Dans ce nouvel Entretien Politique, Outremers 360 a interviewé la sénatrice de la Martinique Catherine Conconne (apparenté PS) sur sa volonté de mettre en place un «New deal» pour favoriser un développement plus équitable de la Martinique.
Élue en septembre dernier, la première sénatrice de la Martinique dresse, après un an et demi de mandat parlementaire, un constat sans équivoque sur la perception des territoires ultramarins au niveau national . «J’ai fait le constat que nos territoires d’Outre-mer sont mal connus voire pas connus du tout. On vit dans le monde des a priori…» affirme Catherine Conconnne. «Lorsqu’on demande plus d’équité, d’égalité ou encore de l’ audace, on a l’impression d’être dans la politique de la main tendue. On ne demande qu’à exister mais cette vision des Outre-mer est très difficile à ancrer».
Afin de lutter contre ces clichés, ces a priori, la sénatrice a récemment fait plusieurs interventions remarquées au sein de l’hémicycle du Palais du Luxembourg notamment sur les question de l’abattement fiscal ou encore contre la hausse des taxes sur le rhum en Outre-mer. Une posture que défend l’élue de la Martinique. «Il y a des mesures prises que je ne comprend pas, des mesures qui sont parfaitement injustes et baignées d’inégalités. Face à cette masse d’incompréhension, il faut pouvoir se faire remarquer. Je veux simplement interpeller et dire non !», nous précise Catherine Conconne.
Développer un «New Deal»pour la Martinique
Désormais, la sénatrice veut sortir d’une lecture mathématique de la réalité des territoires ultramarins et en particulier de la Martinique. Elle a récemment appelé de ses vœux, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, à la mise en place d’un « New Deal» pour ce territoire. «Chez nous, tous les indicateurs sont réunis pour que nous ayons un New Deal, pour qu’on ait un interventionnisme de l’Etat (…). Je demande à l’Etat de réécrire avec nous un nouveau modèle social et fiscal» indique Catherine Conconne. «Il faut réfléchir à créer un modèle qui puisse absorber cette quantité de personnes inactives. Je suis sûre et certaine que l’inactivité coûte plus cher que l’activité», poursuit-elle.
Un centre de préparation à la sortie
Parmi ses combats, la sénatrice de la Martinique s’est attelée à la question de la réinsertion dans la vie active pour les jeunes délinquants. A l’occasion de l’examen de la loi de programmation 2018-2022 et réforme de la justice, Catherine Conconne se dit satisfaite que le Ministère de la justice ait répondu favorablement à une de ses mesures travaillées en concertation avec l’ensemble des syndicats pénitentiaires de la Martinique. «Le Ministère de la Justice s’est engagé à nous donner un centre de préparation à la sortie, à partir d’une structure qui existe déjà mais qu’il faut améliorer en mettant de nouveaux moyens. C’est un premier élément qui concourt à une meilleure réinsertion des jeunes prisonniers». ajoute-t-elle
Programme « Alé Viré »
Autre cheval de bataille de Catherine Conconne, la problématique du dépeuplement de la Martinique et plus précisément celui de la fuite des cerveaux de la Martinique. «Nous assistons au départ de 3000 à 4000 personnes par an en Martinique».
En collaboration des jeunes Martiniquais ayant vécu l’expérience du retour au pays natal, la sénatrice a lancé en avril dernier le programme « Alé Viré » pour enrayer ce phénomène.
Un projet qu’elle compte porter au plus haut niveau de l’Etat et faire essaimer sur d’autres territoires comme la Guadeloupe. La sénatrice de la Martinique indique avoir reçu des demandes de parlementaires guadeloupéens pour dupliquer ce programme en Guadeloupe.
A travers ses combats et l’ensemble de ses interventions au Sénat, Catherine Conconne souligne la nécessité de «changer le prisme du regard que le gouvernement a sur nos pays». «On a un vrai défi à relever. Il faut oser parler développement économique, pas seulement à partir de petites aides accordées ou de réductions fiscales et sociales accordées à un moment donné puis changées l’année suivante. Il faut pouvoir se dire que l’inactivité coûte très cher aujourd’hui, de réfléchir à comment transformer nos potentiels en valeur ajoutée. Il faut dire au gouvernement que le pays a besoin d’une boite à outils audacieuse, qui parle attractivité, valeur ajoutée, emploi»conclut Catherine Conconne
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