Martinique: Le procès d’Alfred Marie-Jeanne dépaysé à Paris

Martinique: Le procès d’Alfred Marie-Jeanne dépaysé à Paris

Le député et président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) Alfred Marie-Jeanne, poursuivi par la justice pour « prise illégale d’intérêt » sera jugé devant le tribunal correctionnel de Paris, a décidé jeudi la Cour de cassation.

La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français a répondu favorablement à la demande du procureur général de Fort-de-France qui réclamait le dépaysement du procès à Paris, programmé initialement le 9 novembre prochain en Martinique, pour « une bonne administration de la justice ».  « C’est une honte, une décision d’un autre temps, un camouflet pour les juges de la Martinique et un mépris pour tous les Martiniquais », a réagi auprès de l’AFP Me Max Ursulet, avocat d’Afred Marie-Jeanne en annonçant son intention de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).

Dans sa requête, le procureur général reprochait au prévenu et à ses avocats une stratégie de « déstabilisation » de la justice consistant à mettre en cause « la capacité du ministère public à prendre des réquisitions conformes à l’intérêt de la loi ». Il pointait notamment certaines de leurs déclarations contestant la régularité de la procédure et l’impartialité du ministère public ainsi que le dépôt de « plaintes et assignations (pour faux et usage de faux, ndlr) manifestement dilatoires » à l’encontre de magistrats du parquet.

Programmé une première fois en mars 2016, le procès avait été suspendu peu après son ouverture à la demande des avocats de contribuables, parties civiles, alors que la salle était pleine de partisans de Marie-Jeanne. « Le fait qu’une foule importante se soit présentée devant le palais de justice et à l’intérieur de la salle d’audience fait partie des droits légitimes des citoyens », a fait valoir à la cour de cassation Me Ursulet pour qui, ni les dépôts de plaintes de ses clients ni leurs déclarations à la presse ne pouvaient justifier un dépaysement du procès.

Le député (groupe Gauche démocrate et républicaine) Alfred Marie-Jeanne est poursuivi, avec sa fille et le compagnon de celle-ci, pour « prise illégale d’intérêt, faux et usage de faux et recel », dans le cadre d’un dossier de coopération régionale portant sur la construction d’une école à l’île de la Dominique (au nord de la Martinique) alors qu’il était président du conseil régional de la Martinique.

L’affaire avait éclaté début 2010 à la suite d’un document signé « Green Parrot », largement diffusé sur Internet et mettant en cause les conditions d’attribution de ce marché à l’architecte Mark Frampton, consul honoraire de la Dominique et compagnon de Maguy Marie-Jeanne, fille du député et à l’époque, responsable du service coopération du conseil régional.

Avec AFP