Antonin Beurrier, PDG de Vale NC, était l’invité de nos confrères de RRB ce jeudi 19 novembre. L’occasion de faire un point de situation, alors que le contexte politique et social est des plus tendus autour de l’usine du Sud. Fonctionnement de l’usine, manifestations, répartition du capital avec l’entrée de chefferies, offre de Sofinor Korea-Zinc, le point.
Devenu l’épicentre de toutes les tensions et le sujet de toutes les prises de position politiques, le dossier de l’usine du Sud n’en finit plus de faire couler l’encre. Pris entre intérêts politiques, impératifs de rentabilité, nécessité de sauvegarde des emplois, négociation autour de la vente de l’outil industriel, dans un climat de tensions sociales latent, le groupe Vale tente de maintenir la barre en pleine tempête. Plutôt discret depuis plusieurs semaines, principalement en raison des clauses de confidentialités qui entourent les négociations de vente, le PDG de Vale NC était au micro de RRB, au lendemain d’une journée de tension qui a cristallisé toutes les inquiétudes.
Une situation économique difficile au mois de novembre
Résultat des tensions, blocages et actions des opposants à la vente au groupe Trafigura, l’usine a dû tourner au ralenti, et à frôlé l’arrêt total. Une situation qui a logiquement impacté le résultat du groupe. « Nous pouvons assurer un niveau d’activité minimal, pour assurer l’intégrité de l’usine, pour éviter un arrêt qui pourrait être catastrophique tant sur le plan des risques que sur le plan économique (…). On a trouvé un accord avec les gens qui sont sur les barrages pour que le minimum des équipes puisse au moins assurer l’intégrité de l’outil, qu’il n’y ait pas de dégradation et qu’on en reste là. Ça permet de limiter les dégâts, même si le mois de novembre va être catastrophique (…). Le mois d’octobre, on était à l’équilibre d’exploitation, on était sur une bonne dynamique. C’est une grande déception, pour l’entreprise et pour les sous-traitants, on a dû déclarer force majeure, c’est beaucoup de gens sur le carreau et je trouve que c’est un immense gâchis ».
Le point sur l’offre de Trafigura (Prony Ressources)
« La solution de reprise est établie, elle est définie, elle est prête. Il ne manque que deux choses. La structure de l’actionnariat calédonien (…), il fallait qu’on soit flexible et qu’on donne un espace au dialogue pour que tout le monde s’y retrouve, qu’il n’y ait pas de perdants et de gagnants (…). Il reste maintenant à finaliser les accords bancaires, c’est un tour de table de 120 milliards que nous avons réaliser en un mois. C’est incroyable, ça nous permet de repartir pour les prochaines années avec une structure financière complètement assainie ».
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Interrogé au sujet de la part de capital réservée aux intérêts calédoniens, il précise : « Les 50% réservés aux intérêts calédoniens sont non diluables, ils sont sanctuarisés, ils ne bougeront pas (…). Ils auront 4 sièges sur 8 au conseil d’administration (…). On a proposé, sous l’égide de la Province Sud. Mettons tout le monde à côté de l’actionnariat salarié, qui pourrait accepter de réduire sa part, passant de 23% à 20% ou 15%, c’est à eux de voir. Mais cela permettrait d’avoir entre 30% et 35% qui seraient réservés : aux intérêts provinciaux, aux trois communes du grand Sud – Mont-Dore, Yaté, Île des Pins – et, et c’est très important et innovant, aux 8 chefferies de l’ère Djubéa-Kaponé. On a envie d’embarquer tout le monde avec nous, et de montrer notre respect aux populations de l’endroit (…). C’est une main tendue que nous leur adressons ».
L’offre Sofinor-Korea Zinc
Interrogé sur l’offre de Sofinor-Korea Zinc, soutenue par les différents groupes coutumiers et indépendantistes, Antonin Beurrier explique pourquoi l’offre n’a jamais été retenue : « Première chose, ce n’est pas Antonin Beurrier qui décide. C’est Vale qui va remettre des moyens à un consortium qui doit être crédible, donc ce sont eux qui décident. Évidemment en coordination et le contrôle de l’État qui est prêt à soutenir ce projet de reprise, et la Province Sud. Ce sont eux les grands décideurs ».
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Concernant les propositions du groupe Sofinor-Korea Zinc, il image : « Il y a eu une copie remise en avril, ils ont raté l’écrit. Il y a eu un rattrapage à l’oral en septembre. Ils ont raté le rattrapage à l’oral, et maintenant, on dit « j’ai pas eu le temps de réviser ». Désolé, ça ne marche pas comme ça. Chaque dossier a été évalué, on sait tous, et je le dis respectueusement pour mes collègues et anciens amis à la Sofinor, on sait tous qu’il n’y a pas le portage financier à la Sofinor (…). Korea Zinc n’a jamais prit d’engagement ferme sur des montants financiers. Les discussions qui ont eu lieu n’ont absolument pas apporté, ni a Vale, ni à l’État, ni à qui que ce soit, les moindres garanties. Est-ce que oui ou non, ils ont dit « on met 120 milliards sur la table ». Le financement de l’État sera très compliqué, et Vale n’a pas du tout envie de prêter cet argent-là. Alors on peut faire des spéculations, mais les faits sont têtus ».
Le sujet de la table ronde demandé par les opposants
« Le dialogue n’est jamais hors sujet, on est les plus flexibles et les plus ouverts possible pour intégrer tout le monde là dedans (…) Il y a une proposition sur la table, avec 50% d’intérêts calédonien (…) Si des gens de bonne volonté se disent : « c’est un progrès, on a envie d’aller là dedans », on discute H24 tant qu’on veut. Si le dialogue c’est : « c’est notre solution, ou rien d’autre », ce n’est pas possible ».