Guadeloupe: Des citernes, des bouteilles d’eau et des tours d’eau pour faire face aux pénuries d’eau

Guadeloupe: Des citernes, des bouteilles d’eau et des tours d’eau pour faire face aux pénuries d’eau

Ce sont les différentes solutions proposées aux habitants de Capesterre-Belle-Eau, suite à la rencontre entre les différents protagonistes de la gestion de l’eau en Guadeloupe. 

Un terrain d’entente a été trouvé pour les représentants du Collectif des riverains de Routhier et des hauteurs de Capesterre Belle-Eau. Mobilisés depuis  la mi-octobre, les habitants de ces sections protestaient contre les coupures d’eau à répétition dans leur secteur. A l’issue d’une réunion ce mercredi 26 octobre à l’initiative du Président de région Ary Chalus, des solutions en trois étapes ont  été apportées. Dans l’immédiat, des tours d’eau entre les sections de Petit Marquisat, Routhiers et l’Ilet Pérou, par les services de la CASBT (Communauté d’Agglomération Sud Basse-Terre),  la pose de citernes par la Région dans les sections dont le remplissage sera effectué par le SDIS et  la distribution de 6 000 bouteilles d’eau par le Conseil départemental pour les foyers privés d’eau. Dans un moyen terme, agir sur le suppresseur de Moulin à Eau ou procéder à son remplacement complet pour améliorer la situation sur Marquisat, Routhiers, Bord-Bois et Bas de Fond Cacao. Dans un troisième temps, la source de Petit-Marquisat sera remis en service après avoir obtenu l’autorisation de l’Etat. Dernière solution concrète, le protocole d’accord  entérine d’ici 2018 la réalisation d’un réservoir supplémentaire dans les hauteurs de Petit Marquisat.

La situation des riverains de Fonds Cacao, de Marquisat et de Routhiers dans la commune de Capesterre Belle-Eau n’est pas isolée. D’autres communes comme le Gosier, Saint-François, la Désirade, le Moule, Sainte-Anne ou encore les Saintes sont régulièrement sujettes à des coupures d’eau. Un problème qui dure déjà depuis des années et dont  les causes sont nombreuses. Dans un rapport  datant de janvier 2015, l’Office de l’eau faisait état «de réseaux de distribution peu performants» enregistrant «50% de pertes en moyenne», des «capacité de production au maximum des équipements existants», l’«augmentation de la consommation saisonnière en saison touristique» et «l’augmentation des besoins des abonnés en Carême. Du coté des distributeurs, on évoque de nombreux mauvais payeurs et un prix de l’eau trop faible.

Pour faire face à cette situation, une enveloppe de 22 millions d’euros d’investissements en 2014 avait été annoncée et devait déboucher sur «un Plan de Sécurisation de l’Alimentation en Eau Potable (PSAEP)» pour la période 2014-2016, qui prévoyait d’augmenter la production d’eau potable.

Mais la gestion de l’eau en Guadeloupe est également un problème politique. Questionnée sur ce sujet lors de sa visite en Guadeloupe, Ericka Bareigts a souligné qu’il ne s’agit pas d’une compétence de l’Etat. « Il faut absolument que localement les élus puissent avancer sur la gouvernance », a déclaré la Ministre. Au niveau local, plusieurs intercommunalités comme la communauté d’Agglomération Grand Sud Caraïbes (CASBT)  se sont opposées à la création d’un syndicat unique de l’eau. C’est ainsi qu’un syndicat mixte ouvert a été créé en juin dernier, dont l’objectif est d’aboutir à une gestion plus rationnelle du service public de l’eau. La situation de la gestion de l’eau, un comble dans le département surnommé » l’île aux belles eaux ».

Quelques éléments sur la gestion de l’eau en Guadeloupe 

-Il y a 7 collectivités compétentes en matière de gestion de la ressource en eau potable, ce qui multiplie les coûts de gestion.

– Actuellement 85% des 180 000 abonnées sont desservis par un opérateur privé (contrat d’affermage, de gérance, de prestation de service passé avec la collectivité) et 15% sont desservis directement par la collectivité (régie directe). Des modes de gestion distincts pouvant être utilisés par la même collectivité.

– Il y a 52 usines de production sur le territoire.

– La production est de 170 000 m3 par jour pour 81 000 m3 consommés soit + de 50% perdu dans le réseau de distribution vétuste non entretenu.