Essais nucléaires et statut de la Polynésie : Le terme « contribution », une « injure à la mémoire » selon l’intersyndicale polynésienne

Essais nucléaires et statut de la Polynésie : Le terme « contribution », une « injure à la mémoire » selon l’intersyndicale polynésienne

Un essais souterrain à Fangataufa

Après les associations anti-nucléaires, le parti indépendantiste Tavini Huiraatira et plus récemment, le représentant au CESC et au CESE Christian Vernaudon, c’est au tour de l’intersyndicale polynésienne de monter au créneau pour contester le terme « contribution » dans la reconnaissance du fait nucléaire en Polynésie, dont l’inscription est prévue dans la loi organique visant à modifier le statut de la Collectivité d’Outre-mer, actuellement en discussion à l’Assemblée nationale. 

Après un long débat, l’Assemblée nationale a, à l’unanimité, adopté un amendement modifiant l’écriture qui avait été proposée par le gouvernement (voir en fin d’article). 

C’est dans une lettre adressée au Président de la République et rendue publique ce jeudi 11 avril que l’intersyndicale, composée des cinq principaux syndicats de salariés en Polynésie, a fait savoir son opposition à l’inscription du terme « contribution » dans la reconnaissance du fait nucléaire. Pour rappel, le texte de loi organique portant modification du statut de la Polynésie prévoir d’inscrire, en article 1er, que « La République reconnaît la contribution de la Polynésie française à la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense de la Nation ». « Or, dès le 7 septembre 1966, lors de la visite du Général de Gaulle, le député John Teariki le rappelait au Président de la République de la meilleure façon que les Polynésiens étaient opposés à l’implantation du Centre d’expérimentation du Pacifique : « rembarquez vos troupes, vos bombes et vos avions » », écrit l’intersyndicale à Emmanuel Macron.

Dans sa lettre, l’intersyndicale rappelle la condamnation du « Metua » Pouvanaa a Oopa, « le plus illustre des parlementaires que la Polynésie ait connu », et la très récente décharge de sa mémoire par la Chambre criminelle de la Cour de Cassation. « C’est (…) une injure à la mémoire du « Metua » ainsi qu’à tous ses amis que de sous-entendre que l’on aurait pu collaborer, coopérer ou participer de quelques manières que ce soit et ce, en toute connaissance de causes aux essais nucléaires français à Moruroa et Fangataufa ». L’intersyndicale rappelle aussi le rapport du CESC du 15 novembre 2006 « dont la recommandation unique était que : « l’État reconnaisse le fait nucléaire et assume en conséquence sa pleine responsabilité » », et l’avis voté par le même CESC en décembre dernier soulignant que « la Polynésie n’a jamais revendiqué la reconnaissance de sa contribution ».

Pour remplacer la version proposée par le gouvernement et actuellement discutée à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du texte de loi organique visant à modifier le statut d’autonomie de la Polynésie, l’intersyndicale propose la version suivante : « La République reconnait que la Polynésie française a joué un rôle majeur dans la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense de la Nation ».

MAJ: 

L’Assemblée nationale a adopté l’amendement numéro 19 au texte de loi organique portant modification du statut de la Polynésie a été adopté à l’unanimité. Cet amendement, déposé par la députée de Polynésie Maina Sage, modifie le terme « contribution » par « mise à contribution ». Il a été adoptée après un débat sur le sens du terme « contribution » : l’ensemble des députés présents, une vingtaine, ont fait part de leurs réserves à l’emploi du terme « contribution ». La ministre des Outre-mer Annick Girardin a finalement accepté de retenir l’écriture proposée par l’amendement de la députée Maina Sage.

La rédaction de l’article 1er du texte de loi organique portant modification du statut de la Polynésie sera donc : « La République reconnaît la mise à contribution de la Polynésie française à la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense de la Nation ». C’est la première fois que le fait nucléaire sera inscrit dans le statut de la Polynésie.