©Etat major des Armées / Ministère des Armées
De ce jeudi 26 au lundi 30 avril à l’île Maurice a lieu la première conférence ministérielle sur la sécurité maritime dans l’Océan Indien occidental. « De grande envergure », une centaine de délégués d’une trentaine d’Etats et organisations régionales et internationales débattront des enjeux et des moyens d’assurer la sécurité maritime dans la région.
« Cet événement d’envergure est organisé par la République de Maurice, qui occupe la présidence du Conseil de la Commission de l’océan Indien (COI), et le Secrétariat général de la Commission de l’océan Indien (COI), avec le soutien de l’Union européenne (UE) à travers le programme de promotion de la sécurité maritime en Afrique orientale et australe et océan Indien (MASE) », indique la COI. Gigantesque espace marin bordant quatre continents, l’Océan Indien est traversé par des autoroutes maritimes d’importance mondiale, avec 50% du transport mondial de pétrole, 40 % du gaz et près du tiers du trafic maritime marchand international transitent par ses eaux.
Par conséquent, cette vaste région océanique est confrontée à de grandes menaces et autres enjeux de sécurité : piraterie ; trafic de drogues, d’armes et d’humains ; crimes maritimes transnationaux ; terrorisme ; pêche illégale ; blanchiment d’argent ; catastrophes naturelles et surtout ; protection de la biodiversité. Concernant ses objectifs, la COI attend plus concrètement de cette conférence « une Déclaration ministérielle assortie d’un plan d’actions sera adoptée à l’issue de la rencontre ». « Ce document s’intéressera à l’ensemble des enjeux de la sécurité maritime à savoir les mécanismes de coopération, la lutte contre la pêche illégale et contre les trafics maritimes (drogues, trafic humain, blanchiment d’argent), risque terroriste, crimes environnementaux et pollutions maritimes ».
En outre, « deux accords régionaux sur l’échange d’information maritime et la coordination d’opérations en mer seront signés ». « Ces accords, élaborés dans la cadre du programme MASE sur financement de l’UE, marqueront la volonté des Etats de la région (Etats membres de la COI, Djibouti, Kenya, Tanzanie et Somalie) d’amplifier leur coopération pour lutter plus efficacement contre les menaces et crimes maritimes », explique la COI. « La création de deux centres régionaux, l’un de fusion de l’information maritime à Madagascar et l’autre de coordination des opérations en mer aux Seychelles, sont au cœur de ces accords. Ils seront instruments utiles à la sécurisation des vastes zones océaniques de l’océan Indien occidental, soit 6 millions de km² ».
Pourquoi une Conférence ministérielle sur la sécurité maritime dans l’océan Indien occidental ?
Avec 14 000 kilomètres de côtes et des zones économiques exclusives totalisant 6 millions km2, les Etats de l’Afrique orientale et australe et de l’océan Indien (AfOA-OI) génèrent, grâce à leurs vastes zones maritimes, 176 milliards $ de revenus chaque année selon Stable Seas qui établit un indice de sécurité maritime. Ce chiffre, a priori conséquent, est en fait en-deçà du potentiel économique maritime de la région. Et pour cause : un Etat, seul, n’est pas en capacité de lutter efficacement contre l’ensemble des menaces et crimes maritimes qui freine l’émergence d’une économie bleue / océanique génératrice de revenus et d’emplois.
En effet, les actes de piraterie, même s’ils ont significativement diminué, ont refait l’actualité ces derniers mois. La piraterie maritime dans l’océan Indien occidental a directement impacté les économies de la région ainsi que l’économie mondiale, à un maximum de 13 milliards de dollars en 2013. Si la menace de piraterie a diminué, d’autres menaces et crimes maritimes continuent de préoccuper les Etats de la région et hors région ayant des intérêts économiques partagés dans la zone. Il s’agit de la pêche illicite dans l’océan Indien occidental occasionne, selon la FAO, des pertes de quelque 400 millions $ par an au débarquement soit près d’1 milliard $ en produits transformés. Il s’agit aussi de trafic de drogues, de trafic humain ou de risque terroriste qui fragilisent les sociétés, de blanchiment d’argent qui déstabilisent les circuits financiers formels, de pollutions maritimes qui impacte tant les écosystèmes que les économies.
La Conférence ministérielle se penchera sur l’ensemble des menaces et crimes maritimes et sur les solutions à apporter collectivement pour sécuriser les vastes zones océaniques pour le développement économique et social de la région.
Les objectifs de la Conférence
Cette conférence s’inscrit dans la continuité d’actions de mobilisation de la communauté régionale et internationale comme le Code de conduite de Djibouti par exemple. Elle vise à identifier les réponses aux défis spécifiques de l’insécurité maritime.
Trois objectifs :
1. Identifier les actions prioritaires en réponse aux risques, crimes, et délits transnationaux maritimes.
2. Dégager des pistes de collaborations à valeur ajoutée régionales, tangibles et concrètes sur chacune des menaces pesant sur la sûreté et la sécurité maritimes dans la région de l’AfOA-OI.
3. Mobiliser les partenaires et institutions et susciter des engagements spécifiques dans les actions concrètes à mettre en œuvre selon une feuille de route agréée.
Les participants à la Conférence, qui sont-ils ?
Les Etats membres de la COI : Union des Comores, France (La Réunion et Mayotte), Madagascar, Maurice, Seychelles
L’Union européenne, partenaire de la région dans le domaine de la sécurité maritime, entre autres.
Etats riverains de l’Afrique orientale et australe (Djibouti, Somalie, Kenya, Tanzanie, Mozambique, Afrique du Sud…)
Autres Etats riverains de l’océan Indien (Inde, Australie…)
Etats ayant des intérêts dans la région et partenaires (Inde, Chine, Royaume-Uni, Etats-Unis…)
Organisations régionales d’Afrique orientale et australe (Comesa, SADC, IGAD, EAC) et Union africaine
Organisations internationales (Organisation maritime internationale, Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime, Département des Affaires politiques des Nations unies, Organisation internationale pour les migrations, FAO…)
Les missions européennes et internationales déployées dans l’océan Indien occidental (EUNAVFOR Atalanta, Ocean Shield de l’OTAN…)
Les parties prenantes du Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes actuellement présidé par la COI