©Jody Amiet / AFP
Le projet controversé d’extraction d’or en Guyane « Montagne d’or » n’est en l’état « pas compatible » avec des ambitions écologiques, a souligné lundi Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse où le Président de la République a présenté une série de mesures pour la biodiversité.
« De manière très claire aujourd’hui, l’état de l’art du projet ne le rend pas compatible avec une ambition écologique et en matière de biodiversité », a déclaré le président en présentant une série de mesures pour protéger la biodiversité en réponse à un rapport alarmant de l’ONU. « Il y aura une évaluation complète pour le prochain conseil de défense sur ce sujet et une décision formelle et définitive sera prise, en concertation avec le territoire », a-t-il ajouté.
Montagne d’Or, le plus important projet de mine d’or à ciel ouvert français, à l’étude en Guyane, prévoit l’exploitation d’une mine de 2,5 km de long, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent du Maroni, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l’or par cyanuration en circuit fermé. Le chef de l’État avait déjà jugé le 1er février, devant les élus ultramarins, que le projet n’était « pas au meilleur niveau » en matière de respect de l’environnement. Soutenu par le patronat local et une partie des élus, le projet est combattu par les associations de défense de l’environnement et les organisations amérindiennes de Guyane.
Sur le projet de #MontagnedOr en #Guyane en l’état il n’est pas acceptable et il sera à l’ordre du jour du prochain conseil @EmmanuelMacron#biodiversité pic.twitter.com/oAmaYDpXtA
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Le ministre de la Transition écologique François de Rugy, qui avait annoncé en février que le gouvernement prendrait position sur le sujet d’ici l’été, doit se rendre sur place en juin pour discuter avec les acteurs. Il avait lui-aussi souligné en avril sur BFMTV que le projet ne rentrait « pas dans nos standards environnementaux ». « Aujourd’hui, le projet de Montagne d’Or n’est pas déposé. Mais s’ils demandaient une autorisation en l’état, de toute façon ils ne l’auraient pas sur les bases qu’ils ont données aujourd’hui », avait-il ajouté.
Dans une interview à Outremers360, la ministre des Outre-mer Annick Girardin avait également déclaré que le projet Montagne d’Or, « n’est peut-être pas à la hauteur de nos espoirs » en matière d’écologie. « Sur le volet économique, quel est le retour » pour la Guyane ? « Quel nombre d’emplois, quels investissements pour quel nombre d’emplois ? », s’interrogeait-elle. « Au vu des informations que j’ai aujourd’hui, je pense que ce projet n’est peut-être pas à la hauteur que ce qu’on peut espérer ». Pour acter sa décision sur ce projet, le Président de la République a dit retenir trois critères : la viabilité économique, l’acceptabilité démocratique et la responsabilité environnementale.
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Lors de cette même conférence de presse, organisé après avoir reçu les experts de l’IPBES, Emmanuel Macron a également annoncé une série de mesures en faveur de la biodiversité parmi lesquelles la lutte contre le gaspillage alimentaire, « un changement dans nos modèles de production », la réduction des phytosanitaires de 50% en France d’ici 2025, l’augmentation des aires marines et terrestres protégées à 30% du territoire d’ici 2022 (contre 20% actuellement ndlr) dont un tiers « protégées en pleine naturalité », ou encore, l’objectif de 100% de plastiques recyclés d’ici 2025, dans le cadre de la future loi sur l’économie circulaire. Le président a également déclaré que la politique ultramarine sera essentielle pour protéger la biodiversité. Pour rappel, les Outre-mer concentrent à eux seuls 80% de la biodiversité française.
Avec AFP.