A l’occasion de cette rentrée de septembre, outremers360 a choisi de donner la parole à tous les parlementaires des Outre-mer, afin qu’ils puissent dire ce que sont leurs priorités et leurs attentes pour cette dernière année de législature et à quelques mois de l’élection présidentielle. Nous les avons interrogés. Voici donc leurs éléments de réponse, qui sont autant de regards sur les Collectivités ultramarines portés par celles et ceux qui les représentent à l’Assemblée nationale et au Sénat. On commence aujourd’hui par le Sénateur socialiste de Guyane, Antoine Karam qui nous fait part des priorités et des chantiers à venir.
– Le point sur votre mandat et vos chantiers prioritaires en cours
Elu en 2014, j’ai entrepris plusieurs chantiers, dont certains ont déjà connu des avancées.
La fin du rappel de vaccin contre la fièvre jaune en Guyane, la modulation des règles de construction pour les équipements publics et les logements sociaux, la préservation des intérêts ultramarins et plus particulièrement guyanais dans la loi biodiversité sont autant de dossiers sur lesquels nous avons obtenu, avec les autres parlementaires guyanais, de beaux succès ces derniers mois.
Par ailleurs, si pour certains la campagne présidentielle a déjà commencé, nous avons en Guyane d’importants sujets à traiter avant de penser aux échéances électorales. D’abord et c’est notre grande priorité, le Pacte d’avenir, sur lequel nous menons actuellement un travail important. Parallèlement, je prépare différents textes qui seront prochainement débattus au Sénat. Parmi ceux-là, figurent notamment le projet loi relatif à l’égalité réelle qui s’annonce comme le grand rendez-vous législatif de ce quinquennat pour nos outre-mer.
– Votre calendrier personnel pour cette fin de législature
Le calendrier de ces prochaines semaines s’avère chargé.
D’abord, avec le Pacte d’Avenir pour la Guyane. Nous discutons actuellement de son contenu entre élus, nous devrons ensuite négocier et finaliser l’accord avec le gouvernement.
Ensuite, en matière de santé, je reste attentif au devenir du CHAR de Cayenne. Les élus se sont beaucoup mobilisés sur ce dossier ces derniers mois mais je souhaite accompagner l’administration provisoire et les syndicats dans la formalisation d’un projet d’investissement ambitieux qui remette cet hôpital sur de bons rails. Par ailleurs, en cette période de rentrée, je me rends disponible pour les syndicats et le rectorat afin de trouver des solutions aux problèmes récurrents que nous rencontrons chaque année.
Enfin, je vais reprendre mon activité parlementaire au Sénat avec plusieurs textes importants ces prochains mois : le projet de loi Egalité-Citoyenneté, le projet de loi de finances 2017 et le projet de loi Egalité Réelle.
– Les dossiers de votre collectivité, les échéances et les enjeux
Aujourd’hui, la grande priorité est de formaliser le Pacte d’Avenir pour la Guyane avec l’Etat.
En décembre 2013, Le Président de la République est venu en Guyane pour y annoncer ce grand pacte. Près de 3 ans plus tard, il est grand temps que nous parvenions à un accord. C’est pourquoi, avec le Président de la CTG et mes collègues parlementaires, nous travaillons avec les élus guyanais d’un côté et le gouvernement de l’autre. Notre souhait est d’aboutir à un projet ambitieux marquant l’engagement de la France en Guyane. Nous souhaitons des actes forts à la hauteur de nos réalités en matière d’infrastructures, de transports, d’éducation, de sécurité, d’énergie ou encore de santé.
Nous devons impérativement parvenir à un pacte qui engage fermement l’Etat au delà des échéances électorales de 2017.
Parallèlement, nous gardons un oeil avisé sur un certain nombre de sujets. Je pense notamment à la question du logement qui constitue un immense défi en Guyane au regard de sa croissance démographique. La politique initiée est en train de porter ses fruits mais nous devons impérativement poursuivre cette démarche lors des prochains arbitrages budgétaires.
– Les particularités de votre collectivité : immigration, emploi, organisation des Institutions, événements exceptionnels, échéances locales. Mais également les succès attendus ou espérés, performances économiques ou environnementales ou tout point que vous voudriez mettre en valeur etc.
La question de l’immigration en Guyane est au cœur de l’actualité. L’augmentation des demandes d’asile, en particulier de ressortissants haïtiens, est sans précédent. Nous devons traiter ce phénomène sérieusement tant il met à mal notre dispositif d’accueil des réfugiés et peut bouleverser la démographie déjà sensible de la Guyane.
Le Préfet de Guyane a pris des premières mesures courageuses. Il nous faut réfléchir autant aux moyens matériels et humains à déployer pour faire face à cette augmentation qu’à une solution pérenne qui permette de mieux maîtriser notre immigration.
– Les visites ministérielles annoncées et les tournées de campagne des candidats aux primaires : ce que vous en attendez ou non.
Une délégation de Sénateurs socialistes vient de passer 3 jours en Guyane. Ce fut l’occasion de leur montrer toutes les potentialités de notre territoire tout en touchant du doigt les dures réalités auxquelles nous faisons face.
Le Ministre Patrick KANNER se déplacera ensuite sur le territoire fin septembre avant l’arrivée de Barbara POMPILI début octobre.
J’apprécie que cette dernière ait choisi de rester 6 jours sur notre territoire afin de visiter la Guyane jusque dans ses communes les plus isolées. En sa qualité de Secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, j’espère que nous aurons le temps d’évoquer ensemble l’application de la loi récemment promulguée et plus particulièrement son dispositif APA déjà en place en Guyane.
Après le débat parlementaire, il nous faut maintenant avoir une discussion de terrain sur les problèmes rencontrés en pratique. Je pense notamment à l’affaire du Couachi et les accusations de biopiraterie à l’encontre de l’IRD. Pour rappel, la Guyane recèle la moitié de la biodiversité française, nous devons donc travailler ensemble pour que la territoire et ses habitants profitent davantage des retombées de l’exploitation de ses ressources naturelles et de ses savoirs traditionnels.
– Enfin, puisque les échéances de 2017 impacteront toute l’actualité de cette année, dites-nous si vous avez fait le choix du soutien que vous apporterez à un candidat à l’élection présidentielle, les raisons de ce choix et sinon, ce qui déterminera votre décision le moment venu.
Je crois qu’il est encore trop tôt pour se projeter dans l’élection présidentielle de 2017. Le moment venu, nous devrons tirer un bilan du travail réalisé depuis 2012. Mon parti, le Parti socialiste guyanais, choisira ensuite le candidat qui porte le mieux nos valeurs et prendra une décision que chaque militant devra respecter. Comme je l’ai toujours fait, je participerai à la discussion avec mes camarades et je suivrai la ligne que nous nous serons fixés.