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Léon Bertrand, ex-ministre délégué au Tourisme de Jacques Chirac, a acté « la fin de (sa) vie d’homme politique », au lendemain de sa condamnation définitive pour « favoritisme » et « corruption passive » dans une affaire de pots-de-vin en Guyane.
Clamant de nouveau son innocence, il a aussi annoncé jeudi son intention de saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme, une action toutefois non suspensive. « Je ne vais pas faire des campagnes à 70 ans », a déclaré M. Bertrand, 67 ans, en évoquant sa condamnation à trois ans d’inéligibilité, lors d’une conférence de presse jeudi à Saint-Laurent du Maroni (Guyane), dont il est le maire depuis plus de 35 ans.
Cette conférence de presse marque « la fin de (ma) vie d’homme politique », a ajouté l’ancien secrétaire d’Etat, également député de 1987 à 2002. Mercredi, la Cour de cassation l’a condamné définitivement dans l’affaire de pots-de-vin et marchés truqués de la Communauté de communes de l’Ouest guyanais (CCOG), à une peine de trois ans de prison, 80.000 euros d’amende et trois ans de privation de droits civiques, civils et de famille, verdict prononcé par la Cour d’appel de Basse-Terre (Guadeloupe) le 7 mars 2017.
La culpabilité de Léon Bertrand pour « favoritisme » et « corruption passive » dans ce dossier avait déjà été jugée définitive le 12 juillet 2016 par la Cour de cassation qui avait alors uniquement demandé à une autre Cour d’appel de mieux motiver les peines, cassant partiellement un arrêt de la Cour de Fort-de-France. Léon Bertrand s’était ensuite une seconde fois pourvu en cassation.
Il a été condamné pour des faits commis en 2003 et 2004, à l’époque où il était au gouvernement.
Dans cette affaire, toutes les instances de jugement ont considéré que plusieurs de ses proches récupéraient des enveloppes auprès de chefs d’entreprises de Guyane pour le financement de ses campagnes électorales et l’amélioration du train de vie des protagonistes.
« Je ne vais pas m’enfuir au Suriname »
Avec cette condamnation définitive, Léon Bertrand devrait non seulement aller en prison, mais aussi perdre son mandat de maire, ainsi que la présidence de la Communauté de Communes de l’Ouest Guyanais (CCOG), qu’il dirige depuis 2001.
Il a toutefois encore clamé son innocence jeudi lors de cette conférence de presse, estimant que « la preuve de son enrichissement personnel » n’a pas été apportée.
« Dans l’affaire qui fait que je ne suis pratiquement plus maire de Saint-Laurent-du-Maroni, j’ai toujours clamé mon innocence, j’ai toujours dit que la justice était injuste à mon égard (…). Lorsqu’on regarde mon dossier, on ne peut pas dire qu’il y ait enrichissement personnel. Aucune preuve n’est apportée, aucune somme n’est avancée. On parle d’un système Bertrand », a dénoncé l’ancien ministre. »Je respecte la décision de justice mais je ne l’approuve pas », a-t-il insisté, tout en assurant qu’il n’allait « pas (s)’enfuir au Suriname » et se rendrait à la convocation prochaine du procureur de Cayenne en vue de son incarcération.
Dans son arrêt rendu mercredi, la Cour de cassation a considéré que la Cour d’appel de Basse-Terre avait à juste titre souligné que « les élus et les personnes chargées d’une mission de service public doivent respecter les grands principes constitutionnels dans l’exercice des commandes publiques, que les entreprises concernées se sont trouvées en situation de vulnérabilité à l’égard des exigences des décideurs et que le prévenu a failli à son devoir de probité ».
Huit personnes ont été condamnées au total dans ce dossier: Léon Bertrand, deux de ses collaborateurs, dont son ex-chef de cabinet au ministère du Tourisme, et cinq chefs d’entreprises. Léon Bertrand, qui a déjà effectué trois mois et 13 jours de détention provisoire et pourra bénéficier de réductions automatiques de peine, pourra faire une demande d’aménagement, en cas de bonne conduite, moins de deux mois après son incarcération.
Avec AFP