Histoire en Polynésie : Le 10 mai 1895 naissait Pouvanaa a Oopa, père de la Nation tahitienne

Histoire en Polynésie : Le 10 mai 1895 naissait Pouvanaa a Oopa, père de la Nation tahitienne

Qui aurait pu croire que cet enfant de l’île de Huahine, dans l’archipel de la Société en Polynésie, deviendrai le père, le Metua, de la Nation tahitienne ? Né le 10 mai 1895, année de l’annexion de son île natale, Pouvanaa a Oopa, charpentier de profession, deviendra successivement soldat volontaire pendant la Première guerre mondiale, député, fondateur du premier parti politique tahitien, premier Vice-président du Conseil du gouvernement en Polynésie, prisonnier politique puis Sénateur.

Fort de ses talents d’orateurs forgés par une maîtrise déconcertante de la Bible, Pouvanaa a Oopa fut le premier homme politique en Polynésie à revendiquer l’autonomie pour lutter contre les capitalismes et l’injustice de l’administration coloniale. Sous le slogan « Tahiti aux Tahitiens », Pouvanaa gagne des batailles symboliques et surtout, le statut de Metua : le père de la Nation tahitienne. Pas ouvertement indépendantiste, il fera néanmoins campagne pour le « non » au maintien de la Polynésie dans la République française, lors du référendum constitutionnel de septembre 2018.

Ne connaissant pas encore le destin nucléaire que réserve le Général de Gaulle à la Polynésie, Pouvanaa a Oopa est instinctif : le train France va trop vite, et la victoire du « non » pourrait au mieux peser dans sa volonté d’autonomie et de souveraineté au sein de la République. Mais par ses positions politiques, Pouvanaa pourrait gêner l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique. Accusé à tort en 1959 d’avoir voulu incendier la ville de Papeete un an auparavant, Pouvanaa a Oopa est condamné à 8 ans de réclusion criminelle et à 15 ans d’interdiction de séjour en Polynésie pour « complicité de destruction d’édifices et détention d’armes et de munitions sans autorisation ».

Poly_Pouvanaa A Oopa2-afp

Près de 10 ans plus tard, et après plusieurs demandes des élus polynésiens mais aussi du clergé, le Général accorde une remise gracieuse de la peine du Metua et il rentre finalement à Tahiti le 30 novembre 1968. Accueilli en père, il deviendra sénateur et n’aura de cesse de clamer son innocence et de demander la révision de son procès. S’il décède en 1977 sans l’avoir obtenu, se sont ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants qui reprendront le flambeau d’un combat pour l’honneur et la mémoire.

Le 25 octobre 2018 et devant deux de ses descendants, la Chambre criminelle de la Cour de Cassation décharge la mémoire de Pouvanaa a Oopa : le procès de 1959 est annulé et il est donc innocenté. Cette issue, le Metua la doit à une savante imbrication des forces : sa famille, les chercheurs et historiens, les artistes engagés, les politiques et surtout, l’ensemble de la population polynésienne qui, au fil des années, a épousé le combat de son Metua.

En ce jour d’anniversaire du Metua, Outremers360 et le magazine Dixit vous proposent une immersion dans le long processus de révision de l’affaire Pouvanaa a Oopa et une interview de Marie-Hélène Villierme, réalisatrice du documentaire Pouvanaa Te Metua : L’élu du Peuple, qui a joué un rôle essentiel dans la prise de conscience collective qui, elle-même, permis de franchir un grand pas vers l’issue du 25 octobre dernier.

Pouvanaa a Oopa : Le long processus de révision de l’affaire du Metua

Pouvanaa a Oopa : La réhabilitation du Metua est « une œuvre collective », selon Marie-Hélène Villierme