Présent à Sciences Po Paris pour le premier débat « Ô tour de » face à Gaël Yanno, l’indépendantiste et porte-parole du FLNKS Daniel Goa a répondu aux questions d’Outremers360 à quelques semaines du référendum d’indépendance du 4 novembre. Reprenant une formule de Jean-Marie Tjibaou, Daniel Goa assure : « tant qu’il restera un Kanak, la revendication indépendantiste restera toujours présente ». Le porte-parole des principales forces indépendantistes explique également la stratégie qui sera appliquée au lendemain du 4 novembre.
Malgré des sondages qui donnent le OUI à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie perdant, le porte-parole du FLNKS se montre confiant. « C’est le 4 qui donnera la réponse. Les sondages sont basés sur les élections provinciales et communales qui donnent une majorité non indépendantiste. La question du référendum est tout autre chose et je vois le travail que nous menons sur le terrain : on est mobilisé partout, on fait même des pièces de théâtre pour convaincre les gens d’aller voter et de voter OUI à la pleine souveraineté », explique Daniel Goa. Pour l’indépendantiste, le 4 novembre n’est qu’un début, et il esquisse la stratégie des indépendantistes après cette date : aller vers les deuxième et troisième référendums prévus par l’accord de Nouméa.
Daniel Goa: « Malgré les sondages, nous attendons de voir les résultats du 4 novembre. Mais nous menons diverses actions pour informer la population » #RéferendumNC pic.twitter.com/zp4Gkgmzdp
— Outremers360 (@outremers360) 15 octobre 2018
« Pour nous, il n’est pas question de faire un nouveau statut tant que l’accord de Nouméa n’est pas éteint », dit-il. Ce nouveau statut a été évoqué par les adversaires politiques de Calédonie Ensemble, plus précisément par le député non indépendantiste Philippe Gomès. Ce dernier souhaite en effet proposer un statut au lendemain du référendum, qui serait une nouvelle fois voté par les Calédoniens. « On fait le référendum du 4 novembre, si c’est un échec, on refera un référendum en 2020 et si c’est encore un échec, on en refera un en 2022 » insiste Daniel Goa. « Après 2022, on se retrouve pour analyser la situation, comme prévu par l’accord de Nouméa. Mais le droit du peuple Kanak à s’émanciper est inaliénable. C’est un droit qui appartient au peuple Kanak », affirme-t-il. Pour Daniel Goa, « le référendum est un passage pour donner une chance aux non indépendantistes de jouer le jeu pour construire le pays. Mais si ce n’est pas le cas, Jean-Marie Tjibaou disait : « tant qu’il restera un Kanak, la revendication indépendantiste restera toujours présente ».
Daniel Goa: « En cas de non au #Réferendum, le processus se poursuivra. En cas de oui, nous rentrerons en discussion avec l’Etat pour soumettre l’accord de désengagement » pic.twitter.com/ipjZHKIZLZ
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Face à Gaël Yanno ce lundi soir à Paris, Daniel Goa défendait le combat des indépendantistes et sa nature. Si le président du Congrès, loyaliste, affirmait que la lutte indépendantiste s’apparentait surtout à une volonté de « reconnaissance » et de « dignité » du peuple Kanak, Daniel Goa va plus loin. « On a aussi un projet de société qui met en avant la gestion de la Nouvelle-Calédonie et comment trouver les aides car aujourd’hui, ce sont les Français, qui ont du mal à arrondir leurs fins de mois, qui payent les impôts pour qu’on aille s’enrichir, et ce n’est pas tout le monde qui s’enrichit. Sur la table de la coopération on peut trouver d’autres financements », explique-t-il. « L’État finance l’investissement, mais le fonctionnement c’est la Nouvelle-Calédonie. On peut trouver des partenaires pour financer l’investissement mais faire marcher le pays une fois construit, c’est autre chose et c’est la Nouvelle-Calédonie qui le fait », poursuit Daniel Goa.
Reproché de ne pas assez communiquer sur le projet de société que propose le FLNKS, Daniel Goa rétorque : « On informe déjà sur le système social, la santé, la retraite : pour la retraite, ce sont les salariés et les employeurs qui payent, pour la santé, c’est la Nouvelle-Calédonie qui prend en charge, pas l’État. L’État apporte la petite part d’investissement mais ce n’est pas la majorité : c’est 20% du financement des institutions de la Nouvelle-Calédonie ». Quoiqu’il en soit, les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ne comptent pas s’arrêter à la date du 4 novembre. Et malgré le NON qui se dessine, le référendum du 4 novembre ne sera que le début de nouvelles stratégies politiques tant du côté des indépendantistes que des loyalistes.