Les grands dossiers en cours et à venir en Polynésie française

Les grands dossiers en cours et à venir en Polynésie française

©Duanrevig.com

Bilan de l’année en cours et perspectives pour la suivante, septembre donne l’occasion de faire le point sur les dossiers qui font et continueront de faire l’actualité des COM dans les prochains mois. Outremers360 en poursuit le tableau. 

Accords de Papeete

Le Président de la République François Hollande a évoqué la mise en place des « Accords de Papeete pour le développement de la Polynésie dans la République », lors de son déplacement dans la Collectivité en février dernier. Depuis, le Président polynésien Edouard Fritch a donné quelques précisions devant l’Assemblée de la Polynésie française. En prémabule de ces accords, il souhaite « l’affirmation du choix de l’autonomie de la Polynésie française au sein de la République qu’il conviendra d’exprimer également dans les enceintes onusiennes ». On devrait retrouver dans ces accords la question du nucléaire, l’intégration du projet de loi « Egalité réelle », la mise à niveau de l’aéroport de Tahiti-Faa’a ou encore, l’inscription du site sacré de Taputapuatea au patrimoine mondial de l’Unesco. Ces accords prévoiront aussi de rendre la Polynésie française éligible à certains fonds structurants de l’Union Européenne. Si tout se passe comme prévu, ces accords devraient être signés d’ici la fin 2016, ou du moins, après qu’Edouard Fritch ait obtenu « un large consensus » avant de le soumettre au gouvernement central.

Comité de décolonisation

En octobre prochain, le Président de la Polynésie française et autonomiste Edouard Fritch se rendra au Comité de décolonisation, afin de défendre le statut d’autonomie de la Polynésie. Il ne sera pas seul, les indépendantistes, qui n’ont jamais raté un rendez-vous onusien depuis la réinscription, seront présents, tout comme les associations anti-nucléaires et l’Eglise protestante polynésienne qui a annoncé porter plainte contre l’Etat pour crime contre l’Humanité dans le volet des essais nucléaires. Ce sera d’ailleurs la première fois qu’une Eglise s’exprimera devant le Comité de décolonisation de l’ONU. Aux Nations Unies, les indépendantistes ont une longueur d’avance. Leur leader Oscar Temaru n’est pas inquiet de la présence de l’autonomiste Edouard Fritch. Pour lui, le Comité de décolonisation semble tout acquis à sa cause, du moins depuis la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires à décoloniser.

Présidentielle et législatives

L’élection Présidentielle de 2017 risque de prendre une dimension inédite en Polynésie française. En effet, l’indépendantiste Oscar Temaru s’est lancé dans la campagne et c’est une première pour la France d’avoir un candidat polynésien. S’il se lance afin de profiter de cette tribune médiatique pour exposer son combat et tenter de remporter le scrutin en Polynésie, le candidat est pour l’heure à la recherche des parrainages nécessaires pour se présenter. Que ce soit pour le contrer ou le soutenir, on peut d’ores et déjà prévoir un regain de participation à ce scrutin qui mobilise d’habitude à peine un Polynésien sur deux, la Présidentielle étant considérée comme trop lointaine des problématiques du territoire. Pour la Primaire de la Droite et du Centre, c’est Alain Juppé qui a une longueur d’avance face à ses adversaires.

Alain Juppé et Edouard Fritch, Président de la Polynésie française ©Mike Leyral / TNTV

Alain Juppé et Edouard Fritch, Président de la Polynésie française ©Mike Leyral / TNTV

Côté législatives, seuls quelques candidats sont connus, notamment ceux du parti Tapura Huira’atira d’Edouard Fritch. L’actuelle députée Maina Sage (1ère circonscription) va défendre son bilan, aux côtés de l’actuelle ministre de l’Education Nicole Sanquer (2ème circonscription). Pour la 3ème circonscription, c’est vraisemblablement le ministre du Tourisme Jean-Christophe Bouissou qui devrait se présenter pour le parti d’Edouard Fritch. Côté opposition, le Tahoera’a Huira’atira de Gaston Flosse devrait emmener Teura Iriti et Vincent Dubois, déjà tous deux candidats aux sénatoriales. Le parti indépendantiste doit encore questionner sa base sur l’envoi ou pas de candidats aux législatives. Enfin, Tauhiti Nena, ancien lieutenant d’Oscar Temaru qui vient de créer son propre parti, devrait décider le 1er octobre s’il se lance aussi dans les législatives de 2017. Il est, dans le paysage politique polynésien, celui qui risque d’ébranler les jeux de pouvoir actuels, cloisonnés entre autonomistes et indépendantistes.

Tahiti Mahana Beach

C’est le grand projet qui retient toute l’énergie du gouvernement polynésien, qui souhaite angler sa stratégie touristique en s’appuyant sur ce complexe hôtelier de grande envergure, évalué à environ 2,3 milliards d’euros. Initié au retour de Gaston Flosse au pouvoir en 2013 et repris par son successeur Edouard Fritch, le Tahiti Mahana Beach semble avoir du mal à décoller. Aujourd’hui, le gouvernement polynésien cherche des investisseurs locaux puisque le consortium qui devait financer le projet s’est désisté à la date butoir fixée par le gouvernement. Dernier rebondissement en date, une partie du gouvernement polynésien a été entendu par les services de police dans le cadre d’une enquête pour « favoritisme » et « prise illégale d’intérêts ». Les enquêteurs portent notamment leurs investigations sur les conditions de passation de plusieurs marchés publics et « d’expertises », entre 2013 et 2015, passés entre TNAD (Tahiti Nui Aménagement et développement) et des cabinets d’avocats internationaux dans le cadre du projet hôtelier. Néanmoins, le gouvernement de la Polynésie française semble déterminé à mener ce projet à terme.

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Forum des Îles du Pacifique

Fin août, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie ont obtenu leur statut de membre à parti entière au Forum des Îles du Pacifique (FIP), qui cette année, s’est réuni en Micronésie. Cela faisait plusieurs années que les deux Collectivités réclamaient ce statut, mais il a fallu s’appuyer sur la machine diplomatique de l’Etat pour que leur demande aboutisse et que les Etats indépendants du Pacifique acceptent que des Collectivités françaises y siègent pleinement. La Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie devrait y siéger officiellement l’an prochain, le temps que le Forum modifie ses critères d’adhésion, notamment celui concernant l’indépendance des territoires.

Au premier plan les présidents polynésiens et calédoniens: Edouard Fritch et Philippe Germain lors du Forum des Îles du Pacifique en Micronésie ©Tahiti-infos

Au premier plan les présidents polynésiens et calédoniens: Edouard Fritch et Philippe Germain lors du Forum des Îles du Pacifique en Micronésie ©Tahiti-infos

A ces grands chantiers s’ajoutent la « consolidation » de la relance économique, la modification de la loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires, la création d’une aire marine gérée, le lancement du chantier de la ferme aquacole de Hao ou encore, le vote du budget 2017 de la Collectivité.