Nouvelle-Calédonie : Une première formation en milieu carcéral

Nouvelle-Calédonie : Une première formation en milieu carcéral

©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

En Nouvelle-Calédonie, huit prisonniers ont débuté ce lundi matin la première formation dispensée au sein du Camp-Est. Proche d’une libération, ces détenus triés sur le volet ont fait le choix d’apprendre un métier durant deux mois « pour démarrer une nouvelle vie » dès leur sortie. Une première qui en appelle d’autres. Un reportage de nos partenaires de La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

La toute première formation professionnelle organisée dans les murs du centre pénitentiaire Camp-Est a débuté ce matin, à Nouville. Huit détenus en fin de peine vont suivre pendant deux mois cette formation premier niveau d’employabilité en soudure dispensée par l’EFPA (établissement de formation professionnelle pour adulte) et financée par la direction de la formation professionnelle continue (DFPC) du gouvernement. Objectif : réinsérer professionnellement les stagiaires dès leur sortie du Camp-Est. Pour beaucoup de spécialistes, le meilleur moyen qu’ils n’y retournent pas.

C’est sous l’impulsion de Jean-Louis d’Anglebermes, Vice-président du gouvernement en charge notamment de la formation professionnelle, que cette première sur le territoire a pu se mettre en place, en accord avec le juge d’application des peines. « Il y a quelques mois, nous sommes rencontrés avec le vice-président et le directeur de l’EFPA et nous avons discuté, dans mon bureau, de la soudure. Un métier où il y a une forte demande en Nouvelle-Calédonie, porteur d’avenir, et pour lequel nous réalisions déjà une simple activité avec quelques détenus », explique Régis Baudoin, directeur du centre pénitencier. « En visitant notre petit atelier nous nous sommes décidés à lancer ce projet ».

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Le partenariat s’est alors affiné entre les différentes parties et il ne restait plus qu’à trouver les détenus, mais pas n’importe lesquels. Il faut qu’ils soient très motivés, avec une expérience et un intérêt pour la soudure, en capacité de se former, avec une scolarité à minima en 3e et une bonne maitrise du français, et surtout, c’était la condition, dont la sortie de prison est programmée dans quelques mois. Huit d’entre eux ont rapidement souhaité s’investir « pour ne pas sortir sans rien, dans l’inconnu », précise Nicolas (nom d’emprunt), 23 ans, de Canala, qui purge une peine de deux ans pour des vols à répétition. « Je veux retourner chez moi, sur la côte Est, mais si je n’ai rien ce sera très difficile », admet-il. « Je suis motivé, j’ai envie de travailler, mais en sortant de prison si je n’ai pas de diplôme personne ne voudra de moi ». C’est aussi pour lui le moment de voler de ses propres ailes, et de subvenir à ses besoins en toute légalité.

Philippe, originaire de Lifou, lui, connait déjà la soudure pour l’avoir pratiqué avant son entrée au Camp-Est. « Je suis un récidiviste pour conduite en état d’ivresse. J’ai vraiment envie de me perfectionner pour pouvoir réaliser des travaux, monter des structures et pouvoir aider ma famille qui a des projets dans le tourisme aux îles Loyauté. Ce sera un nouveau départ, j’attends ça avec impatience ».

« Un véritable parcours de réinsertion »

Grâce à l’atelier monté à l’intérieur du Camp Est par l’EFPA, avec huit postes de soudure déménagés de l’antenne de Bourail, et aux formateurs, ces détenus vont être former pendant deux mois, sur un total de 315 heures à raison de 35 heures par semaines. « Nous n’avons rien inventé. Mais il fallait trouver la volonté et les personnes adéquates et motivées pour réaliser ce projet. Je suis très heureux que nous ayons enfin abouti », précise Jean-Louis d’Anglebermes. « Souvent, une fois que les détenus sont formés, ou orientés vers des formations après leur détention, ils disparaissent dans la nature. Nous allons veiller à ce que ce début de formation soit un véritable parcours de réinsertion et qu’elle soit suivie par un parcours qualifiant. C’est la politique que nous avons choisi d’appliquer au gouvernement, des formations et de l’insertion professionnelle pour les personnes les plus éloignées de l’emploi ».

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Ces huit détenus, s’ils franchissent avec succès cette étape, auront la possibilité de passer une habilitation sur l’une des deux techniques de soudure auprès d’un organisme agréé. A la clé, un emploi ou une intégration au sein de l’EFPA pendant neuf mois avec des périodes de stage en entreprises et un diplôme niveau V. Le graal pour certains d’entre eux. « J’espère que vous allez donner de l’espoir aux autres détenus, mais aussi à tous les jeunes très éloignés de l’emploi que vous croiserez plus tard dans vos vies respectives. Vous pourrez montrer ainsi que contrairement à ce que beaucoup pensent, dans la vie tout est possible », a conclu le vice-président du gouvernement qui réfléchit déjà à la mise en place d’une autre formation en entretien d’espaces vert, un créneau qui offre aussi de nombreuses possibilités d’emploi partout sur le territoire.