Mayotte : Edouard Philippe invite les élus de l’île à rencontrer les membres de la mission

Mayotte : Edouard Philippe invite les élus de l’île à rencontrer les membres de la mission

©REUTERS

Alors que le mouvement social se poursuit et s’est renforcé ce lundi à Mayotte, le Premier ministre Edouard Philippe a adressé un courrier aux élus de l’île afin de les inviter à rencontrer les membres de la mission « de façon à décider d’une méthode qui engagera l’ensemble du gouvernement ».

« Conformément à votre demande, vous pourrez rencontrer lundi (19 mars) les membres de la mission présents sur place, le préfet Jean-Jacques Brot, et le Général commandant la Gendarmerie Outre-mer, Lambert Lucas », écrit le Premier ministre aux élus de Mayotte, qui lui avaient déjà adressé deux courriers auparavant, dont un demandant sa venue sur l’île. « Les missionnaires rentreront pour rendre compte sans délais à la ministre des Outre-mer et à moi-même de vos échanges, de façon à décider d’une méthode qui engagera l’ensemble du gouvernement », poursuit Edouard Philippe qui note la volonté des élus « de reprendre le dialogue dans un climat apaisé ». « Cette méthode impliquera notamment des échanges approfondis avec le gouvernement et ses représentants (…) aussi bien à Mayotte qu’à Paris ». Une méthode qui, selon le Premier ministre, permettra de proposer « dans un délai d’un mois les réponses indispensables qu’appelle le territoire ».

Annick Girardin « a présenté au début de cette semaine des mesures à effet immédiat pour renforcer la sécurité » rappelle-t-il, « comme vous le demandiez, elle vient de vous en confirmer les termes par écrit ». « Grâce à la mobilisation des services de l’Etat et des communes, je constate que le premier tour du scrutin a pu se dérouler dans l’ensemble des bureaux de vote de la circonscription » se félicite-t-il également. Pour rappel, c’est Ramlati Ali, dont l’élection avait été annulée par le Conseil constitutionnel, qui est arrivée en tête du premier tour de la Législative partielle, marquée par un taux d’abstention élevé (près de 70%). Sur CNEWS ce matin, Annick Girardin s’est dite inquiète du « durcissement » du mouvement de contestation qui pourrait provoquer des « affrontements entre communautés ».

« Il y a aujourd’hui un état tel sur Mayotte qu’il y a des risques d’affrontements entre les communautés. C’est inadmissible, on est dans un Etat de droit », a-t-elle déclaré, assurant que Mayotte, 101e département français, « le restera ». Évoquant la pénurie de médicaments à l’hôpital, elle a jugé « utile de laisser passer tous les véhicules d’urgence, même si aujourd’hui encore le mouvement se durcit ». Les manifestants sont « de moins en moins nombreux à tenir les barrages mais ça se durcit énormément », a-t-elle ajouté, en parlant de « ceux qui n’ont pas souhaité participer à la négociation, ceux qui n’ont pas souhaité échanger avec la ministre ».

Le statut d’extraterritorialité : une réponse pragmatique

Quant au statut d’extraterritorialité que le gouvernement songe appliquer à la maternité de Mayotte, la ministre a affirmé que cela faisait « partie des réponses pragmatiques qu’il faut réussir à apporter ». « Je ne sais pas si nous y arriverons parce qu’on a un travail aujourd’hui sur ce cadre légal de cet hôpital extraterritorial ». Mais « compte tenu des difficultés et du nombre de mamans qui viennent accoucher sur ce territoire, il faut apporter une réponse pragmatique: comment on permet aux mamans de venir accoucher à Mayotte sans que (les bébés soient, NDLR) systématiquement des Français », a-t-elle ajouté.

Interrogée pour savoir si ce n’était pas une idée « loufoque », elle a affirmé qu' »il y a peut-être plein d’idées loufoques vu de Paris mais en attendant il y a des gens qui meurent sur les territoires, des femmes qui risquent leur vie ». Le gouvernement préfère cette idée de statut extraterritorial à la suppression du droit du sol car, dans ce cas, « le temps qu’il y ait tous les débats nationaux on apporter(ait) pas la réponse à Mayotte », a-t-elle fait valoir.