Guyane : Audition des élus et représentants de l’État par la délégation aux Outre-mer sur la situation sanitaire et économique

Guyane : Audition des élus et représentants de l’État par la délégation aux Outre-mer sur la situation sanitaire et économique

©Collectivité territoriale de Guyane

Alors que Comité Territorial scientifique se réunissait le même jour afin de faire le point sur l’épidémie de Covid-19 en Guyane, Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG) participait ce lundi 20 juillet 2020 à une réunion de la Délégation aux Outre-mer en visioconférence. Présidée par le Député Oliver Serva, l’audition des principaux acteurs de la crise sanitaire et économique en Guyane était à l’ordre du jour.

La Guyane est le territoire d’outre-mer le plus impacté par la pandémie de Covid-19. Alors que le pic de contamination vient tout juste d’être franchi, le rapport de contamination culmine à 2300 cas pour 100.000 habitants, contre 313 cas pour 100 000 habitants dans l’Hexagone. Un chiffre à relativiser cependant, du fait de la très forte campagne de détection menée par le territoire qui a permis d’identifier les cas positifs plus efficacement qu’en France hexagonale.

La problématique sanitaire

Point fort de l’audition et principalement mis en avant par toutes les parties, la situation de la couverture hospitalière et médicale du territoire. Souvent rappelée par la CTG lors de ses réunions hebdomadaires, la capacité de traitement des services de soin a été mise à rude épreuve, et très souvent au bord de l’asphyxie. Une condition difficile rappelée par Rodolphe Alexandre, évoquant aux membres de la réunion le constat de la fragilité du système hospitalier et de santé en Guyane mis en exergue lors de la pandémie.

L’occasion de remettre sur le tapis la volonté d’un travail commun pour la mise en place d’un CHU sur le territoire guyanais qui ne comptabilise aujourd’hui que de 3 centres hospitaliers, imposant de facto une limite structurelle trop restreinte pour répondre efficacement à des situations de crise.

De son côté, le Préfet Marc Del Grande a défendu la mobilisation de l’État durant cette crise : contrôle et fermeture des frontières, confinement ciblé, renforcement des dépistages, quarantaines dans les « clusters » ou encore, couvre-feu. Il a également assuré que la mobilisation de l’État en Guyane a eu lieu « avant l’instauration au niveau national des mesures de confinement et alors que depuis le 3 mars, 5 cas positifs étaient détectés sur le territoire de la Guyane de retour du rassemblement bien connu de Mulhouse ».

« J’ai l’impression que tout va bien, que tout a été bien fait » a réagi le député Gabriel Serville. « Lorsque nous avons déconfiné le 11 mai nous étions à 134 cas de personnes atteintes, aujourd’hui je crois nous sommes autour de 6 700. A peine deux mois après plus tard, on a multiplié le nombre de malades par 50 », a-t-il poursuivi, soulignant une « réaction trop tardive » des autorités sanitaires.

La problématique économique

Au cœur des débats également, le risque d’effondrement économique en Guyane. Si à l’instar de l’hexagone, le territoire a tenté de limiter l’impact de la pandémie sur l’économie via les différents plans d’aide, la situation reste critique. A ce sujet, le président de la CTG a mis en avant auprès de la délégation le soutien apporté par la CTG aux entreprises de Guyane. 27 millions ont été dédiés à ces dernières. Environ 3000 mandats ont été effectués vers les TPE/PME pour une aide entre 1500 et 10 000 euros. Un autre volet d’aide sera étudié avec la BPI, pour des montants allant de 10 000 à 50 000 euros.

Concernant les restaurateurs Guyanais, plusieurs pistes sont étudiées par la CTG. Une demande sera notamment faite à l’État pour demander l’assouplissement des critères d’éligibilité des entreprises au volet 2 du fonds d’urgence. Enfin, 3 millions d’euros seront dispensés par le biais du FEADER pour les agriculteurs qui ont déposé des dossiers de subventions.

Participait à cette audition : Marc Del Grande, préfet de Guyane, Clara Debort, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS), Carine Sinaï-Bossou, présidente de la Chambre de commerce et d’industrie de Guyane (CCIG), David Riché, président de l’association des maires de Guyane, Christophe Robert, directeur du centre hospitalier de Cayenne, Yannick Xavier, secrétaire général adjoint de l’Union Travailleurs Guyanais (UTG) et les députés Gabriel Serville, Danièle Obono et Annie Chapelier.

Par Damien Chaillot