Nickel : 300 millions d’euros d’aide à la SLN ?

Nickel : 300 millions d’euros d’aide à la SLN ?

L’information a été révélée hier par le JDD. L’Etat et Eramet s’apprêteraient à injecter 300 millions d’euros d’aide à la filiale calédonienne du groupe minier, la Société Le Nickel, sous forme de prêt. L’enjeu est de taille car la Société Le Nickel (SLN) est le premier employeur privé de la Nouvelle-Calédonie et la santé de ce secteur économique va de pair avec l’avenir institutionnel du Caillou.

Ce samedi, Outremers360 expliquait les grands enjeux de la visite du Premier ministre en Nouvelle-Calédonie. Au programme de son séjour : avenir institutionnel et politique et crise du nickel. Et alors que les annonces de mesures d’aides au secteur étaient réservées au discours de Manuel Valls prévu à l’usine historique de Doniambo ce vendredi, le Journal du Dimanche a révélé, hier, ce qui devrait être l’annonce majeure du plan d’aide de l’Etat pour la filière nickel calédonienne. En effet, « selon plusieurs sources, le schéma envisagé consiste à injecter dans la SLN environ 300 millions d’euros sous forme de prêts de l’Etat et d’Eramet », rapporte le JDD. « Pour ne pas apparaître en première ligne, Bercy prévoit de prêter entre 100 et 150 millions d’euros aux provinces calédoniennes », qui détiennent 34% du capital d’Eramet. Ces mesures d’aide devraient permettre à Eramet d’éviter un plan social à deux ans du référendum d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, qui doit avoir lieu avant fin 2018. Elles devraient être votées par le Conseil d’administration d’Eramet en début mai. D’autre part, l’Etat devrait « apporter sa garantie pour trouver 800 millions d’euros de crédits » pour la construction d’une centrale électrique alimentant l’usine de nickel de Nouméa. De son côté, Eramet, maison mère de la SLN, devrait ne pas remplacer les 80 départs volontaires annuels. Une contre-partie à cette aide pour éviter les licenciements économiques et réduire les effectifs de 10% en trois ans.

Manuel Valls et George Pau-Langevin, lors du dernier Comité des signataires des Accords de Nouméa ©Tenahe F.

Manuel Valls et George Pau-Langevin, lors du dernier Comité des signataires des Accords de Nouméa ©Tenahe F.

Au départ, la solution envisagée était d’augmenter la part de l’Etat dans le capital d’Eramet, majoritairement détenu par la famille Duval. Une demande dans ce sens avait été formulée en mars dernier par le député calédonien Pierre Frogier (LR), entre autres. Mais cette augmentation de capital, ni l’Etat, ni la famille Duval n’en voudraient. De son côté, la famille Duval menaçait de déposer le bilan, refusant de sauver seule la filiale calédonienne. « Eramet ne veut plus financer ce puits sans fond », a expliqué une source proche du dossier au JDD. Elle poursuit, « Et l’Etat ne veut pas reprendre le fardeau ». Mais face à la faillite annoncée de la SLN et la place primordiale de la filière dans l’économie calédonienne, une décision rapide et urgente devait être prise. Il s’agit donc des 300 millions d’euros d’aide sous forme de prêt. En crise depuis début 2015, les cours du nickel ont lourdement chuté à la bourse londonienne et la SLN perdrait environ 20 millions d’euros par mois. Premier employeur privé de Nouvelle-Calédonie avec 3000 salariés, toute l’industrie du nickel représenterait 20 000 emplois au total. Le nickel, c’est aussi 20% du PIB calédonien, 90% des exportations et 80% de l’activité économique privée. Petite embellie ? Les cours seraient repartis à la hausse depuis deux semaines et l’action d’Eramet fait un bond de 40% en un mois.

L'usine historique de Doniambo, à l'entrée de Nouméa. C'est là que Manuel Valls devrait annoncer les mesures d'aides de l'Etat, lors d'un discours devant les acteurs économiques et politiques de la filière, ce vendredi ©sln.nc

L’usine historique de Doniambo, à l’entrée de Nouméa. C’est là que Manuel Valls devrait annoncer les mesures d’aides de l’Etat, lors d’un discours devant les acteurs économiques et politiques de la filière, ce vendredi ©sln.nc

Ces mesures d’aides devraient rassurer le gouvernement calédonien ainsi que les parlementaires, à quelques jours à peine de la visite officielle de Manuel Valls. Philippe Gomes, député calédonien (UDI) et administrateur d’Eramet, pointait du doigt l’inaction de l’Etat, qui « n’a rien fait dans ce dossier depuis le début », et la responsabilité de la famille Duval, qui « a siphonné les caisses ». Il condamnait également les 300 millions d’euros de dividendes versés par la SLN à sa maison mère, Eramet, en 2013. Ce versement aurait engendré une perte de 200 millions d’euros pour la SLN. Parallèlement, Thierry Cornaille, membre du gouvernement calédonien en charge de l’économie, du budget et des finances et également porte-parole du gouvernement, a annoncé aujourd’hui sa démission, « pour raisons personnelles ». C’est Philippe Dunoyer, actuel président de la commission permanente et de la commission du budget du congrès calédonien, qui le remplacera.