Gaston Flosse en 2008 ©AFP (archives)
Malgré le rejet jeudi par la Cour de Cassation de son pourvoi pour s’inscrire sur les listes électorales de Papeete pour s’y présenter aux Municipales, l’ancien président de la Polynésie Gaston Flosse ne lâche rien et refera le même parcours judiciaire pour mener sa liste.
A 88 ans, Gaston Flosse, qui a également été sénateur, député et maire de Pirae, n’est plus inéligible depuis juillet 2019 et veut rebondir en politique. L’ancien homme fort de Polynésie s’était pourvu en cassation contre le jugement du tribunal de première instance de Papeete, qui avait fin janvier refusé son inscription sur les listes électorales de Papeete, considérant que le local qu’il présentait comme étant son logement dans la capitale polynésienne ne pouvait être considéré comme sa résidence principale.
Gaston Flosse affirme résider à Papeete depuis plus de six mois, dans un local de 15 m2 qu’il sous-loue dans la permanence politique de son propre parti, le Tahoeraa Huira’atira. Mais la mairie de Papeete, puis la justice, ont estimé que ce local ne pouvait être considéré comme sa résidence principale. Dans son arrêt, la Cour de cassation considère que le tribunal a estimé « dans l’exercice de son pouvoir souverain d’appréciation » que Gaston Flosse ne justifiait pas d’un domicile réel dans la commune de Papeete.
La Cour note aussi que le tribunal a « légalement justifié sa décision » en considérant que le délai obligatoire de six mois d’habitation dans la commune pour être inscrit sur les listes électorales « n’était pas acquis à la date de la demande d’inscription de M. Flosse » sur les listes électorales. Le tribunal de Papeete avait estimé que le local de Gaston Flosse « ne saurait être qualifié de local d’habitation en l’absence d’aménagement permettant une habitabilité pleine des lieux (absence de cuisine) et de tout caractère privatif des lieux occupés ». Gaston Flosse avait alors invité la presse à visiter son studio, montrant qu’il disposait d’une cuisine et d’une douche dans un autre espace de la permanence de son parti.
Gaston Flosse a perdu tous ses mandats politiques en 2014, après une peine d’inéligibilité dans une affaire d’emplois fictifs. Il est désormais redevenu éligible, mais toujours poursuivi dans d’autres affaires. Député, sénateur et secrétaire d’État de Jacques Chirac de 1986 à 1988, Gaston Flosse a été maire près de 35 ans de la ville de Pirae mais n’a pas voulu se représenter dans cette commune, aujourd’hui dirigée par le président de la Polynésie française Édouard Fritch, son ancien dauphin devenu son principal adversaire politique. Gaston Flosse s’est donc tourné vers Papeete, dont le maire Michel Buillard lui a refusé en début d’année son inscription sur les listes électorales. Comme Édouard Fritch, Michel Buillard fut parmi les fidèles lieutenants de Gaston Flosse, avant finalement de rejoindre l’actuel président polynésien.
Depuis décembre et la première demande d’inscription sur les listes électorales de Gaston Flosse à Papeete, une bataille politique a débuté entre les deux hommes. Gaston Flosse a souligné que plusieurs SDF, ne disposant pas d’un logement à Papeete, étaient pourtant inscrits sur les listes électorales. Michel Buillard a déposé plainte pour faux et usage de faux, affirmant que le bail de location de l’appartement de Gaston Flosse était un faux. Ce dernier a répliqué en faisant déposer une requête en radiation des listes électorales contre Michel Buillard, arguant que celui-ci réside en réalité à Pirae.
En attendant, Gaston Flosse assure qu’il sera tête de liste à Papeete. Le « vieux lion » a notamment déposé une deuxième demande d’inscription sur les listes électorales de Papeete, qui a déjà été refusée. Néanmoins, l’ancien président repassera par le Tribunal de première instance et s’il le faut, la Cour de Cassation pour obtenir son inscription à Papeete et y concourir. Une course contre la montre alors qu’en face, le parti indépendantiste, un temps pressenti pour s’allier à Gaston Flosse, a présenté sa propre liste cette semaine. Si Gaston Flosse essui un nouveau rejet après cette deuxième tentative, c’est une dissidente du parti indépendantiste, Maryse Ollivier, qui devrait prendre la tête de sa liste.
Pour rappel, les listes de candidats doivent être déposées avant le 27 février pour le 1er tour, et le 17 mars pour le second. De son côté, le Tribunal de première instance à jusqu’au 15 mars pour se prononcer sur la seconde demande de Gaston Flosse, soit la date du premier tour.
Avec AFP.