Gilets jaunes et crise sociale à La Réunion : Annick Girardin annonce les premières « mesures sociales concrètes »

Gilets jaunes et crise sociale à La Réunion : Annick Girardin annonce les premières « mesures sociales concrètes »

C’est à 20h30, après avoir passé sa première journée sur l’île à écouter les revendications des gilets jaunes et aller à la rencontre des organisations syndicales et quelques maires réunionnais, que la ministre des Outre-mer Annick Girardin a finalement présenté ses « mesures sociales concrètes » qui « prendront effet au 1er janvier 2019 ».

–       « Pour 60 000 réunionnais qui bénéficient de la prime d’activité qui complète le revenu des travailleurs modestes, celle-ci sera augmentée de 360 euros par an

–       80% des foyers vont bénéficier de la baisse de la taxe habitation, c’est 65 millions d’euros de pouvoir d’achat qui est rendu

–       Pour les personnes âgées, le minimum vieillesse sera porté à 900 euros par mois et (…) les plus fragiles, n’auront absolument pas d’augmentation de la CSG

–       Les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé seront portés à 900 euros

–       Tous les salariés du territoire verront leurs heures supplémentaires être exonérées de cotisations salariales, ce qui permettra un gain de 250 euros par an

–       Tous les Réunionnais bénéficieront d’une prise en charge à 100% de la sécurité sociale des frais pour les lunettes, les soins dentaires et les prothèses auditives

–       Enfin, la CMU ne sera pas supprimée pour les plus fragiles et ils bénéficieront également d’une couverture santé complète, non plus pour 110 euros, mais pour 30 euros par mois ».

Pour Annick Girardin, il s’agit de « mesures sociales, qui à très court termes, doivent permettre, en partie, de répondre aux attentes de ceux qui sont aujourd’hui en difficulté et pour répondre aux premières ». « Ce projet social ne doit pas être celui de l’État seulement mais de tous les Réunionnais », a aussi indiqué la ministre. « Nous devrons en voir les effets dans les trois prochains mois. Un travail de fond sera engagé avec l’État, pour fixer les priorités d’un projet social spécifique pour La Réunion ». Ainsi, la ministre a fixé « trois priorités » : le soutien aux familles et l’enfance, la jeunesse et l’accompagnement vers l’emploi.

Pour le soutien aux familles et l’enfance, la ministre a annoncé 1500 nouvelles places de crèche dans les territoires fragiles et intérieur de l’île, la création de 15 nouveaux centres sociaux de proximité avec possibilité de garde et de crèche et de 5 points conseil pour accompagner les familles dans la gestion de leur budget et les informer sur leurs droits, une baisse des produits alimentaires pour les tout-petits comme le lait maternel et des petits déjeuners gratuits seront offerts dans les écoles « pour les enfants qui viennent malheureusement le ventre vide aujourd’hui ».

Concernant la jeunesse, « parce que La Réunion compte, selon ses chiffres, 63 000 jeunes ni en études, ni en emploi, ni en formation », la ministre propose l’obligation de formation, « qui va contraindre les acteurs publics à proposer une offre de formation à tout jeune de moins de 18 ans », des moyens supplémentaires pour les missions locales, pour qu’elles aillent « chercher les jeunes là où ils sont, dans les quartiers », l’augmentation de l’accompagnement des écoles de la 2ème chance, et la création d’une nouvelle école dans le Nord.

Enfin sur le volet de l’accompagnement vers l’emploi, Annick Girardin a déclaré que les allocataires du RSA pourront « sortir de parcours cloisonnés entre accompagnement social et accompagnement professionnel qui ne marchent plus depuis des décennies (…), d’où un nouvel accompagnement global dès 2019, renforcé ». Elle annonce aussi l’augmentations de moyens d’insertion par l’activité économique, « pour accompagner 1500 personnes de plus chaque année », plus de soutien pour les associations qui accompagnent les publics les plus fragiles, notamment celles qui accompagnent les Réunionnais qui ont des besoins sanitaires, ou les chômeurs de longue durée et enfin, des moyens supplémentaires pour le Département, « assorties d’exigences de suivi et de résultat » pour favoriser l’accès au droit, l’insertion, la protection de la jeunesse. Plus de 30 millions d’euros seront débloqués pour « soutenir les associations, accompagner les familles vers la dignité par le travail, comme il m’a été demandé dans une transparence totale ».

Le modèle réunionnais « questionné »

« Depuis ce matin je suis au contact des Réunionnaises et des Réunionnais, avec eux, parmi eux », a déclaré la ministre avant de passer aux annonces. « Ce mouvement (…) exprime un malaise profond qu’il nous appartient d’entendre », a-t-elle poursuivi. « Je tiens à donner une place à chacun, à prendre en considération l’ensemble des points de vu qui s’expriment car je ne doute pas de la sincérité et que chacun (…) ait des solutions qui nous appartient de construire ». Annick Girardin a une nouvelle fois appelé « au calme » : un adolescent de 16 ans a été blessé sur un des nombreux barrages de l’île alors que de nouveaux affrontement ont éclaté à La Possession.

« C’est le modèle réunionnais (…) qui est aujourd’hui questionné » a aussi constaté la ministre. « J’aurais l’occasion dans les jours à venir de m’exprimer plus longuement sur cette question de fond qui interpelle tous ceux qui connaissent et aiment La Réunion ». Sur ce sujet, l’ensemble des parlementaires réunionnais, toutes obédiences politiques confondues, se penchent depuis le mois d’octobre sur « un projet de La Réunion sur les 20 prochaines années ». Un projet qui devrait impliquer une évolution institutionnelle de l’île. Outremers360 a obtenu le préambule de ce projet, rédigé par les parlementaires réunionnais.

Revoir l’intervention de la ministre: