Le groupe de dialogue mis en place à l’initiative d’Edouard Philippe en Nouvelle-Calédonie pour préparer la suite du référendum sur l’indépendance du 4 novembre connait une nouvelle crise sur fond de querelle politique locale.
« Il y a dans ce groupe des personnes incapables de se montrer à la hauteur des enjeux et qui n’ont aucune volonté d’aboutir », a fustigé devant la presse Philippe Michel, secrétaire général de Calédonie Ensemble (centre droit) et président de la province Sud calédonienne. Ses propos visaient la branche droitière des loyalistes – Le Rassemblement-LR et les Républicains Calédoniens – qui ont jeudi claqué la porte de cette instance, baptisé groupe de dialogue « Sur le chemin de l’avenir ». Les indépendantistes du Palika ont également dénoncé un « dialogue de sourd » avec cette frange très à droite des non indépendantistes.
Fin février, Le Rassemblement-LR et Les Républicains calédoniens avaient déjà quitté ce groupe avec fracas à cause d’un propos liminaire sur le texte fixant, entre autres, la date du référendum puis, grâce aux bons offices d’Edouard Philippe, l’avaient réintégré. Sous la présidence du Haut-commissaire Thierry Lataste et en présence du représentant personnel du Premier ministre, le conseiller d’Etat François Seners, il était réuni depuis mercredi pour évoquer le bilan de l’accord de Nouméa (1998) après avoir accouché dans la douleur fin avril de « propositions de valeurs partagées », actuellement soumises à une consultation publique.
C’est ce sujet qui a suscité un clash jeudi après-midi après que Sonia Backès, leader des Républicains Calédoniens, eût affirmé lors d’une conférence de presse qu’elle était à l’origine de cette sollicitation de la population, accusant Calédonie Ensemble et les indépendantistes du FLNKS d’avoir voulu faire les choses « en catimini ». « C’est totalement faux et j’ai souhaité rectifier ce mensonge », a déclaré Philippe Michel, produisant un courrier du 23 mars transmis à Edouard Philippe dans lequel Calédonie Ensemble (CE) et les représentants du FLNKS remettaient « un projet de charte des valeurs calédoniennes » et sollicitaient « une consultation citoyenne ».
Dans un communiqué, le sénateur Pierre Frogier (LR) et le président du Congrès Thierry Santa (Rassemblement-LR) ont dénoncé « une alliance politique » CE et lePalika (FLNKS, indépendantiste), « qui reste résolue à obtenir un accord politique quel que soit le résultat » du référendum. De son côté, Sonia Backès s’est insurgée contre « l’agressivité perpétuelle de certains membres » du groupe, évoquant toutefois « un retour possible ». Le Haut-commissariat de la République a sobrement pris acte de « cette mise en retrait », annonçant une nouvelle réunion du groupe de dialogue fin juin. « Quoiqu’il arrive, nous avons l’intention de poursuivre ce dialogue, sans lequel nous ne construirons pas l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », a déclaré Philippe Michel.
Avec AFP.