Île Bougainville : Encore du « travail » jusqu’à l’indépendance selon le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Île Bougainville : Encore du « travail » jusqu’à l’indépendance selon le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Un bureau de vote à Bougainville. Le scrutin s’est clôturé le 7 décembre ©Ness Kerton

Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée a averti vendredi les habitants de Bougainville, qui célébraient le vote en faveur de l’indépendance de la région, qu’un important « travail » restait à accomplir avant que le nouvel État voie le jour.

Lors d’un référendum, plus de 98% des électeurs de Bougainville, île du Pacifique qui fait partie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, se sont prononcés en faveur de l’indépendance, selon des résultats publiés en début de semaine. Ce vote historique doit permettre de tourner définitivement la page d’une décennie de conflit armé qui a fait quelque 20 000 morts, soit 10% de la population, avant le cessez-le-feu de 1998.

Le nouveau Premier ministre papouasien, James Marape, s’est adressé vendredi aux milliers de personnes réunies dans l’ancienne capitale de la région, Arawa, pour célébrer ce résultat lors d’une cérémonie officielle. Il a averti les habitants qu’un « travail difficile » restait à accomplir à la fois pour Bougainville et pour le reste de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Pour parvenir à une complète indépendance, la région a besoin de tourner la page du conflit armé et de faire le point, a-t-il affirmé. « Au lieu de tenir des fusils, tenez des pelles », a-t-il lancé à une foule enthousiaste, avant de les inviter à rentrer chez eux et à travailler.

« Aller jusqu’au bout de ce projet »

L’indépendance ne prendra pas effet immédiatement. Un long processus politique attend les dirigeants qui devront relever d’importants défis financiers et administratifs afin de réussir à transformer cette région pauvre du Pacifique en une nation à part entière. Le conflit armé, qui a duré dix ans, s’était noué autour de la grande mine de cuivre de Panguna. Fermée depuis 1989, elle a représenté jusqu’à 40% des exportations papouasiennes. Bougainville possèderait également de riches terres agricoles et des stocks de poissons relativement importants.

James Marape s’est engagé à remettre les résultats de ce référendum au parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui doit les ratifier. Certains élus sont vigoureusement opposés à cette indépendance, redoutant un effet de contagion dans un pays d’une très grande diversité ethnique et linguistique. « Je dois honorer les deux drapeaux, les deux peuples », a déclaré un peu plus tard James Marape sur Facebook.

Ce vote écrasant en faveur de l’indépendance a provoqué « une onde de choc » au sein du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, selon le président de la Commission référendaire de Bougainville, Bertie Ahern. L’ancien Premier ministre irlandais, a averti les habitants qu’ils devront « être unis pour aller jusqu’au bout de ce projet ».

Avec AFP.