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France Nature Environnement, en partenariat avec le Ministère des Outre-mer, l’Institut Océanographique, l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, l’Agence française pour la Biodiversité et d’Outremers360°, organise, le 27 juin prochain de 18h à 21h à la Maison des Océans, une conférence sur le thème « Les Outre-mer, piliers de l’ambition maritime de la France ? ».
« Au regard des enjeux sociaux, économiques et stratégiques des Outre-mer, la politique maritime doit être renforcée et adaptée aux contextes et aux particularités de ces territoires », défend l’Association France Nature Environnement. « En effet, le développement durable des activités en mer, la protection de la biodiversité marine et littorale, le développement des énergies marines renouvelables sont autant de chantiers nécessaires non seulement en hexagone mais aussi dans les Outre-mer, souvent laissés pour compte des politiques nationales et européennes ». En outre, certaines directives comme la réglementation Natura 2000 et la Directive Cadre « Stratégie pour le Milieu Marin », ne s’appliquent pas dans les territoires ultramarins, « laissant un vide politique et juridique qui empêche une meilleure connaissance et protection du milieu marin et doit être comblé par des dispositions adaptées à chaque territoire ultramarin et à ses spécificités propres ».
« L’implication des collectivités et populations locales est cruciale sur ces sujets », poursuit l’Association. « Ainsi, les Assises des Outre-mer, temps d’échange et de réflexion avec les territoires ultramarins, doivent déboucher sur une liste de projets concrets qui serviront les priorités de chaque territoire ». Cette conférence s’inscrit dans le cadre du projet « Politique maritime et gouvernance en Outre-mer » porté par France Nature Environnement et les étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. « Ce projet vise à porter haut et fort les intérêts ultramarins encore trop peu représentés et défendus dans les instances politiques françaises, européennes et internationales et encourager l’Outre-mer à relever le défi maritime ». Lors de cette conférence, un cahier de propositions « Pour une ambition maritime durable en Outre-mer » issu des travaux de France Nature Environnement et des étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris sera remis à la Ministre des Outre-mer.
François Piccione, Coordinateur du Réseau Océans, Mers et Littoraux, nous en dit plus:
D’où est venue l’idée de cette conférence, quel est son but et quel message souhaitez-vous faire passer par le biais de cet événement ?
Pendant un an, avec les étudiants de l’Institut d’études politiques de Paris et Sciences Po Paris, on a travaillé sur la question des Outre-mer et plus spécifiquement, sur la partie maritime des Outre-mer. L’idée du base du projet par d’un constat : on parle beaucoup des Outre-mer, on met beaucoup en valeur le territoire ultramarin, surtout l’aspect maritime en tant que France 1er ou 2ème espace maritime au monde, mais au final, les politiques publiques ne suivent pas forcément ce discours et la gouvernance est très différente par rapport à ce qui est appliqué en France hexagonale et ce qui est appliqué en Outre-mer. On a vraiment voulu travailler sur cet aspect-là, une sorte de droit comparé entre ce qui se fait dans l’Hexagone et ce qui se fait en Outre-mer.
On s’est aperçu qu’il y avait énormément de différence, à la fois concernant les politiques publiques, certaines directives européennes qui ne s’appliquent pas en Outre-mer et plus on creusait, plus on s’apercevait qu’il y avait des différences énormes entre ce qu’on fait dans l’Hexagone et ce qu’on fait en Outre-mer. Cette conférence vient parachever le travail qu’on a mené pendant un an avec les étudiants et par le biais de cette conférence, on souhaite remettre un cahier de propositions qu’on vient de finaliser à la ministre des Outre-mer.
Vous espérez par la suite que le gouvernement s’inspire de ces travaux pour une politique publique maritime efficace en Outre-mer ?
Exactement, et notamment dans le cadre des Assises des Outre-mer. Le compte-rendu va être rendu très bientôt et on a été contacté par le Ministère des Outre-mer pour communiquer nos propositions et les intégrer, certaines en tout cas, dans le Livre Bleu Outre-mer qui devrait sortir d’ici la fin du mois.
Le Président de la République a effectué début mai une visite en Australie et en Nouvelle-Calédonie où il a beaucoup développé l’axe indo-pacifique et renforcé la place de la France dans le Pacifique. Est-ce un bon signe selon vous par rapport aux enjeux mis en avant dans vos travaux ?
C’est une bonne chose qu’on en parle déjà. Mais ce qu’on demande, c’est qu’il y ait derrière cela des faits. Dans la zone Pacifique, les eaux sous souveraineté française se font littéralement pillées par un certain nombre d’Etats, notamment au niveau de la pêche. Et il y a très peu de navires français qui contrôlent ces zones-là, y compris des zones protégées qui ont un statut d’aires marines protégées, mais qui ne font pas l’objet d’un contrôle permanent en tout cas d’une présence française permanente en mer. Cela permettrait de contrer des navires illégaux qui pêchent dans ces zones, des navires chinois pour ne citer qu’eux. C’est effectivement une bonne chose qu’Emmanuel Macron se soit rendu dans cette zone, plus particulièrement en Nouvelle-Calédonie, riche en récifs coralliens et en poisson, mais derrière, il faut que cela soit suivi de faits en termes de politiques publiques et de contrôle.
Prenons le cas de la Polynésie : un territoire de 5 millions de km² aussi vaste que l’Europe, surveillé par un patrouilleur, un B2M. Selon vous, quels autres moyens faudrait-il en plus pour rendre la surveillance de cette ZEE plus efficace ?
C’est compliqué de dire aujourd’hui qu’il faut mettre à disposition de la Polynésie un nombre choisi de patrouilleurs sur place mais cela fait partie effectivement de nos propositions concernant la biodiversité ultramarine : renforcer la présence de la France dans les eaux territoriales pour contrôler entre autres la pêche illégale. C’est une des mesures que l’on préconise dans notre livrable. Ça peut être sous diverses manières, par exemple, un renforcement des fonctionnaires d’Etat sur place, c’est-à-dire, la création d’instances de gouvernance sur place qui soient fonctionnelles et efficientes, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui. Pour les Départements et Régions d’Outre-mer, on a créé des Conseils maritimes ultramarins mais tous ne fonctionnent pas forcément. Ce qu’on demande c’est la mise en place effective de ces instances qui figurent dans le code de l’Environnement.
Pour les Collectivités d’Outre-mer et encore plus pour la Nouvelle-Calédonie, qui a un statut très spécifique, c’est différent puisque la France n’a pas toujours la prérogative sur ces questions. Mais sur les zones qui font partie de la souveraineté française, une présence militaire est très importante. Le nombre de patrouilleurs chinois dans le Pacifique, l’océan Indien et même en Méditerranée est impressionnant.
On parle beaucoup de la responsabilité de l’Etat mais est-ce que cela passe aussi par les Collectivités, les Régions, les Départements ?
Tout à fait. On s’est aperçu, c’est plus ou moins vrai selon les territoires, que les Ultramarins étaient très tournés vers la terre et moins vers la mer. Et on voulait vraiment dans le cadre de ces travaux que les Outre-mer relèvent le défi maritime parce qu’il y a un potentiel fort en terme de développement économique et de protection de l’environnement. Nous sommes une association environnementale et ce qu’on souhaiterait c’est que les activités économiques soient développées de manière durable et que toutes les richesses et écosystèmes ultramarins soient protégés. Ce qu’on souhaiterait vraiment c’est que les territoires ultramarins se tournent vers la mer car il y a un potentiel très fort en termes d’activités portuaires, de développement des énergies marines renouvelables,… Il faut que ces territoires arrivent à être indépendants en termes d’énergies, et à valoriser leur biodiversité notamment pour le tourisme durable.