Nouvelle-Calédonie : « Le pays (…) sera indépendant dans le cadre de la francophonie », selon le président du Sénat coutumier

Nouvelle-Calédonie : « Le pays (…) sera indépendant dans le cadre de la francophonie », selon le président du Sénat coutumier

©Actu.nc

A quelques jours du deuxième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, notre partenaire Actu.nc s’est entretenu avec Justin Gaïa qui a succédé à Hippolyte Sinewami-Htamumu à la présidence du Sénat coutumier pour un mandat d’un an. Il évoque le dossier nickel, l’indépendance, les relations au sein de cette institution ou encore, l’incendie qui a ravagé la Grande case du Sénat en août.  

Quel est votre programme pour cette mandature d’un an ?

Premier sujet, c’est d’abord l’usine du Sud. Faire en sorte que le Sénat soit pleinement engagé dans ce dossier. A ce sujet, nous avons créé une commission légale spéciale au sein du Sénat, ce qui n’avait jamais été fait jusqu’à présent. Cette commission va se charger d’étudier toute la problématique nickel sur la Nouvelle-Calédonie. On fera aussi tout l’historique dans les tribus pour savoir si au niveau de la fiscalité si les Calédoniens en ont vraiment profité. Et l’autre point important dans le dossier nickel, c’est l’état du pays.

On va vers la proposition de travailler sur un établissement public dans lequel il y aura toutes les grandes directions liées aux aires coutumières. Il y aura une direction en charge de la gestion des terres coutumières – que nous espérons récupérer – et de tout ce qui concerne l’état civil coutumier. Il y aura 2 chambres : le Congrès avec le monde électif et le futur sénat. Le 3epoint, c’est le livre du chemin de la jeunesse kanak. L’objectif de ma mandature, c’est le 4e congrès de la jeunesse kanak.

Quelle est la position du Sénat coutumier quant au référendum du 4 octobre ?

Nous disons seulement aux électeurs : « allez voter ».  Nous leur demandons simplement de la participation. Chez nous, il y a des indépendantistes et des loyalistes. Nous leur demandons de faire de leur devoir d’électeur et d’appliquer leur droit civique. Demain, je suis convaincu que le pays sera souverain, mais il sera indépendant dans le cadre de la francophonie. Le lien avec la France est quasiment éternel. La francophonie continue de réunir les pays africains qui sont devenus indépendants. Demain, la langue nationale du pays restera le français car on a plus de 30 dialectes ici.

Le Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie

Le Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie

Il y a deux ans, le Sénat coutumier a connu une lutte de pouvoir intestine. Aujourd’hui, quels sont les rapports entre les sénateurs ?

Cela nous permis de faire le point et de repartir sur de bonnes bases. C’est dû au fait qu’il y a eu un décalage entre les sénateurs et leurs pays respectifs, comme s’ils étaient déconnectés de leurs aires. Ils n’obéissaient plus à leur pays, quelque chose qui n’est pas concevable dans le monde kanak. Cela a permis de rappeler que le Sénat coutumier est l’émanation des 8 pays kanak et de réguler les choses. On est repartis sur de bonnes bases. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. La coutume est quelque chose de vivant. Les gens qui sont responsables font évoluer les choses dans l’intérêt général, surtout s’il y a de la transparence.

Au mois d’août, la grande case du Sénat coutumier est partie en fumée. Quel regard portez-vous sur cet incident ?

Il a beaucoup marqué le monde coutumier car une case c’est symbolique. Pour moi, c’est un épiphénomène. Cela a été l’état d’esprit d’un individu à un moment précis. Ce n’est pas quelqu’un à mettre en prison, mais à renvoyer à la tribu pour qu’il repense les choses avec son clan. Les coutumiers ont l’approche des forces environnementales, des forces invisibles. Ils se disent que cet endroit n’est peut-être pas l’endroit pour faire une case. L’idée est de reconstruire cette case, mais plus au même endroit. C’est peut-être aussi mon travail vis-à-vis de la jeunesse.