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Dans la continuité des Provinciales du 12 mai, l’indépendantiste Roch Wamytan (UC-FLNKS) a été élu, ce vendredi 24 mai, président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, grâce à l’appui des trois voix du parti wallisien et futunien l’Éveil Océanien, jusqu’alors plutôt considéré proche des loyalistes.
Roch Wamytan a été élu au deuxième tour avec 29 voix contre 25 pour Magalie Manuohalalo, présentée par les deux groupes de la droite loyaliste. L’Éveil océanien, parti communautaire qui a fait une entrée remarquée sur l’échiquier calédonien en obtenant 3 sièges lors des élections provinciales du 12 mai, a joint ses voix à celle des partis indépendantistes qui disposent déjà d’une majorité relative de 26 sièges (UC-FLNKS et Nationalistes, UNI et Parti travailliste) sur 54. Le choix de cette formation a créé la surprise alors qu’au cours des derniers jours, les deux frères ennemis de la droite, L’Avenir en confiance (proche LR) et Calédonie ensemble (centre droit), avaient laissé comprendre qu’ils s’étaient entendus avec elle pour une majorité loyaliste au Congrès.
« Majorité océanienne » d’un côté, « trahison » de l’autre
« J’assume d’avoir voté avec les indépendantistes. Travailler avec eux, ce n’est pas travailler pour l’indépendance. Arrêtons ce clivage pour ou contre l’indépendance et travaillons à améliorer la vie des Calédoniens », a déclaré à la presse Milakulo Tukumuli, chef de file de l’Éveil Océanien. « C’est un moment historique. Le temps est venu d’imprimer dans ce pays du Pacifique le sceau historique du marqueur océanien sur la construction d’un destin commun », a de son côté déclaré RochWamytan, 68 ans, figure du mouvement indépendantiste kanak. « La majorité qui m’a porté à la présidence ce matin est une majorité océanienne », a-t-il poursuivi. Âgé de 68 ans, Wamytan est chef coutumier kanak. Il a déjà occupé le siège de président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie du 1er avril au 1er août 2011, du 19 août 2011 au 29 août 2012, puis du 8 août 2013 au 11 mai 2014.
Abasourdis, les élus de L’Avenir en confiance, arrivés en tête aux élections provinciales en province Sud, ont dénoncé une « trahison » du parti océanien et un « déni de démocratie ». Ces derniers souhaitaient notamment, avec Calédonie ensemble, un partage des institutions calédoniennes entre non indépendantistes. Pour rappel, l’Avenir en confiance de Sonia Backès avait remporté la majorité en province Sud, la plus peuplée, permettant à sa tête de liste de siéger à la présidence de cette province. De leurs côtés, les indépendantistes avaient remporté la province Nord et celle des îles Loyauté, des provinces qui leur sont traditionnellement acquises. Au Congrès, l’apport de l’Éveil Océanien a aussi permis aux indépendantistes de dominer les élections des vice-présidents. La présidence de la Commission permanente est quant à elle revenue à Caroline Machoro-Reigner (UC-FLNKS).
Un indépendantiste à la tête du gouvernement ?
D’ici le 14 juin, un gouvernement collégial sera élu par le Congrès. Si les mêmes équilibres sont conservés, les indépendantistes pourraient emporter la direction de l’exécutif calédonien. Institué en 1999 avec l’Accord de Nouméa et composé de tous les groupes représentés au Congrès, ce serait alors la première fois qu’un indépendantiste assure la présidence du gouvernement. Un poste crucial alors que s’ouvre le dernier mandat de l’accord de Nouméa (1998) qui organise la décolonisation de l’île. Après le référendum sur l’indépendance du 4 novembre 2018 remporté par les non indépendantistes (56,7 %), deux autres référendums peuvent être organisés en 2020 et 2022.
Avec AFP.
Présidence et vice-présidences du Congrès de Nouvelle-Calédonie :
Président : Roch Wamytan (UC-FLNKS)
Premier vice-président, Jean Creugnet (UNI).
Deuxième vice-présidente, Pascale Montagnat (Avenir en confiance).
Troisième vice-président, Sylvain Pabouty (UC, FLNKS et Nationalistes).
Quatrième vice-présidente, Sonia Backès (l’Avenir en confiance).
Cinquième vice-présidente, Wali Wahetra (UNI).
Sixième vice-présidente, Annie Qaeze (Calédonie ensemble).
Septième vice-présidente, Henriette Tidjine-Hmae (UC, FLNKS et Nationalistes).
Huitième vice-président, Gil Brial (l’Avenir en confiance).