Législatives en Nouvelle-Calédonie: L’indépendantiste Louis Mapou peut-il remporter la 2ème circonscription ?

Législatives en Nouvelle-Calédonie: L’indépendantiste Louis Mapou peut-il remporter la 2ème circonscription ?

©Reuters

Arrivé en tête du 1er tour dans la 2ème circonscription calédonienne, Louis Mapou, candidat Union nationale pour l’Indépendance (UNI) – Palika, pourrait remporter le 2nd et devenir ainsi le premier indépendantiste Kanak à siéger à l’Assemblée nationale depuis 1986 et ce, à l’approche du référendum d’autodétermination de 2018.

Avec 30,08% des suffrages exprimés dans la 2ème circonscription calédonienne (Grande terre sauf Nouméa et les Loyauté), Louis Mapou s’est hissé en tête du scrutin devant Philippe Gomès (député sortant UDI), qui a totalisé 23,94% des suffrages exprimés. Pourtant, l’issue du 2nd tour reste très incertaine, notamment en raison d’un taux d’abstention qui s’élève à 62,83% dans cette circonscription. Avec un tel taux, les réserves de voix sont importantes pour chacun des candidats. La mobilisation des électorats et les reports de voix, notamment non-indépendantistes, seront déterminants pour le 2nd tour.

Les chances de Louis Mapou

Dès le lendemain du 1er tour, le candidat de l’UNI-Palika a reçu le soutien du Président de l’Union calédonienne (UC), Daniel Goa. Appelant ses troupes à se rendre aux urnes pour le 2nd tour, Daniel Goa rompt la tradition de non participation aux élections nationales et pourrait faire lever de nombreux électeurs indépendantistes en faveur de Louis Mapou. L’électorat de l’UC est notamment le plus important de la frange indépendantiste. L’autre condition est bien évidemment la participation au 2nd tour.

Pour le 2nd tour, Louis Mapou redouble d'effort pour mobiliser l'électorat indépendantiste ©Facebook / DR

Pour le 2nd tour, Louis Mapou redouble d’effort pour mobiliser l’électorat indépendantiste ©Facebook / DR

La présence d’un candidat indépendantiste au 2nd tour, et en tête, dans cette circonscription n’est pas une nouveauté. Néanmoins, les indépendantistes ne parviennent pas à faire sauter le « barrage » non-indépendantiste. Si l’appel de Daniel Goa pourrait changer la donne en 2017, reste que le camp indépendantiste dans son ensemble est divisé: le Parti Travailliste de Louis Kotra Uregei maintient sa position et ne participera pas au 2nd tour de dimanche. Louis Mapou mise donc aussi sur un élargissement de ses électeurs: « parler pour tout le monde, travailler pour tout le monde », déclarait-il sur le plateau de Nouvelle-Calédonie 1ère. Louis Mapou souhaite « donner une suite au symbole de la poignée de main », celle de Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, à la signature de l’Accord de Matignon en 1988.

Les chances de Philippe Gomès

De son côté, le député sortant Philippe Gomès (UDI – Calédonie ensemble) n’a pas retrouvé lors du 1er tour la dynamique qui a porté son parti aux manettes du pays depuis plusieurs années. En cause, ce qui apparaît aux yeux de la droite comme un flou sur « le jour d’après ». De plus, dans le microcosme calédonien que le calendrier rend fébrile, la droite calédonienne est divisée et l’électorat non-indépendantiste peu mobilisé. Pour rattraper l’avance de son adversaire indépendantiste, Philippe Gomès devra rallier à sa cause les autres candidats de la droite calédonienne: Harold Martin, Gil Brial (Union pour la Calédonie dans la France), Bianca Hénin (FN), Pascal Vittori (Tous calédoniens). Gil Brial, qui a fait un score de 10% des exprimés au 1er tour, a d’ores et déjà appelé à voter en faveur du député sortant.

Philippe Gomez, lors du dernier Comité des signataires des Accords de Nouméa ©Tenahe Faatau / Outremers360

Philippe Gomez, député sortant, lors du Comité des signataires des Accords de Nouméa de février 2016 ©Archives / Outremers360

Mais obtenir le soutien des autres candidats de la droite calédonienne sera plus compliqué pour Philippe Gomès. Troisième homme du 1er tour, Harold Martin, qui a construit sa campagne autour de missives à l’encontre du député sortant, veut conditionner son soutien. Même discours pour le FN calédonien qui demande au candidat « de s’engager sur l’honneur à ne jamais accepter l’indépendance de la Calédonie française et à contribuer pour les échéances à venir à constituer une alliance de toutes les forces politiques favorables à l’unité de la République française et au maintien de la Calédonie dans la France face aux extrémistes indépendantistes antifrançais ».

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Au-delà du séisme que représenterait l’échec de Philippe Gomes, si Louis Mapou arrive à mobiliser l’électorat indépendantiste et même, à l’élargir, il pourrait être le premier indépendantiste Kanak à siéger à l’Assemblée nationale depuis le redécoupage électoral de 1986. Avant lui, Roch Pidjot, ténor de l’UC avait siégé de 1964 à 1986. Surtout, l’élection d’un indépendantiste en 2017 interviendrait un peu plus d’un an avant le référendum d’autodétermination de 2018. La représentativité nationale de la Nouvelle-Calédonie serait alors parfaitement partagée entre les deux grands mouvements politiques calédoniens: les indépendantistes et les non-indépendantistes. Rappelons-le, le match retour dans la 1ère circonscription se joue entre deux non-indépendantistes: Philippe Dunoyer pour Calédonie ensemble et Sonia Backès, dissidente du Rassemblement LR de Nouvelle-Calédonie.

Avec 62,63% d'abstention au 1er tour dans la 2ème circonscription, le résultats du second reste incertain

Avec 62,83% d’abstention au 1er tour dans la 2ème circonscription, le résultats du second reste incertain