Vers une politique de l’eau à l’échelle du pays

Nouvelle-Calédonie : Vers une politique de l’eau à l’échelle du pays

Illustration ©Gouv.nc

Six mois seulement après le Forum H2O, qui a permis aux institutions et aux professionnels de faire l’état des besoins, le gouvernement présentait hier plus de 700 actions pour une première politique de l’eau partagée en Nouvelle-Calédonie. Elle poursuit plusieurs objectifs, dont les plus élémentaires qui ne sont pas forcément encore atteints, comme distribuer, à tous, une eau de qualité, assainir les eaux usées, mais aussi et surtout protégé une ressource de plus en plus rare. Un sujet de notre partenaire La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

« Pour un pays développé les chiffres ne sont pas très bons ». Cette phrase du membre du gouvernement en charge notamment de l’écologie et du développement durable, Didier Poidyaliwane, résume assez bien la situation sur la ressource en eau, son traitement et sa distribution en Nouvelle-Calédonie. « On a un problème de gouvernance de l’eau et de répartition des compétences, rien n’est prévu par les différents accord et encore moins par la loi organique donc chaque collectivité faisait dans son coin du mieux qu’elle pouvait », ajoute Nicolas Metzdorf, membre du gouvernement en charge de l’agriculture.

Ce que l’on sait depuis le Forum H2O d’avril dernier, c’est que l’accès à l’eau est inégal sur le Caillou. Sept ménages sur 100 n’ont pas accès à l’eau potable, ce qui est également le cas de 40 % de la population de la Côte Est. Selon le gouvernement et les professionnels, « cette inégalité s’accompagne d’un usage de l’eau non responsable ». On apprend qu’un Calédonien utilise jusqu’à 1 600 litres/jour/homme sur la Côte Est, 350 litres dans le Grand Nouméa, contre 130 à 175 en Métropole et en Australie. Dans le même on sait que pour assurer la protection de l’eau potable, la mise en place de normes et de contrôle est quasi-inexistante. On sait aussi que 15 % des communes ne facturent pas l’eau et sur ces communes, moins de 50% de la population a droit à un approvisionnement sécurisé. Et la liste est encore longue, très longue…

Pour remédier à cela, ou du moins apporter un début de réponse, durant 6 mois professionnels et institutions, gouvernement aux manettes, ont planché pour proposer une politique de l’eau partagée à l’échelle du pays. « Je me félicite qu’au sein du gouvernement un membre indépendantiste et un non-indépendantiste aient pu réussir à se mettre d’accord et bâtir, en 6 mois, cette politique publique d’intérêt général pour les Calédoniens », tient à préciser Nicolas Metzdorf. Pour élaborer puis mettre en œuvre cette PEP (Politique de l’Eau Partagée), les institutions ont mobilisé leurs services au sein de la MISE (Mission Inter-Services de l’Eau). Il en ressort 708 actions pour six objectifs stratégiques à savoir protéger la ressource et les milieux naturels, distribuer une eau de qualité, assainir nos eaux usées, sensibiliser l’ensemble des Calédoniens aux enjeux de l’eau, aménager durablement l’espace et enfin, disposer d’eau pour une agriculture dont l’ambition est de tendre vers l’autosuffisance alimentaire.

Comment ? En Sanctuarisant les zones de captage et les ressources stratégiques, en préservant nos milieux, mais aussi en fournissant 150 litres par jour d’eau potable à tous les Calédoniens à échéance 2025 et en s’orientant vers le « zéro-rejet d’eau non traitée » à échéance 2045. Mais ce n’est pas tout, les acteurs se sont fixés comme objectif commun de mettre l’eau au centre de tous les projets d’aménagement et de mieux la maîtriser pour augmenter la production agricole locale et parvenir à un taux de couverture alimentaire de 50 % à échéance 2030 (70% de l’eau consommée est à destination de l’agriculture). Pour tout cela, il va falloir faire changer les habitudes, c’est pourquoi un volet sensibilisation, communication, éducation et formation est prévu pour faire « de tous les Calédoniens des hydro-éco-citoyens ».

Nicolas Metzdorf, membre du gouvernement, explique que ce n’est qu’une première étape : « Après cette restitution, le plan d’actions partagé sera enrichi, puis, nous proposerons de mandater la MISE, d’abord pour porter ce document d’orientation stratégique au Congrès, ensuite, et dès lors que ces orientations auront été approuvées par les élus, pour étudier différents modèles économiques et modèles de gouvernances capables de conduire à bien cette politique ».