Maison de la Nouvelle-Calédonie: Polémique au cœur des Législatives

Maison de la Nouvelle-Calédonie: Polémique au cœur des Législatives

©Archives / Outremers360

Lundi 29 mai, Alain Descombels, candidat sans étiquette pour la 1ère circonscription calédonienne, a dénoncé le fonctionnement de l’association Maison de la Nouvelle-Calédonie (MNC), organisation représentative du territoire d’Outre-mer dans l’Hexagone. « Gabegie », « avantages », « népotisme », « malversations » ou encore « dysfonctionnements », Alain Descombels vise l’actuel parti au pouvoir en Nouvelle-Calédonie, qui présente deux candidats aux Législatives. La réponse de Calédonie Ensemble a été immédiate. 

« L’administration calédonienne n’est pas au service des Calédoniens mais au service des élus », a déclaré le candidat sans étiquette dans la 1ère circonscription calédonienne. Alain Descombels a surtout dénoncé le mode de fonctionnement et les dépenses de la Maison de la Nouvelle-Calédonie qui siège à Paris. Fustigeant « des avantages et de népotisme de la part de certains élus », Alain Descombels souligne, entre autres, des frais de transports des élus, « dont 4,2 millions de Fcfp pour Philippe Gomès », actuel député Calédonie Ensemble – UDI de la deuxième circonscription calédonienne et candidat à sa succession. Alain Descombels accuse également le directeur de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, Joël Viratelle, de dépenses « très salées » et « non justifiées » sur le compte de l’association. Harold Martin, Sonia Backès, Roch Wamytan ou encore Philippe Michel, sont également dans le collimateur d’Alain Descombels.

Alain Descombels, candidat sans étiquette dans la première circonscription calédonienne ©La Tribune NC

Alain Descombels, candidat sans étiquette dans la première circonscription calédonienne ©La Tribune NC

Selon les documents d’une ancienne salariée de la MNC, en conflit avec l’Association

Ces accusations, Alain Descombels assure les tenir à partir de « constats » et de « documents à l’appui » dressés par une ancienne salariée de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, au cœur d’une procédure pour harcèlement moral.  Celle-ci fut par le passé, une employée de Promosud alors qu’Alain Descombels en était le Président. De même, l’ancienne salariée aurait été « mise au placard 18 mois », juste avant avoir déposé sa démission de l’association en mars. Selon le site Caledosphère, l’ancienne salariée de la Maison de la Nouvelle-Calédonie serait en conflit avec son ancien employeur. Alain Descombels assure également que ces notes auraient été transmises à la justice, au Parquet financier de Paris plus précisément, une information qui reste, pour l’heure, non confirmée.

Un budget de fonctionnement réduit de 15%

De son côté, Philippe Gomès, un des principaux élus visé par les accusations d’Alain Descombels, dénonce « une boule puante dix jours avant l’élection ». « Dès lors que l’on fait la demande, nos frais de déplacement sont pris en charge à Paris, et pas pour se balader », rappelant que pour sa part, le député calédonien a été « classé premier député ultramarin » dans le classement des députés qui travaillent le plus publié par le magazine Capital. « La Maison de la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui présidée par Philippe Michel » qui « a réduit en trois ans de 15% le fonctionnement de la Maison et de 25% les frais de déplacement des élus », poursuit-il.

Philippe Gomès, député UDI et candidat à sa succession, est un des principaux élus viséss par Descombels ©Jacques Demarthon / AFP

Philippe Gomès, député UDI et candidat à sa succession, est un des principaux élus viséss par Descombels ©Jacques Demarthon / AFP

Des propos confirmés par Philippe Michel, président de la province sud,  membre de Calédonie Ensemble, qui assure: « Dès que j’ai accédé à la présidence de l’association de la MNC, j’ai commandé un audit de la structure et de ses comptes, auprès de la cellule de contrôle de gestion de la province Sud. Il s’agissait en clair de faire l’état des lieux après les années de présidence d’Harold Martin. Le rapport définitif doit m’être rendu d’un jour à l’autre. Mais les constats intermédiaires qui me sont parvenus n’ont pas mis en évidence d’anomalie majeure ni flagrante ». Selon lui, le budget global de la Maison de la Nouvelle-Calédonie est passé de 540 millions de Fcfp en 2014 à 475 millions en 2016 et 466 millions en 2017. « La masse salariale a baissé de 0,2 %, les frais de représentation ont baissé de 50 %, les frais d’accueil des missionnaires ont diminué de 38 %, et les frais de véhicules de 23 % », ajoute-t-il.

Plainte pour diffamation

« Auparavant, tous les élus calédoniens en déplacement à Paris pouvaient bénéficier de la mise à disposition d’une voiture avec chauffeur pendant leurs séjours. Depuis octobre 2016, seuls les cinq présidents d’institution (provinces, gouvernement, Congrès) et les cinq parlementaires ont cette faculté. Les autres élus en mission peuvent, s’ils en font la demande, bénéficier d’une prise en charge de leur transfert depuis l’aéroport de Paris et la capitale, et bénéficier de services de type Uber uniquement sur présentation d’un ordre de mission, et dans le cadre des heures normales. Résultat, les dépenses de véhicules sont passées de 29 millions en 2014 à 13 millions en 2016 », conclut le Président de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, qui a porté plainte pour diffamation.

Alain Descombels, ancien proche de Jacques Lafleur, Philippe Gomès et Harold Martin

Candidat sans étiquette dans la première circonscription calédonienne, Vice-président du syndicat des importateurs et entrepreneur, Alain Descombels se fait connaître sur la scène politique calédonienne au début des années 90. Proche de Jacques Lafleur jusqu’en 2004, il rejoint Philippe Gomès (qu’il accuse aujourd’hui) et Harold Martin, dans l’aventure politique l’Avenir Ensemble devenu Calédonie Ensemble en 2008. Dans un article au vitriol, le site Caledosphère revient sur la controversée et « brève vie politique » d’Alain Descombels. L’ancien élu a notamment été épinglé pour ses nombreux déplacements onéreux à Paris et sa gestion de Promosud. Avant son retour tonitruant en Nouvelle-Calédonie, pour les élections Législatives, Alain Descombels s’était éxilé en Chine.

 

Les missions de la Maison de la Nouvelle-Calédonie

©Archives / Outremers360

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Créée en 1989, la Maison de la Nouvelle-Calédonie a pour mission principale de représenter les institutions et les intérêts de la Nouvelle-Calédonie à Paris et dans l’Hexagone. L’association compte quatre membres : le gouvernement et les trois provinces dont les présidents forment le conseil d’administration. Depuis 2016, les parlementaires calédoniens (députés, sénateurs, député européen) siègent à leurs côtés avec une voix consultative, précise Les Nouvelles Calédoniennes. La Maison de la Nouvelle-Calédonie prend également en charge les étudiants calédoniens arrivant et poursuivant leurs études dans l’Hexagone, ainsi que les évacuations sanitaires à Paris.

Son budget est assuré à 59% par la Nouvelle-Calédonie, à 19% par la province Sud, à 12% par la province Nord et à 7% par la province des Îles Loyauté.