Feu-vert de l’Assemblée au budget des Outre-mer, malgré l’opposition des députés ultramarins

Feu-vert de l’Assemblée au budget des Outre-mer, malgré l’opposition des députés ultramarins

Durant l’examen du budget Outre-mer, peu de députés étaient présents, hormis au moment du vote, durant lequel les députés LaRem ont rejoint l’hémicycle pour faire voter le budget ©Facebook / Moetai Bortherson

L’Assemblée a approuvé mardi soir le budget du ministère des Outre-mer pour 2019, qui s’établit à quelque 2,5 milliards d’euros, en hausse d’environ 20% par rapport à 2018 en raison de trois dispositions en modifiant le périmètre. De nombreux députés ultramarins étaient opposés à ce projet de budget, finalement adopté avec les voix LaRem. 

L’augmentation des crédits est la conséquence de mesures techniques et fiscales : transformation du CICE en exonération de cotisations sociales (+296 millions d’euros), suppression de la TVA non perçue récupérable (+100 millions d’euros) et réforme de la réduction d’impôt sur le revenu, ou abattement fiscal pour les contribuables ultramarins (+70 millions d’euros).

Olivier Serva (LREM), rapporteur spécial, a ainsi déploré « la stagnation des crédits », tandis qu’Ericka Bareigts (PS) dénonçait une « hausse comptable », « un budget qui n’est pas en augmentation réelle ». L’ancienne ministre des Outre-mer a critiqué « une vision stéréotypée selon laquelle les Outre-mer coûtent à la France ». « 100% des marges de manœuvre dégagées par ces réformes sont restituées aux Outre-mer », avait insisté la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, lors de la présentation de son budget. Cela passera notamment par une hausse du Fonds exceptionnel d’investissement, porté à 110 millions d’euros.

Dans l’hémicycle, Annick Girardin a défendu la volonté du gouvernement d’ « agir sur l’investissement public », afin de financer des infrastructures, telles que ports ou routes, « pour que les entreprises s’implantent et se développent ».  David Lorion (LR) a jugé que si certaines mesures de financement « vont dans le bons sens », « il manque encore quelques ajustements ». « Je reconnais votre capacité d’écoute, d’ailleurs plus souvent avec le monde économique qu’avec les élus, ce que je trouve dommage », a-t-il également lancé à la ministre.

« La politique gouvernementale s’obstine à ne pas tenir compte de nos réalités », a regretté Jean Philippe Nilor (GDR), dénonçant l’ « introduction d’une solidarité inter-pauvres » entre territoires. « Vous donnez aux riches et abandonnez le peuple », a pour sa part accusé Jean-Hugues Ratenon (LFI), jugeant que « les élus d’outre-mer sont totalement déconsidérés » par le gouvernement, avant de terminer son intervention en créole. Marine Le Pen (RN) a interpellé pour sa part la ministre sur le financement du plan chlordécone, Annick Girardin répondant que « 2 à 3 millions d’euros par an » étaient affectés à la question de ce pesticide.

Un amendement adopté, émanant du gouvernement et salué par les députés, majore les crédits de la mission Outre-mer de 15 millions d’euros, afin de financer des exonérations de cotisations complémentaires pour les secteurs de la presse, de la production audiovisuelle et des transports aérien et maritime. En réponse à un autre amendement, la ministre a aussi indiqué qu’elle demanderait aux préfets dans les territoires de désigner un délégué régional illettrisme, pour « apporter des réponses spécifiques » aux Outre-mer.

Une petite vingtaine lors des débats sur le budget Outre-mer, les députés GDR Gabriel Serville et Moetai Brotherson ont regretté le peu d’intérêt de leurs collègues hexagonaux pour le sujet. « Au moment du vote 70 députés @LaREM_AN apparaissent comme par magie pour voter comme un seul homme sur un budget dont ils ne connaissent rien. Vous avez dit mépris ? », a dénoncé Gabrielle Serville. « L’État veut que nous votions le PLF outre-mer sans disposer au préalable du DPT (Document de Politique Transversale). Ce n’est pas sérieux ! C’est un manque de respect », a pour sa part fait remarquer Moetai Brotherson.

Avec AFP.