Mutation des professeurs pédophiles en Outre-mer : « Aucun élément probant » selon Jean-Michel Blanquer

Mutation des professeurs pédophiles en Outre-mer : « Aucun élément probant » selon Jean-Michel Blanquer

Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a assuré, ce mardi 4 février à l’Assemblée nationale, n’avoir « aucun élément probant » qui pourraient confirmer les propos de Ségolène Royal sur les professeurs pédophiles « discrètement mutés » en Outre-mer.

« Je pense que tout ceci n’a pas de fondement », a déclaré le ministre lors des questions au gouvernement à l’Assemblée, répondant au député de Guyane Gabriel Serville. Jeudi dernier, les maires guyanais avait été les premiers à réagir aux propos de l’ancienne ministre, demandant au gouvernement des explications.

« Avant on mutait discrètement les professeurs pédophiles et si possible dans les Outre-mer comme ça, c’était loin, et on n’en entendait plus parler », avait déclaré Ségolène Royal, interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV. L’ancienne ministre réagissait notamment à l’affaire Gabriel Matzneff. « Les populations des outre-mer qui doivent en permanence faire face à des histoires singulièrement douloureuses ne comprennent pas et exigent des explications. ‘Avant’ c’est quand précisément, ‘on’, c’est qui exactement, et qui sont ces pédophiles dont elle parle, où sont-ils, que sont-ils devenus et quid de ce qu’il se passe actuellement », a déclaré le député Gabriel Serville (GDR) hier à l’Assemblée nationale.

« Nous, parents, enfants et professeurs des Outre-mer voulons savoir. Si ces propos étaient confirmés, nous serions face à un véritable scandale d’État, scandale qui témoignerait, une fois de plus, le peu de considération manifesté à l’égard des Outre-mer par certains de nos dirigeants », a-t-il poursuivi. Jean-Michel Blanquer, qui dit « comprendre l’émotion », assure n’avoir « aucun élément probant venant à l’appui de tels propos ».

« Avant d’envisager quoi que ce soit d’autre, il faut évidemment savoir sur quoi elle se base pour dire une chose pareille. Pour ma part, sur des faits dont elle parle, qui seraient antérieurs à sa fonction assez ancienne maintenant de ministre déléguée à l’éducation, je n’ai absolument aucun élément pour corroborer cela », a-t-il poursuivi. « Il y a une loi de 2016 (…) parfaitement claire sur ces enjeux et qui nous amène à examiner, pour tous les personnels de l’Éducation nationale, l’existence éventuelle de condamnations liées aux enjeux de la pédophilie. Il va de soi que chaque fois qu’une personne est dans ce fichier, elle ne peut pas être titulaire de l’Éducation nationale, la règle est très claire, elle vaut évidemment autant pour la métropole que pour l’Outre-mer », a-t-il assuré.

Audition des ministres et commission d’enquête parlementaire

D’autres députés ont réagi aux propos de l’ancienne ministre, d’abord déléguée à l’Enseignement scolaire de 1997 à 2000 puis déléguée à la Famille, l’Enfance et aux Personnes handicapées de 2000 à 2002. Propos qui ont eu l’effet d’une bombe en Outre-mer. « Les faits que rapporte Madame Royal sont graves » ont écrit les députées réunionnaises Ericka Bareigts, Nathalie Bassire et Huguette Bello dans une lettre commune adressée au président de la Délégation Outre-mer à l’Assemblée nationale Olivier Serva.

Demandant au député de Guadeloupe une audition des ministres Jean-Michel Blanquer et Ségolène Royal, les trois députées entendent « faire toute la lumière sur ces déclarations pour mesurer la réalité et l’ampleur de telles pratiques ». De son côté, le député de Guyane Gabriel Serville a déposé, avec son groupe le GDR -également composé des députés ultramarins Huguette Bello et Moetai Brotherson-, une demande « de commission d’enquête parlementaire afin de faire toute la lumière sur ces affirmations et de s’assurer de la pleine sécurité des 700 000 élèves ultramarins ».