Feux en Amazonie : La Guyane, légitimité de la France dans la crise amazonienne

Feux en Amazonie : La Guyane, légitimité de la France dans la crise amazonienne

Le Parc amazonien de Guyane ©Guillaume Feuillet / PAG

Alors que le président du Brésil a fustigé une « mentalité colonialiste » après le tweet du président Emmanuel Macron appelant à l’« urgence » dans cette « crise internationale », la France trouve sa légitimité dans le drame qui se joue en Amazonie grâce à la Guyane. 

On l’oublie souvent, mais la forêt amazonienne ne couvre pas uniquement le Brésil. Elle s’étend notamment jusqu’en Colombie, en Bolivie, en Argentine, au Pérou, et sur d’autres pays sud-américains parmi lesquels ceux du plateau des Guyanes, dont la Guyane française, qui représente 8 millions d’hectares de forêt. Par conséquent, le président de la République a bien raison de parler de « crise internationale » d’autant que la forêt amazonienne, la plus grande forêt tropicale du monde, est le premier poumon du monde. En outre, les feux qui ravagent actuellement ce puit de biodiversité ne se situent pas uniquement au Brésil, même si le pays concentre la majorité d’entre eux.

Face au tweet d’Emmanuel Macron, Jair Bolsonaro a donc fustigé « une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle », notamment quant à la « suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région ». Certes, « parler de cette urgence » avec Donald Trump, Justin Trudeau, Angela Merkel, Shinzo Abe ou encore, Boris Johnson, sans l’un des principaux intéressés peut paraître incongru. Mais grâce à la Guyane, la France a bel et bien la légitimité dans cette affaire. « Grâce à la Guyane, la France est amazonienne », rappelait d’ailleurs Annick Girardin.

« Cette forêt constitue un bien commun universel. Les incendies qui la traversent nous concernent tous. Au-delà de l’impact sur notre patrimoine écologique, des milliers de familles amérindiennes sont en danger. Nous devons agir vite », poursuivait-elle. « La France a son mot à dire puisque nous sommes un pays amazonien avec la Guyane, nous avons une responsabilité à prendre », a également estimé Ségolène Royal sur RMC. « Le fait d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour au sommet du G7 est important car il y a tous les sujets symboliques de la protection de la nature derrière cette question de l’Amazonie : la déforestation accélérée, la destruction des populations autochtones, une grande manifestation des femmes en Amazonie ».

Opposé à l’accord Mercosur

Avant ce fameux G7, Paris a décidé de mettre un peu plus de pression sur Brasilia. « Compte tenu de l’attitude du Brésil ces dernières semaines, le président de la République ne peut que constater que le président Bolsonaro lui a menti lors du sommet (du G20, ndlr) d’Osaka », a déclaré l’Élysée. Et estimant que « le président Bolsonaro a décidé de ne pas respecter ses engagements climatiques ni de s’engager en matière de biodiversité (…), la France s’oppose à l’accord Mercosur en l’état », poursuit la présidence française. L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), signé fin juin après 20 ans de tractations, est très critiqué, notamment par le secteur agricole ou les écologistes, qui ont décidé de boycotter l’invitation du président de la République au G7.

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La France avait conditionné sa validation de l’accord au respect par le Brésil de certains engagements environnementaux qui avaient été notamment discuté pendant le sommet d’Osaka (Japon), du G20, instance dont est membre le Brésil.