Nouvelle-Calédonie : Jean-Yves Le Drian et Philippe Germain abordent les sujets de géopolitique internationale

Nouvelle-Calédonie : Jean-Yves Le Drian et Philippe Germain abordent les sujets de géopolitique internationale

©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

Pêche, agriculture, environnement, Mer de Corail, tels ont été les sujets de géopolitique internationale abordés par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avec le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Philippe Germain, qui livre ici un résumé des discussions qui durent entre les deux hommes depuis trois jours, en Australie, et ici. Propos recueillis par nos confrères de la Dépêche de Nouvelle-Calédonie, avec l’Agence Presse Pacifique.

« Dans une politique portée par le Chef de l’État au niveau de la région et à l’occasion de la rencontre officielle qu’il a mené ces trois derniers jours en Australie, c’est une bonne chose que la France, que l’État, se soucie de cette région et souhaite beaucoup plus s’impliquer dans notre région », a indiqué Philippe Germain, chef du gouvernement collégial calédonien. « Ce matin, cela a été l’occasion pour nous de donner le point de vue de la Nouvelle-Calédonie au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et c’est bien qu’il ait ces deux casquettes, de lui faire part des besoins de développement de la région qui a besoin de développement économique ».

La Pêche

Un exemple, se réapproprier ses ressources halieutiques, aujourd’hui 60 % de la pêche mondiale de thon, comme 50 % de la consommation européenne de thon provient du Pacifique. Or, ce ne sont pas les territoires des pays du Pacifique qui exploitent cette ressource, ce sont des armements étrangers à la région, principalement asiatiques, en achetant des licences pour des montants dérisoires à ces territoires, et privent donc notre région d’emplois, de valeur ajoutée, de savoir-faire. Donc il y a une politique à mener en collaboration avec l’Australie, l’Union européenne, le Japon, la Chine bien entendu, pour permettre à cette région de profiter de sa propre ressource.

L’agriculture

C’est des politiques en matière agricole, pour que notre région accède à l’auto-suffisance alimentaire et que ces territoires puissent aussi devenir des exportateurs, là encore pour une question de création de valeur ajoutée, une question d’emplois.

L’environnement

Ce qui est un avantage pour la région, c’est sa politique de développement touristique, parce que nous avons là aussi un certain nombre d’atouts. C’est bien entendu la question environnementale. En contrepartie des aides internationales dont bénéficie la région, nous avons une contribution à la question de la protection de la biodiversité à l’échelle mondiale. Je vais prendre l’exemple de la Nouvelle-Calédonie, il ne reste que 1,5 % des récifs de la planète qui sont encore à l’état naturel, à l’état vierge, et un tiers sont dans les eaux calédoniennes. Donc, on a un devoir au regard de la communauté internationale, devant les générations futures, de préserver ce patrimoine mondial de biodiversité. Il faut que l’on ait une politique à l’échelle régionale ainsi que l’appui des grandes nations pour mettre des politiques de préservation de notre biodiversité.

Le Parc naturel de la Mer de Corail

La Nouvelle-Calédonie a classé la totalité de sa Zone économique exclusive en Parc naturel, avec un plan de gestion pour organiser à la fois la protection de sa biodiversité par rapport aux usages qui sont faits de l’océan, nous sommes moteurs là-dessus, nous sommes en train de travailler sur un projet.

C’est toute cette politique qui doit être envisagée, et c’est une bonne chose que le Chef de l’Etat, tel qu’il l’a annoncé en Australie veuille mener une politique depuis l’Inde jusqu’au Pacifique avec le concours de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et bien entendue de la Chine également, pour qu’il y ait une politique qui soit portée par les grandes puissances, à la fois en matière de protection de la biodiversité mais également en matière de développement économique.

Le cas particulier de la Mer de Corail

A l’issue de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères et Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire, Philippe Germain, président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, précisait les quatre axes du projet de Parc de la mer de Corail.

« La Nouvelle-Calédonie a classé la totalité de sa Zone économique exclusive en Parc naturel, avec un plan de gestion pour organiser à la fois la protection de sa biodiversité par rapport aux usages qui sont faits de l’océan, nous sommes moteurs là-dessus, nous sommes en train de travailler sur un projet qui a quatre piliers, c’est, comment développer la recherche, la connaître, se faire connaître à l’échelle internationale.

L’innovation, le deuxième pilier, c’est comment surveiller notre espace maritime pour inventer les nouveaux métiers il faut passer par l’innovation pour travailler le troisième pilier, un développement économique durable, respectueux de l’environnement avec une pêche responsable, ce qui est déjà le cas en Nouvelle-Calédonie, avec une transformation qui aille plus loin que ce que nous faisons aujourd’hui, l’aquaculture, la croisière à gérer, on organisait les états généraux du tourisme à l’Île des Pins la semaine dernière, c’est pour dire comment on peut tirer profit du tourisme sans porter atteinte à notre environnement et à la vie des gens. Il faut aller vers un tourisme d’exception, un tourisme authentique.

©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

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Le quatrième pilier de cette politique, c’est bien entendu d’exporter ce modèle de gestion de protection de notre biodiversité auprès de nos voisins pour que petit à petit ce soit toute la mer de Corail qui soit gérée avec de bonnes pratiques à la fois d’usage et de préservation de la pêche. Nous sommes dans une région où il y a une activité de sur-pêche qui n’est pas contrôlée, faute de moyens suffisants et avec des abus, voire de la pêche illégale, on l’a subie nous-même avec les blue boats, mais on sait également que des bateaux de pêche peuvent pendant quelques heures ou quelques jours franchir notre ZEE pour pêcher dans notre région ».