Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie sont opposés à la cession d’une action de la SLN (Société Le Nickel) à l’Etat, remettant en cause le prêt d’argent public de 127 millions d’euros destiné à sauver la société en grande difficulté.
« L’Etat nous propose une solution qui ne nous convient pas. Pour nous, c’est niet« , a déclaré à la presse Roch Wamytan, élu territorial de l’Union Calédonienne (UC-FLNKS). Vendredi, les élus indépendantistes de la province Nord, où ils ont la majorité, ont refusé les conditions du prêt de sauvetage de l’Etat à la SLN. En cause ? La cession symbolique à l’Etat d’une action de la STCPI, société porteuse des parts des trois provinces calédoniennes dans le capital de la SLN (34%). Ceux de la province Sud se sont abstenus. Les indépendantistes Kanak ont expliqué que cette cession « touchait au coeur de leur projet politique« , assis sur la maitrise de la ressource minière. Or, l’opération était un préalable indispensable au prêt de 127 millions d’euros consentis par l’Etat et annoncé à Nouméa fin avril par Manuel Valls pour permettre aux collectivités locales de participer au sauvetage de la SLN. Premier employeur privé du Caillou, l’entreprise perd 200 millions d’euros par mois, à cause de la dégringolade des cours, et risque d’être à cours de trésorerie fin juillet. Des doutes apparaissent d’ores et déjà sur le versement des salaires des 2 150 employés de la SLN.
Jeudi, le député Philippe Gomes, président délégué de la STCPI, s’était félicité des modalités du prêt obtenues au terme d’âpres négociations avec l’Etat, sans envisager ce blocage politique des indépendantistes. »Défendre des symboles, oui. Au prix de la destruction d’équilibres très difficilement construits, non« , a-t-il réagi, rappelant qu’en assemblée générale, la STCPI avait entériné le prêt. Selon lui, l’Etat devrait désormais prêter cet argent soit directement à la SLN, soit à sa maison-mère Eramet. « Cela n’empêche pas que nous finalisions nos observations car nous voulons que les conditions avantageuses acquises au profit de la STCPI, soient appliquées à tout nouveau prêt« , a-t-il déclaré lundi à l’AFP. Proche des indépendantistes, André Dang, président de la STCPI, s’était montré réticent dès le mois de mai à cet emprunt, lui préférant une augmentation de capital.
Dans le cadre de leur stratégie politique en Nouvelle-Caledonie où un référendum d’autodétermination aura lieu au plus tard en 2018, les indépendantistes Kanak entendent que l’archipel prenne le contrôle de la SLN, opérateur historique du nickel et clé de voûte de toute l’économie de la Collectivité.
Avec AFP.