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Dans un courrier daté du début du mois d’août et adressé à la ministre de la Santé Marisol Touraine, le Président de la Polynésie française Edouard Fritch propose d’aller plus loin dans la modification de la loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires, dite Loi Morin. Il propose notamment la supression du « risque négligeable » pour une population ciblée.
« J’apprécie l’effort entamé par le gouvernement (…) pour mettre fin aux graves anomalies qui affectent le processus d’indemnisation des victimes des essais nucléaires », s’est félicité Edouard Fritch dans son courrier à la ministre de la Santé, faisant référence à la deuxième réunion du Conseil d’orientation du suivi des conséquences des essais nucléaires (COSCEN), pendant laquelle la ministre a présenté son projet de nouveau décret d’application de la loi Morin. Il poursuit, « le risque attribuable aux essais nucléaires ne peut être regardé comme négligeable lorsque, au regard des conditions concrètes d’exposition de la victime, des mesures de surveillance auraient été nécessaires ». Mesures de surveillance qui n’ont cependant pas été mises en place.
Plus particulièrement, Edouard Fritch demande à la ministre que le « risque négligeable » ne soit pas applicable aux « enfants mineurs ayant séjourné aux Gambier et à Tureia entre 1966 et 1974″, soit la période des essais aériens. Une demande réitérée à l’endroit des « personnes ayant séjourné plus de trois mois à Moruroa et Fangataufa pendant la même période ». Le Président de la Polynésie française a également demandé la revue des demandes d’indemnisation rejetées après que le nouveau décret de la ministre de la Santé soit appliqué, ce qui semble-t-il, avait été confirmé lors de la présentation du nouveau décret. Selon Tahiti-infos, il y aurait eu environ une centaine de dossiers polynésiens déposés et seuls sept d’entre eux ont eu accès à l’indemnisation. Au total, plus d’un millier de dossiers ont été déposés, pour une dizaine indemnisés. « Les demandes d’indemnisation des Polynésiens sont peu nombreuses », a-t-il constaté.
Plus loin, le Président polynésien souhaite que le gouvernement central aille plus loin dans la modification du décret, « si je comprends que la seule voie envisageable pour améliorer la situation des victimes et de leurs ayants-droits dans un délai acceptable relève du processus réglementaire, il me semble, au vu des éléments recueillis lors de la réunion du 6 juillet 2016, que la réflexion sur la modification du dispositif législatif doit également se poursuivre ». Edouard Fritch liste ensuite ses propositions à l’Etat; « prise en charge des recherches systématiques dans les archives de la Défense des informations sur la présence des victimes sur sites notamment au profit d’anciens salariés d’entreprises sous-traitantes qui ont aujourd’hui disparu, aides financières aux associations de soutien aux victimes, mise en place d’une campagne de communication, prise en charge des frais de transport pour les victimes ou les ayants-droits résidant dans les îles éloignées de Tahiti… ». Quant au décret, sa mouture finale devrait être présenté sous peu, confirme Tahiti-infos.