La Reunion : Menace de scission au sein de la Communauté d’Agglomération du Sud

La Reunion : Menace de scission au sein de la Communauté d’Agglomération du Sud

Patrick Lebreton, André Thien Ah Koon et Olivier Rivière ©Zinfos974

Dans une période d’élection et de changements, la situation à la Communauté d’Agglomération du Sud (CASud) est de plus en plus tendue. Point culminant de la discorde ce dimanche 19 juillet, avec la menace de scission de deux membres du conseil.

Après de nombreuses tensions et désaccords, les échanges au sein de la CASud semblent être dans l’impasse. Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph, et Olivier Rivière, maire de Saint-Philippe, s’opposent notamment à André Thien Ah Koon, maire du Tampon, et menacent de faire appel à la Loi Engagement et proximité pour « une scission de la CASud ou le retrait-adhésion à une autre communauté ».

Le maire de Saint-Joseph évoque « une situation de crise qui ne permet pas la coopération intercommunale. La commune du Tampon (…) fait montre constamment d’une volonté de s’approprier à elle seule cette communauté d’agglomération ». Patrick Lebreton évoque également le manque de préparation de la CASud et la Communauté Intercommunale des Villes Solidaires (CIVIS) quant à leur fusion prévue prochainement, précisant que « Le Tampon s’y oppose ».

Retrouvez ci-dessous le courrier adressé au préfet :

« Monsieur le préfet,

Depuis la loi du 6 février 1992 relative à l’administration territoriale de la République, « le progrès de la coopération intercommunale se fonde sur la libre volonté des communes d’élaborer des projets communs de développement au sein de périmètre de solidarité ».

La situation de crise que connaît à nouveau la Communauté d’agglomération du Sud montre une nouvelle fois, que ce principe est loin d’être une réalité au sein de celle-ci.

Comme vous le savez, la CASud se compose de quatre communes avec des entités géographiques distinctes reliées entre elles uniquement par des éléments naturels et appartenant à des bassins de vie différents. Le Tampon fait partie de la grande are urbaine de Saint-Pierre, alors que Saint-Joseph constitue à elle seule une aire urbaine moyenne, au sens de l’Insee. La commune du Tampon, la plus importante sur le plan démographiques, dont la conscience géographique se résume à son territoire, fait montre constamment d’une volonté de s’approprier à elle seule cette communauté d’agglomération.

Ce repli sur soi-même de cette commune s’est également manifesté lors de l’approbation du SCOT le 18 février 2020. En effet, les représentants de la commune du Tampon n’ont pas pris part au vote.

Par ailleurs, il convient de rappeler que le Schéma départemental de coopération intercommunale, arrêté par le Préfet de La Réunion le 29 mars 2016, contient une seule orientation :

« Regroupement à l’horizon 2020 des 2 communautés d’agglomération du Sud, la CASud et la CIVIS en un seul EPCI à fiscalité propre, soit par la création d’une nouvelle communauté d’agglomération, soit par la création d’une communauté urbaine ».

Force est de constater que les deux EPCI ne sont pas prêts pour cette fusion, et que Le Tampon s’y oppose. Dès lors, l’idée d’avoir une seule communauté dans le Sud, basée sur une volonté partagée de bâtir un projet commun de développement de territoire reste donc à ce jour un voeu pieux.

C’est pourquoi, face à de double blocage, la commune de Saint-Joseph, dans l’intérêt de sa population, ne peut plus se résigner à la fois d’un immobilisme et une intercommunalité centrée autour d’une seule grande commune, dans l’intérêt de sa population.

L’enjeu est de parvenir à partager une vision commune de l’intercommunalité fondée sur un projet de territoire où chaque commune trouve sa juste place, avec un esprit de solidarité et une gouvernance partagée.

En attendant, j’ai l’honneur de vous informer que j’ai pris attache auprès du maire de la commune de Saint-Philippe, afin de prendre les initiatives pour mettre en oeuvre les nouvelles possibilités que nous offre la loi Engagement et proximité du 27 décembre 2019, à savoir la scission de la CASud ou le retrait-adhésion à une autre communauté.

Je vous prie, Monsieur le Préfet, de recevoir mes meilleures salutations.

Le Maire,

Patrick Lebreton ».