Mayotte: L’ intersyndicale refuse de négocier avec la ministre des Outre-mer

Mayotte: L’ intersyndicale refuse de négocier avec la ministre des Outre-mer

© Twitter Abby Said Adinani

La venue de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui envisage de se rendre sur place après la rentrée scolaire prévue lundi, « n’est clairement pas souhaitée », ont déclaré vendredi l’intersyndicale et le Collectif des citoyens de Mayotte, à l’origine du mouvement de contestation populaire qui bloque l’île.

« Elle a péché par son arrogance, sa méconnaissance du territoire (…) Ce n’est clairement pas notre interlocutrice privilégiée », a fermement déclaré Fatihou Ibrahime, un des porte-parole du mouvement. Les manifestants exigent la venue de « quelqu’un qui puisse engager le gouvernement », à savoir le président de la République, le Premier ministre ou le ministre de l’Intérieur.

La ministre a conditionné sa venue à la réouverture lundi des écoles de l’île « mais il n’y aura pas de rentrée, il n’y aura que des grèves », a prévenu le secrétaire départemental du SNUipp, Rivomalala Rakotondravelo. La « grève générale » cessera lorsqu’un membre du gouvernement « se mettra à la table des négociations et sortira des éléments concrets », a promis l’intersyndicale, qui a présenté à la presse une plateforme revendicative commune.

« Une application pure et simple du droit commun »

Le document de 50 mesures a « suscité l’adhésion des élus et des patrons », ont affirmé ses rédacteurs. « Ce sur quoi nous souhaitons négocier, ce n’est pas la sécurité – elle n’est pas négociable – mais sur le développement et le rattrapage », a expliqué Fatihou Ibrahime.
Ce que revendique l’intersyndicale, « c’est l’application pure et simple du droit commun (…), que le gouvernement cesse de justifier son inaction (…) par la spécificité mahoraise ».
Parmi les mesures proposées, beaucoup concernent l’éducation, « le plus gros volet », avec notamment la réduction des effectifs des écoles et le placement de l’ensemble du département en réseau d’éducation prioritaire renforcé. L’intersyndicale exige également un « plafond d’accueil des mineurs isolés » à Mayotte et que ceux-ci soient pris en charge par des communes de métropole, en vertu « de la solidarité nationale ».

De nombreuses propositions portent sur l’immigration clandestine, dont « l’application (…) des sanctions prévues par la loi à l’encontre des personnes qui hébergent » des clandestins et la fin de la délivrance de titres de séjours d’exception (…) limités au territoire de Mayotte ».
Concernant la santé, ils réclament la mise en place « immédiate » de l’aide médicale de l’Etat et de la CMU complémentaire, et sur le volet social, que « toutes les aides sociales accessibles en métropole soient étendues à Mayotte sans délai ».
Enfin, ils souhaitent que les habitants, cibles des « coupeurs de route » ou « des délinquants faisant irruption avec des armes dans les établissements scolaires » soient reconnus comme victimes d’une forme de terrorisme.