Emmanuel Macron avait reçu les élus des DROM le 1er février à Paris ©AFP
Alors que le Grand débat national se poursuit dans l’Hexagone, les trois parlementaires calédoniens, Philippe Gomes, Philippe Dunoyer (députés) et Gérard Poadja (sénateur) ont adressé une lettre au président de la République pour demander l’ouverture de « cahiers de doléances » en Nouvelle-Calédonie.
Si Emmanuel Macron a bien débattu avec les Départements et Régions d’Outre-mer le 1er février à l’Élysée, les Collectivités du Pacifique n’y furent pas invitées « dans la mesure où (…) la compétence leur appartient, notamment en matière fiscale, sociale, économique et de transition écologique », reconnaissent les trois parlementaires dans leur lettre. « Pour autant, les sujets relatifs à la Démocratie nous concernent », poursuivent-ils, « d’autant plus que les Calédoniens ont décidé à une large majorité (…) de rester au sein de la République française ». « La reconnaissance du vote blanc, l’instauration du vote obligatoire, le nombre de parlementaires, l’installation d’une dose de proportionnelle aux élections législatives, une démocratie plus participative, le recours à des référendums d’initiative citoyenne sont autant de sujets qui concernent aussi les Calédoniens », argumentent encore les parlementaires.
Philippe Gomes, Philippe Dunoyer et Gérard Poadja demandent « que l’État, le Congrès de Nouvelle-Calédonie, les trois provinces, les maires ouvrent des cahiers de doléances afin que les propositions des citoyens sur ce sujet puissent être recensés et transmises avant le terme du Grand débat national ». Ils proposent également que le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie (équivalent du Préfet) ouvre « un tel registre » et propose aux maires « d’en faire de même ». « Nous allons de notre côté sensibiliser le président du congrès, les maires et les présidents de provinces sur l’utilité de cette démarche », concluent-ils.
La Polynésie « exclue » ?
Sur le même sujet, le député de Polynésie Moetai Brotherson avait aussi interpellé le gouvernement la semaine dernière, estimant que la Collectivité était « exclue » du Grand débat national. « Les Polynésiens aussi veulent exprimer leurs vœux et donner leur vision de la société qu’ils souhaitent voir émerger » avait-il fait valoir. « Sur la citoyenneté, le débat existe aussi chez nous (…). Nous souhaitons construire une identité citoyenne avec des institutions et une éducation en Français et, en même temps, dans nos langues polynésiennes, au même niveau. Certains réclament aussi une évolution constitutionnelle menant à un statut de Pays ou d’État associé à la République », poursuivait le député en soulignant que « deux des quatre thèmes relèvent de la compétence exclusive de l’État, comme l’organisation des institutions, de la démocratie et de la citoyenneté ».
.@Moetai1 (GDR) regrette que les collectivités françaises du Pacifique et les Polynésiens ne soient pas suffisamment associés au #GrandDébatNational, alors qu’ils portent de nombreuses revendications politiques, économiques et sociales. #DirectAN #QAG pic.twitter.com/xNtovOoe14
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 6 février 2019
En réponse, Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales et coordinateur du Grand débat, a rappelé la tenue des Assises des Outre-mer en 2017-2018. « Vous-même, en tant que représentant de la nation, pouvez organiser un débat sur votre territoire », a-t-il ajouté, précisant avoir reçu le président polynésien Édouard Fritch afin « qu’il puisse lui-même se mobiliser dans le cadre du Grand débat national ».