La ministre des Armées Florence Parly refuse le titre de reconnaissance de la Nation aux vétérans des essais nucléaires en Polynésie

La ministre des Armées Florence Parly refuse le titre de reconnaissance de la Nation aux vétérans des essais nucléaires en Polynésie

©Grégory Boissy

Le Ministère des Armées a opposé une fin de non-recevoir à la demande d’attribution du titre de reconnaissance de la Nation (TRN) aux vétérans des essais nucléaires en Polynésie française. La demande avait été faite il y a 10 ans par l’association Tamarii Moruroa.

« Selon l’article D 331-1 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre (CPMIVG) […] », seuls « les militaires des forces armées françaises et les personnes civiles ayant servi pendant au moins 90 jours dans une formation ayant participé aux opérations et missions mentionnées aux articles R 311-1 à R 311-20 dudit code ou ayant séjourné en Indochine entre le 12 août 1954 et le 1er octobre 1957 ou en Algérie entre le 2 juillet 1962 et le 1erjuillet 1964  » peuvent bénéficier du TRN, a écrit la Secrétaire d’Etat auprès du Ministère des Armées Geneviève Darrieusecq, dans un courrier adressé à l’association Tamarii Moruroa, et relayé par la presse locale.

« Je ne comprends pas la différence de traitement entre les vétérans d’Algérie et ceux de Polynésie française. C’est un déni de l’Etat », regrette Yannick Lowgreen, Président de l’association, qui estime que les 193 essais nucléaires effectués en Polynésie justifient l’attribution de ce titre. Ce titre permet notamment aux vétérans concernés de bénéficier d’une gratuité des soins pris en charge par l’Etat, précise TNTV. L’association avait adressé un courrier pour cette demande en 2009, à l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin. Restée sans suite, Tamarii Moruroa a réitéré sa demande en novembre 2017, en adressant un courrier, cette fois-ci au Président de la République ainsi qu’aux Parlementaires.

« Aucun gouvernement et aucun parlementaire polynésien [n’a] soutenu l’association Tamarii Moruroa. Seuls quelques parlementaires métropolitains se sont mobilisés suite au courrier adressé au Président Macron », indique également Yannick Lowgreen. En effet, dans une question écrite relayée par Tahiti-infos, le député de Mayenne Guillaume Garot demandait « quelles mesures sont envisagées (par le gouvernement) pour répondre aux demandes légitimes des représentants des vétérans des essais nucléaires ». « La France a envoyé des personnels militaires et civils sur les sites de tirs d’essais nucléaires. Ces personnels ont servi avec honneur et fierté l’État français, et ont contribué par leur sacrifice à la grandeur de la France et à la force de dissuasion nucléaire française », écrivait-il également, soulignant les « graves maladies dues aux effets de la radiation ».

Dans sa réponse, la ministre des Armées, Florence Parly, estime que les vétérans du nucléaire en Polynésie « n’ont à aucun moment participé, sur ce territoire, à une opération ou à un conflit les exposant à un risque d’ordre militaire. Le TRN ne peut en conséquence leur être délivré. Le gouvernement n’envisage pas de modifier la réglementation dans ce domaine ».