© Mayotte Hebdo
Ce jeudi 7 avril, Mayotte entame son neuvième jour de mobilisation générale pour défendre « l’égalité réelle ». Un mouvement de grève qui se poursuit en obtenant le soutien de certains élus.
Depuis 9 jours, Mayotte est perturbée par un mouvement de grève générale. Plusieurs barrages ont été érigés aux quatre coins de l’île. Mais cette mobilisation vient de franchir un nouveau cap avec l’adhésion de certains élus à la manifestation. À l’instar du député Boinali Saïd qui a choisi de montrer sa solidarité avec les manifestants en défilant dans les rues ce jeudi 7 avril. Le parlementaire justifie sa prise de position par le caractère fondé des revendications. « Si je veux exprimer ma solidarité, c’est parce que je pense que le mouvement est légitime. Il exprime des revendications réelles (…)Moi je pense y aller, je vais exprimer ma solidarité puisque j’ai cru comprendre que c’est un problème interprofessionnel, économique, social culturel posé au grand jour. Donc, il faut, à mon avis, exprimer sa solidarité. », a-t-il déclaré à la presse. Lundi dernier, une délégation de l’intersyndicale reçue au Conseil Départemental, a obtenu le soutien de la direction de la collectivité. Lancé le 30 dernier mars à l’appel de plusieurs syndicats, les salariés du privé et du public réclament l’application de l’intégralité du Code du Travail, ainsi que l’égalité des prestations sociales avec la France. Elle revendique aussi une hausse des revenus des retraités ainsi que l’alignement de la sur-rémunération sur celle de La Réunion, à 53 %. En filigrane de ce mouvement, c’est le calendrier fixé par le plan Mayotte 2025 qui soulève la colère des syndicats. Pour rappel, ce mouvement pour « l’égalité réelle » était initialement prévu en novembre dernier mais fût repoussé en raison de l’instauration de l’état d’urgence après les attentats.
Mais déjà, certains points de revendications ne font pas l’unanimité. Dans une tribune libre, un autre député mahorais, Ibrahim Aboubacar met en garde contre l’application de mesures prises à la hâte. Selon le député, il était nécessaire de clarifier certains points, même s’il est plus ou moins d’accord avec les différentes revendications que portent les syndicalistes. Il insiste davantage pour un travail en profondeur du code de travail. « L’objectif de l’étendre au 1er janvier 2018 est désormais dans la loi. Quiconque connait ce Code du travail, doit être conscient de l’audace de ce challenge: c’est un délai très court », déclare-t-il. Toutefois, malgré ses points de désaccords, le député mahorais reconnaît certains ratés de la départementalisation de Mayotte. « Dans ce chantier, beaucoup est attribué à la départementalisation ; parfois c’est vrai ; mais souvent à tort. La Cour des Comptes l’a bien pointé : beaucoup de ces retards, de ces dérapages, sont dus à la mauvaise préparation de la départementalisation entre 2001 et 2012 et à son défaut de pilotage »,précise-t-il. Cependant, Ibrahim Aboubacar prône l’association de forces pour le développement économique et social de Mayotte.